Livre blanc des énergies renouvelables : quelles pistes pour 2020 ?

parue le
Livre blanc des énergies renouvelables
Part des EnR dans la consommmation d'énergie finale en France : situation fin 2010 et objectif du Livre blanc (©SER)
 
 

Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) qui rassemble les industriels des différentes filières alternatives a présenté, le 19 janvier, son Livre blanc pour 2020. Agrémentée de projections pour 2030, cette feuille de route pour le développement des énergies renouvelables en France s’adresse notamment aux candidats à l’élection présidentielle. Voici les grandes axes du Livre blanc.

Objectif 25% renouvelables en 2020

Fin 2010, les énergies renouvelables (ou EnR) couvrent 13% de la consommation d’énergie finale en France contre 9,8% en 2006(1). Dans le cadre du Paquet Energie-Climat, la France est engagée à porter cette proportion à 23% d’ici à 2020. Le SER propose un objectif de 25% à cet horizon. En suivant le Livre blanc qu’il propose, le syndicat estime que la part des énergies renouvelables pourrait atteindre au moins 34% de la consommation d’énergie finale française en 2030.

Concrètement, la feuille de route du SER table sur un développement global de toutes les filières renouvelables, en accentuant notamment l’effort de croissance des énergies éolienne et solaire photovoltaïque :

  • énergie éolienne : le SER parie sur un parc éolien terrestre d’une puissance cumulée de 40 000 MW, soit 40 GW en 2030 (puissance installée de 5,6 GW en 2010). Cela représenterait près de 11 250 éoliennes installées sur le sol français, dans l’hypothèse d’une puissance moyenne de près de 3,5 MW par éolienne. En offshore, le gouvernement s’est engagé à déployer 6 GW d’éoliennes sur les côtes françaises d’ici à 2020, par le biais d’un grand appel d’offres organisé en deux tranches. Le SER appelle à poursuivre le déploiement de ce parc avec un objectif de 15 GW installés en 2030, notamment grâce au développement de l’éolien flottant au large ;
  • énergie solaire : le SER demande à inscrire 20 000 MW, soit 20 GW en 2020 dans la Programmation Pluriannuelle des Investissements (PPI). Cela équivaut à 20 fois la puissance photovoltaïque installée en 2010.

Si la feuille de route proposée par le SER est suivie, l’essor des énergies renouvelables envisagé à l’horizon 2020 semble assez réaliste. Notons qu’il pose des objectifs à court terme, contrairement aux scénaristes négaWatt qui souhaitent que les énergies renouvelables constituent 91% des ressources énergétiques en 2050.

49 outils pour les politiques

Le SER insiste sur la visée politique de son Livre Blanc qui vise notamment à interpeller les candidats à l’élection présidentielle. La feuille de route sera d’ailleurs présenté en présence de plusieurs d’entre eux ou de leurs représentants le 7 février prochain à la Maison de l’Unesco.

Dans une première partie(2), il est rappelé que les énergies renouvelables couvrent 16% de la consommation d’énergie finale dans le monde en 2009. En 2010, celles-ci font l’objet de plus de 200 milliards de dollars d’investissements dans le monde. Leur production (chaleur et électricité) connaît des taux de croissance annuels supérieurs à 30%. Le Livre blanc met en exergue l’intérêt économique du développement des filières EnR pour la France. Il prévoit la création de 125 000 emplois supplémentaires (100 000 personnes travaillent actuellement dans ce secteur) et un solde positif de la balance commerciale de 3,4 milliards d’euros en 2020.

Dans la seconde partie, le SER présente 12 propositions telles que « déployer l’éolien en mer et les énergies marines » ou « faciliter l’accueil des énergies renouvelables sur les réseaux électriques ». Celles-ci sont déclinées en 49 outils, parmi lesquels :

  • la suppression de la règle des 5 éoliennes minimum par parc pour bénéficier de l’obligation d’achat de la production électrique ;
  • la simplification de la procédure pour réaliser des projets utilisant les énergies marines ;
  • la définition de zones propices au développement de l’hydroélectricité pour créer de nouveaux ouvrages ;
  • le doublement de la dotation annuelle du Fonds Chaleur renouvelable (actuellement 250 millions d'euros par an), outil de subvention du Grenelle Environnement(3).

En plus du volontarisme politique nécessaire à la mise en œuvre de ce Livre blanc, il reste la problématique d’acceptabilité locale qui peut constituer un frein. Selon une étude BVA/Ademe de 2011, 96% des Français interrogés se déclarent favorables au développement des EnR en France. Mais si 80% des personnes sont encore favorables au développement des éoliennes dans le principe, la proportion baisse à 61% lorsqu’il s’agit d’installer lesdites éoliennes à moins d’1km de chez elles.

Pour consulter l'intégralité du Livre blanc, cliquez ici.

Sources / Notes

(2) Partie intitulée « Stimuler la dynamique industrielle française face aux défis de la transition énergétique mondiale »

(3) Dispositif financier piloté par l’Ademe qui alloue des aides aux entreprises ou collectivités qui s’équipent de systèmes de production de chaleur utilisant les EnR ou valorisant la chaleur de récupération.

Sur le même sujet