Prix du CO2: des experts français contre une taxe nationale sur tout le secteur électrique

  • AFP
  • parue le

Appliquer un prix plancher du carbone sur tout le secteur de la production d'électricité en France ferait peser un risque sur la sécurité d'approvisionnement, selon un rapport d'experts dévoilé lundi, qui plaident plutôt pour des mesures concentrées sur le charbon.

La ministre de l'Environnement Ségolène Royal a confié en avril une mission sur le prix du carbone au président d'Engie Gérard Mestrallet, à l'économiste Alain Grandjean, et à l'ancien ministre Pascal Canfin, expert du climat et directeur du WWF France. Dans leur rapport final présenté lundi, ils préconisent de pénaliser en France les centrales à charbon, moyen de production le plus émetteur en gaz à effet de serre.

Leur objectif est ainsi de "privilégier la substitution de la production d'électricité au charbon par une production au gaz". La France compte actuellement 13 centrales à gaz et quatre centrales à charbon. Concrètement, cette taxe pourrait prendre la forme soit d'une norme technique d'émissions de gaz à effet de serre appliquée aux centrales électriques, soit d'une taxe "différenciée", dont le niveau dépendrait du rendement de chaque centrale à charbon.

Dans cette deuxième option, l'idée serait d'"intégrer un niveau de prix du carbone équivalent à 30 euros par tonne de CO2", précise le rapport, dans la fourchette de ce qu'avait envisagé le gouvernement. Fin avril, le président de la République François Hollande avait annoncé que la France allait mettre en place unilatéralement un prix plancher pour la tonne de carbone dans le secteur de la production électrique. Mais dans leur rapport, les auteurs écartent donc l'idée d'une taxation des centrales à gaz.

Etudiant l'hypothèse d'une taxe "uniforme" sur tout le secteur électrique, ils estiment que cela va "renchérir le coût de l'électricité d'origine fossile produite dans le pays", et entraîner l'augmentation des importations de courant venues du reste de l'Europe. En conséquence, les centrales à gaz françaises tourneront au ralenti et certaines pourraient même être arrêtées ou fermées, entrainant "une augmentation du risque de défaillance du système électrique français".

Par ailleurs, une telle taxe augmenterait de 5 à 10% les prix de gros de l'électricité par rapport à leur niveau de 2015, pénalisant les industries électro-intensives, prévient le rapport.

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