Baisse des prix du pétrole : aubaine économique, défi écologique

  • Source : Terra Nova

Entre début juin 2014 et mi-janvier 2015, le prix du baril de pétrole Brent a diminué de 55%, sous l’effet d’un « choc d’offre » par rapport à la demande mondiale. Dans cette étude publiée le 12 mai, le think tank Terra Nova s’applique à rappeler les déterminants de cette chute des cours et surtout à en montrer les conséquences économiques contrastées entre pays producteurs et pays consommateurs.

Certains pays producteurs sont mis en grande difficulté par la chute des cours, en particulier ceux ne disposant pas de fonds souverains qui permettent une diversification des recettes. Il est estimé qu’une baisse de 10% du prix du pétrole peut conduire à une chute de PIB l’année suivante allant de 0,8% à 2,5% pour ces pays. Des mesures compensatrices sont alors nécessaires : l’Indonésie a par exemple supprimé ses subventions sur l’essence au 1er janvier 2015.

En revanche, Terra Nova estime que le niveau des cours pétroliers pourrait entraîner une économie d’environ 26 milliards d’euros pour la France en un an du fait de la baisse du coût des importations. Cet effet serait susceptible de se propager à l’économie entière avec une possible augmentation du PIB en corrélation avec la baisse actuelle des cours d’environ 0,4 point d’ici 2 à 3 ans (estimation sur la base du modèle macroéconomique MESANGE).

Terra Nova appelle les pouvoirs publics à profiter des prix du pétrole bas pour adopter des mesures en faveur de la transition énergétique afin que celle-ci ne soit pas freinée par l’évolution actuelle des cours. Le think tank recommande entre autres le renforcement de la composante carbone intégrée dans la TICPE : il plaide en faveur d’une taxe de 30 € par tonne de CO2 émise en 2016 (la taxe prévue en 2016 est de 22 € par tonne dans la loi de finances), avec une cible de 100 €/t de CO2 à l’horizon 2030.

Terra Nova propose également un rééquilibrage de la fiscalité entre essence et diesel (avec une majoration de la TICPE de 2,4 centimes par litre pour ce carburant), la création d’un « fonds vert » alimenté par une partie des recettes de l’État réalisées grâce à la baisse des cours ou encore un affinage du système de bonus-malus écologique pour l’achat de véhicules.

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