Les nouvelles perspectives du photovoltaïque en France

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Centrale photovoltaïque Cestas

Avec 300 MWc de capacité installée, la centrale de Cestas est la plus puissante centrale photovoltaïque d’Europe. (©Neoen)

Le think tank France Territoire Solaire a diffusé ce matin la 21e édition de son Observatoire de l’énergie photovoltaïque en France. Il y déplore le faible volume de nouvelles capacités solaires photovoltaïques raccordées dans l’hexagone en 2016. Cette situation devrait toutefois rapidement s’inverser.

2016, « grand millésime » à l’international, pas en France

En 2016, la puissance cumulée des nouvelles installations photovoltaïques raccordées dans le monde a atteint près de 71 GW selon l’Irena, soit près de 9% de plus qu’en 2015 (+ 51 GW). Le think tank France Territoire Solaire, qui diffuse différentes données et propositions afin de favoriser le développement de l’énergie solaire en France, qualifie cette année de « très grand millésime » au niveau mondial.

En France, le constat est bien moins « brillant » pour la filière : avec 551 MW raccordés en 2016 (hors ELD)(1), le volume des nouvelles capacités photovoltaïques raccordées a diminué de 35% en 2016 par rapport à 2015 et atteint son plus bas niveau depuis 2010.

Selon Antoine Huard, président de France Territoire Solaire, cette baisse des capacités photovoltaïques raccordées en France en 2016 est principalement due à différents éléments structurels : effets de l’instabilité réglementaire en 2013 et 2014, publication retardée d’appels d’offres et « peut-être les prémices du développement de l’autoconsommation n’apparaissant pas dans les statistiques de raccordement ».  

Il convient par ailleurs de tempérer la baisse des raccordements photovoltaïques en 2016 par un « événement exceptionnel » survenu fin 2015, rappelle Xavier Daval, président de la commission SOLER du Syndicat des énergies renouvelables (SER) : l’inauguration de la plus puissante centrale photovoltaïque d’Europe à Cestas (300 MWc).

Une réelle visibilité en 2017 grâce à la multiplication des appels d’offres

En 2017, « la donne a changé » pour Xavier Daval qui salue le « travail de fond » effectué par le gouvernement pour apporter une visibilité réelle à la filière photovoltaïque à travers de nombreux appels d’offres aux procédures simplifiées : centrales au sol, sur bâtiments, installations solaires « innovantes » ou en autoconsommation, etc.

L’appel d’offres « CRE4 » portant sur les centrales photovoltaïques au sol et les ombrières de parking apporte par exemple à la filière une visibilité sur 3 ans (pour un volume total de 3 000 MW). En mars 2017, le ministère en charge de l’énergie a désigné 79 lauréats pour la première période de cet appel d’offres (500 MW de puissance cumulée).

Pour les installations au sol de 5 à 17 MWc, le prix moyen de l’électricité garanti (via le dispositif de complément de rémunération) sera de 62,5 €/MWh(2), un niveau qui témoigne des très fortes baisses des coûts de production de la filière.

Un tremplin vers l’international

En 2016, l’énergie solaire a généré 8,3 TWh soit 1,6% de la production brute d’électricité en France cette année-là selon RTE. Le gestionnaire de réseau souligne que la production électrique photovoltaïque a atteint des niveaux records en juillet et août 2016 (production mensuelle supérieure à 1 TWh) grâce à un bon ensoleillement.

Rappelons que les données de puissance ne doivent pas être confondues avec celles de production en raison des différents facteurs de charge d’un site à un autre : une unité de production électrique de 2 MW ne produira pas la même quantité d’électricité selon la source d’énergie exploitée (intermittente ou non), sa localisation (plus ou moins ensoleillée par exemple) ou encore son niveau d’utilisation (phases de maintenance)(3).

Se pose ici la question cruciale du stockage de l’électricité et de son coût, enjeu qui ne se limite pas à la filière photovoltaïque. Pour Xavier Daval, l’électricité « fatale » que des panneaux solaires peuvent produire en l’absence de besoins simultanés, ne constitue pas un point bloquant : le développement de la filière dépasse pour lui le cadre du « microcosme français » et les besoins urgents d’accès à l’énergie dans des régions à électrifier peuvent être rapidement satisfaits à bas coûts grâce à des installations photovoltaïques.

A quelques jours du 2e tour de l’élection présidentielle, le président de la commission SOLER du SER attend du futur président qu’il poursuive le soutien au marché photovoltaïque domestique pour crédibiliser ainsi les acteurs français du photovoltaïque allant conquérir des marchés à l’international. Pour rappel, la PPE fixe pour objectif d’augmenter la capacité solaire photovoltaïque installée en France continentale à 10,2 GW en 2018 et de la porter entre 18,2 et 20,2 GW d’ici 2023 (contre 6,7 GW à fin 2016(4)).

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