L'ONU autorise des inspections sur des bateaux au large de la Somalie

  • AFP
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Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé vendredi une résolution autorisant les inspections de navires au large de la Somalie soupçonnés de transporter du charbon exporté par les islamistes shebab pour se financer.

Car, selon un rapport du Groupe de contrôle de l'ONU sur la Somalie et l'Erythrée publié ce mois-ci, un tiers des 250 millions de dollars tirés du commerce du charbon somalien va directement dans les poches des shebab, des insurgés liés à Al-Qaïda.

La résolution proposée par le Royaume-Uni a été adoptée par 13 des 15 membres du Conseil de sécurité. La Russie et la Jordanie se sont abstenues, mais ne se sont pas opposées au texte qui prévoit un renforcement de l'embargo sur le charbon.

La Jordanie estime que la résolution, qui permet des inspections dans les eaux territoriales somaliennes et en haute mer, ouvre la porte à toutes sortes d'abus et pourrait être utilisée à des fins politiques dans la Corne de l'Afrique.

La Russie quant à elle a mis en doute les conclusions du rapport du Groupe de contrôle.

L'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant pense que les inspections répondent à la demande du gouvernement de Mogadiscio d'assécher l'une des principales sources de financement des shebab.

"Le commerce du charbon permet aux shebab de subsister", a déclaré l'ambassadeur à ses homologues.

"Le Royaume-Uni est convaincu que les dispositions contenues dans cette résolution empêcheront que des abus aient lieu", a poursuivi le diplomate.

Selon M. Lyall Grant, les pays qui seront amenés à conduire ces inspections devront en référer au gouvernement somalien, qui en informera le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, chargé, à son tour, d'en faire part aux pays membres des Nations unies.

L'embargo sur les armes et le charbon auquel la Somalie est soumise a été mis en place en 2012, mais l'an dernier, le Conseil l'a assoupli pour permettre au gouvernement de s'armer pour faire face aux insurgés.

Mais, soulignait le rapport du Groupe de contrôle, depuis cette levée partielle de l'embargo, des armements et des munitions destinés à l'embryon d'armée nationale somalienne sont "détournés vers des marchés aux armes de Mogadiscio".

Selon ce document, certaines de ces armes ont été retrouvées sur au moins un marché où les islamistes se fournissent en armement.

La résolution adoptée vendredi demande également au gouvernement somalien de fournir au Conseil de sécurité la liste complète des armes qu'il a reçues depuis l'assouplissement de l'embargo.

La Somalie est privée de gouvernement central effectif depuis la chute du régime du président autoritaire Siad Barre en 1991. Le pays est depuis en état permanent de guerre civile, livré aux milices de chefs de guerre, aux gangs criminels et aux groupes islamistes.

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