Démantèlement des centrales nucléaires: l'ASN regrette un manque d'information d'EDF

  • AFP
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EDF n'a pas fourni suffisamment d'informations à ce jour à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur la manière dont il envisage le démantèlement de ses centrales nucléaires en France, a regretté mercredi son président Pierre-Franck Chevet.

"Entre les trois exploitants (d'installations nucléaires civiles, à savoir EDF, Areva et le CEA, ndlr), celui sur lequel on a le moins d'éléments techniques pour porter un jugement sur la nature des opérations futures, sur leur faisabilité, sur leur crédibilité y compris en terme de calendrier, c'est clairement EDF", a constaté le président de l'ASN, devant la Commission du développement durable de l'Assemblée nationale.

Et le président de montrer successivement le dossier fourni par EDF pour la stratégie de démantèlement de son parc de 58 réacteurs, puis celui fourni par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) pour ses sites, visiblement trois fois plus épais.

Pour évaluer le coût du démantèlement de son parc nucléaire, EDF extrapole l'ensemble des sites les charges estimées pour une centrale équipée de quatre réacteurs (méthode Dampierre, du nom de la centrale située dans le Loiret). "Quand on se pose des questions sur, « concrètement c'est quoi la méthode Dampierre ? », on n'a pas d'information ni sur la chronique, ni sur la nature des opérations qui sont prévues, leur séquencement, et donc (...) on a une difficulté", explique M. Chevet.

L'ASN doit rendre cette année un avis sur la stratégie de démantèlement prévue par EDF. M. Chevet a toutefois validé l'argument d'EDF selon lequel le groupe prévoit des économies d'échelles découlant d'un effet de série lié à la standardisation du parc nucléaire français.

"J'en suis totalement convaincu", a-t-il dit, alors qu'un rapport parlementaire rendu public début février sur le démantèlement des centrales françaises s'étonnait d'un tel argument. Le président de l'ASN a cependant estimé que ces gains d'échelle étaient "difficiles à mesurer" étant donné le dossier "relativement léger" fourni par EDF.

Selon le rapport parlementaire, EDF estimait à fin 2015 à 75 milliards d'euros les charges brutes pour le démantèlement de l'ensemble de son parc en activité, composé de 58 réacteurs à eau pressurisé, auxquels s'ajoutent neuf installations en cours de démantèlement. De son côté le groupe évalue plutôt à 60 milliards d'euros environ les coûts de déconstruction des derniers coeurs de réacteurs et de gestion à long terme des déchets radioactifs (dont le projet de stockage en profondeur Cigeo).

Commentaires

FLUCHERE

Ce n'est pas à l'épaisseur d'un dossier que l'on juge la qualité des informations qu'il contient!
EDF doit démanteler, 6 tranches à uranium naturel refroidies au gaz et modérées au graphite. En l'absence d’exutoire pour stocker le graphite, exutoire dont l'ANDRA à la charge, la déconstruction a concerné pour ces 6 tranches, la partie conventionnelle et les annexes au fonctionnement du réacteur, turbosoufflantes, sorties vapeur et entrées d'eau pour obturer les orifices des caissons et garantir leur étanchéité
La déconstruction de Superphénix est largement avancé. Tout le sodium a été traité et et stocké sur le site sous forme de soude dans des fûts de béton. La déconstruction des cuves va pouvoir être engagée après un nettoyage destiné à enlever toute les traces de sodium solidifiées. Pour cette déconstruction prématurée, les délais annoncés sont respectés.
Pour les 58 tranches à eau pressurisée, EDF dispose du retour d'expérience de la déconstruction en cours de la centrale de Chooz A dans les Ardennes. Cette déconstruction est bien avancée et respecte les coûts et les délais. EDF dispose également du retour d'expérience de la déconstruction aux USA de deux réacteurs en touts points semblables à ceux d'EDF. Il s'agit des centrales de Maine Yankee et de Yankee Rowe qui sont complètement déconstruite pour un coût de 500 millions de $. Mais la question de la déconstruction des tranches du parc actuel n'arrivera qu'à l'horizon 2040 après une durée d'exploitation de 60 ans. Et d'ici là la robotique de la déconstruction aura beaucoup avancé ce qui sera de nature à réduire les coûts
Quant à la méconnaissance de la méthode Dampierre, il est surprenant que l'ASN ne la connaisse pas car elle a été abondamment utilisée par la Cour des Comptes en 2011 pour son rapport de 2012 sur les coûts du nucléaire. Monsieur Chevet, lui même, ne la connaît peut-être pas mais elle est connue dans ses services.

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