L’après-Kyoto de nouveau en question à Durban

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Négociations climat Durban

Les négociations de Durban visent entre autres à préparer un nouveau cadre contraignant de réduction des émissions anthropiques de GES. (©photo)

La 17e Conférence des Parties (appelée « COP 17 ») à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) s’ouvre aujourd’hui à Durban, en Afrique du Sud. Les négociations pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) se poursuivront jusqu'au 9 décembre dans la lignée du sommet de Cancun 2010.

Rappel du contexte

Adoptée en 1992 au sommet de la Terre à Rio de Janeiro(1), la CCNUCC est le cadre d’action de lutte contre le réchauffement climatique initié par l’ONU. Elle ne fixe pas d’objectifs juridiquement contraignants et prône un principe de précaution, à savoir éviter les émissions anthropiques potentiellement liées au changement climatique. Cette convention réunit 195 Parties qui se rencontrent annuellement depuis 1995 lors de Conférences des Parties (dites CdP ou « COP » en anglais). Elles y actent leurs principaux points d'accord, comme à Copenhague en 2009, Cancun l’an dernier et Durban cette année.

Le Protocole de Kyoto est signé en 1997, à l’occasion de COP 3. Il s’agit d’un traité fixant aux pays industrialisés et aux pays en transition économique (Parties visées à l’annexe I de la CCNUCC) des objectifs différenciés d’émission de GES. Dans ce cadre, l’Union européenne s’est engagée à diminuer ses émissions des 6 gaz à effet de serre considérés de 8% entre 2008 et 2012 par rapport aux niveaux de 1990(2).

Des engagements contrastés

Les Etats-Unis ont signé mais jamais ratifié le protocole de Kyoto, malgré l’intention annoncée de réduire leurs émissions de 7%. De leur côté, la Chine, l’Inde et le Brésil ne sont soumis à aucune contrainte de réduction des émissions de GES en tant que pays en développement.

Ces quatre pays émettent pourtant près de la moitié des gaz à effet de serre de la planète (48% des émissions totales de CO2 dues aux combustibles en 2009 selon l’AIE)(3). Le Japon, la Russie et le Canada refusent, à ce titre, de poursuivre leurs efforts de réduction après 2012 dans un cadre qui ne s’applique pas à la Chine et aux Etats-Unis.

L’Union européenne fait preuve de volontarisme, à l’image du système communautaire d’échange de quotas d’émissions mis en place (SCEQE), tandis que des Etats dépendants du charbon et du pétrole comme la Bolivie freinent l’instauration d’un futur cadre contraignant pour la période 2012-2020(4).

Durban : des perspectives limitées

A Durban, les Européens espèrent poser les bases d’un après-Kyoto à travers un futur cadre juridique contraignant à l’horizon 2020 engageant les Etats-Unis. L’émissaire américain pour le climat, Todd Stern, juge quant à lui qu’un tel accord est impossible s’il ne s’applique pas à toutes les principales économies.

La perspective d’un Kyoto 2 reste ainsi éloignée et soumise à de nombreuses conditions, comme l’entrée de la Chine dans le processus de Kyoto.

Les négociations en Afrique du Sud devraient a priori se concentrer plus modestement sur la période 2012-2020 et la consolidation des accords de principe de Cancun 2010, entre autres :

  • le développement d’un Fonds Vert de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, pour aider les pays en voie de développement à lutter contre les changements climatiques et la déforestation ;
  • la création d’un Mécanisme de technologie pour promouvoir l'énergie propre et les nouvelles technologies (déploiement du captage-stockage de CO2 à préciser);
  • la précision de l’objectif fixé à Copenhague en 2009 de limitation de l’augmentation de la température à 2°C d’ici à 2010.

Contrairement au sommet de Copenhague, aucun grand chef d’Etat n’est cependant attendu à Durban.

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