Rénovation énergétique: investir massivement est possible et rentable selon le collectif « Rénovons ! »

  • AFP
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Seul un "grand plan" de rénovation énergétique des logements, dans lequel l'État injecterait 36 milliards d'euros d'investissement public d'ici 2025, permettrait de rénover les 7,4 millions de logements privés considérés comme des "passoires énergétiques" en France, affirme une étude publiée mardi par le collectif "Rénovons!".

Celui-ci réunit des associations sociales et environnementales - Fondation Abbé Pierre, Secours Catholique, CLER-Réseau pour la transition énergétique, Réseau Action Climat, Soliha - et la société Effy de conseil en efficacité énergétique. La France n'atteindra pas les objectifs de la loi pour la transition énergétique et la croissance verte sans un plan ambitieux de rénovation des logements les plus énergivores - à l'étiquette Énergie F ou G -, constate leur étude.

Faire sortir de la précarité énergétique 2,5 millions de ménages d'ici à 2025, soit plus de la moitié des ménages touchés, est à la fois "possible" et "rentable", disent-ils, à condition d'investir environ 80 milliards d'euros d'ici 2025. Plus de la moitié viendrait du secteur privé -les travaux réalisés par les propriétaires occupants ou bailleurs - l'État apportant de son côté 4 milliards d'euros par an de 2017 à 2025, soit 36 milliards. Selon l'étude, cet investissement public sera "intégralement récupéré dès 2043" grâce aux recettes fiscales et économies générées par l'activité et l'amélioration du niveau de vie des ménages.

Ce plan permettrait de réaliser 3,5 milliards d'euros d'économies annuelles sur la facture énergétique des ménages, soit 512 euros en moyenne par ménage et par an. Le niveau actuel des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur résidentiel serait réduit de 12,5% à partir de 2026.

En outre, 126 000 emplois nets seraient créés sur la période 2017-2025 tandis que 758 millions d'euros seraient économisés par an, pour le système de soins, estime "Rénovons!", s'appuyant sur l'étude "L'impact de la précarité énergétique sur la santé" réalisée en 2013 par la Fondation Abbé Pierre. Mais les conditions d'un plan massif de rénovation ne sont pas réunies, constate l'étude: les moyens financiers sont insuffisants, le tissu artisanal est sous-développé, la main-d'oeuvre n'est pas assez formée et le programme d'aides public "Habiter Mieux" peine à monter en charge.

Pour les ménages les plus modestes, le reste à charge, que l'étude juge "supportable" grâce aux aides publiques, n'est pas négligeable: 4 400 euros sur 21 000 euros de travaux, pour une famille avec deux enfants aux ressources inférieures à 16 500 euros annuels. C'est plus du quart des revenus annuels de ce ménage, une dépense "compensée par l'économie sur les factures d'énergies au bout de 6 ans", afin de faire passer sa maison de 93 m2 de la classe énergétique G à D.

La loi pour la transition énergétique prévoit l'élimination des passoires énergétiques à horizon 2025, 500 000 rénovations "performantes" par an dès 2017 et une baisse de la précarité énergétique de 15% à horizon 2020, rappelle l'étude. Le rythme actuel -288 000 rénovations performantes par an et une baisse de la précarité énergétique de 5% en 2020 - est très éloigné des objectifs. Par ailleurs, il n'existe pas de suivi national précis du parc de logements et de la rénovation énergétique, déplore le collectif.

Commentaires

Finzi

Au delà de la réduction des passoires énergétiques, il serait temps de s'attaquer aux systèmes producteurs de chaleur collectifs tel les chaudières au fioul... quid du financement du remplacement général de toutes ces sources d'émissions de CO2 à l'échelle nationale ? Je n'ai rien vu à ce propos et je suis très inquiet de ce manque. Faut-il rappeler que les engagements pris par la COP21 servent à réduire les émissions de CO2 ?

Adrien Rosi

Précision d'importance, le nombre de rénovations énergétiques réalisées chaque année est de 108 000 si l'on prend en compte les critères de performance du scénario "Facteur 4". La catégorie des rénovations "Performantes" prend en compte les interventions sur seulement deux des cinq postes de déperdition, ce qui est bien trop faible.

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