EPR de Flamanville: le couvercle de la cuve au cœur d'une semaine cruciale

  • AFP
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Le couvercle de la cuve de l'EPR de Flamanville concentre désormais les doutes, alors qu'un groupe d'experts doit donner ce mardi son avis sur la conformité de la cuve, avant une première décision du gendarme du nucléaire attendue dans la semaine.

Les jours qui viennent sont cruciaux pour Areva, constructeur de la cuve, et pour EDF, exploitant de l'EPR de Flamanville (Manche), depuis la révélation fin 2014 d'anomalies sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de cette cuve, élément clé pour la sûreté d'un réacteur.

Si l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a le dernier mot, elle a saisi le groupe permanent d'experts pour les équipements sous pression nucléaire (GP-ESPN), qui doit dire ce mardi si la cuve est suffisamment résistante malgré ses défauts de fabrication. Pour rendre leur avis, les 31 experts (société civile, représentants des industriels, chercheurs, etc.) étudient notamment un rapport technique rédigé par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Selon ce rapport, que l'AFP a pu consulter, l'inquiétude majeure réside dans le couvercle de la cuve, alors que l'aptitude du fond n'est pas totalement remise en cause. Sans des contrôles approfondis et réguliers tout au long du fonctionnement du réacteur, "l'aptitude au service du couvercle actuel de la cuve (...) n'est pas acquise de manière pérenne", pointe le rapport. Il ajoute qu'"EDF n'est actuellement pas en mesure de mettre en oeuvre" les contrôles nécessaires et que, si cette situation n'était pas résolue, l'utilisation du couvercle actuel "ne saurait être envisagée au-delà de quelques années de fonctionnement".

Remplacer le couvercle ?

En d'autres termes, mais ce sera à l'ASN de conclure en ce sens dans sa décision finale, attendue à l'automne après consultation publique, EDF pourrait avoir à remplacer le couvercle de la cuve de l'EPR. "L'avis (du groupe d'experts) ne porte que sur le caractère rédhibitoire ou non de la dégradation mécanique. La décision finale (de l'ASN) doit aussi prendre en compte la possibilité, qui existe, de réparer" la cuve ou certains de ses éléments, précise ainsi à l'AFP un membre du groupe d'experts.

On est loin de la confiance assénée depuis deux ans par EDF et Areva, qui assuraient que l'aptitude de la cuve, installée à Flamanville depuis 2013, serait pleinement démontrée. Fin mai, le directeur du chantier Bertrand Michaud se disait "confiant dans le fait que la cuve (...) sera déclarée bonne pour le service". Il craignait plus une demande de changement du fond de la cuve, soudé, que du couvercle.

Le changement d'un couvercle, quoique complexe, ne serait pas une mesure inédite. EDF l'a déjà fait sur plusieurs réacteurs du parc français par le passé, et d'autres réparations similaires ont également eu lieu dans d'autres pays. "Cela ne pose pas de problème technique", indique un expert, qui ajoute qu'en général cela se fait lors d'une révision importante d'une centrale. En revanche, la procédure, depuis la commande d'un nouveau couvercle, à son installation, en passant par sa fabrication, prendrait plusieurs années. Contactés par l'AFP, EDF et Areva n'ont pas souhaité réagir.

« Scandaleux » pour Sortir du nucléaire

Pour EDF, ce serait un moindre mal car, si l'ASN ne l'imposait pas avant le démarrage de l'EPR, cela n'empêcherait pas l'électricien de démarrer le réacteur fin 2018, avant une mise en service commerciale courant 2019, alors que ce chantier colossal a déjà plusieurs années de retard et un coût qui a triplé, à 10,5 milliards d'euros.

Pour Areva, l'enjeu n'est pas moindre, puisque la Commission européenne a subordonné à un avis positif de l'ASN son feu vert à la recapitalisation du groupe, en grande difficulté, prévue au troisième trimestre de cette année. Mais un tel compromis fait hurler les associations anti-nucléaires. "Areva n'a pas forgé cette cuve selon les règles de l'art, il serait grotesque et scandaleux qu'on essaie de démontrer que ça passe quand même", a expliqué à l'AFP Charlotte Mijeon, porte-parle du Réseau sortir du nucléaire.

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