De Rosneft à Gazprom, la Russie compte sur l’énergie

parue le
Rosneft et Gazprom

La Russie est le 2e plus gros producteur de gaz et de pétrole dans le monde (©photo)

Avec l’annonce du rachat de TNK-BP par Rosneft et la mise en exploitation d’un important gisement gazier par Gazprom, la Russie occupe cette semaine une place centrale dans l’actualité énergétique mondiale. Le Kremlin n’est pas étranger à ces événements qui lui permettent de renforcer un secteur géostratégique majeur.

Rosneft : 61 milliards de dollars pour devenir un géant pétrolier

La société pétrolière Rosneft a annoncé, lundi dernier, un accord de principe conclu avec BP pour racheter les 50% de parts du groupe britannique dans l’entreprise TNK-BP. Fondée en 2003, cette dernière était jusqu’ici codétenue par BP et le consortium russe Alfa-Access-Renova (AAR). Elle est principalement orientée vers la production de pétrole mais dispose également d’un réseau de 1 388 stations-service. En 2011, elle a produit en moyenne près de 2 millions de barils de pétrole par jour, soit approximativement 19% de la production nationale russe. Grâce à ce rachat, Rosneft devrait devenir le premier producteur mondial de brut côté en bourse, devant PetroChina et ExxonMobil (mais loin derrière la société nationale Saudi Aramco).

Selon l’accord conclu, BP devrait recevoir 17,1 milliards de dollars ainsi que 12,84% des parts de Rosneft qui s’ajoutent aux 1,25% déjà détenues par le groupe britannique. En sus, il est prévu que la holding publique Rosneftegaz lui vende 600 millions d’actions supplémentaires représentant 5,66% du capital de Rosneft, au prix de 8 dollars par action. Cela permettrait à BP de porter sa part dans le capital de Rosneft à 19,75%. Parallèlement, Rosneft a convenu avec le consortium AAR de racheter les parts restantes de TNK-BP pour 28 milliards de dollars. En définitive, le coût global du rachat de TNK-BP est estimé par Rosneft à 61 milliards de dollars, soit près de 47 milliards d’euros.

Cette opération ne se limite toutefois pas à une transaction financière, aussi importante soit-elle(1). Elle est également perçue comme une forme de renationalisation, le groupe Rosneft étant détenu à plus de 75% par l’État russe (via Rosneftegaz). Cette année, une commission pour le développement stratégique de l’énergie a été mise en place par Vladimir Poutine afin de préserver les intérêts du secteur énergétique. Le président du conseil d’administration de Rosneft, Igor Setchine, en est le secrétaire général.

Gazprom : 115 milliards de m3 par an pour rester le géant gazier

Gazprom, première entreprise russe, a officialisé mardi la mise en exploitation du gisement de Bovanenkovskoïe dans la péninsule de Yamal (nord du pays). Le premier producteur gazier dans le monde entend extraire 46 milliards de m3 de gaz de ce gisement dès 2013 et 115 milliards de m3 en 2017, soit l’équivalent de 22,4% de la production actuelle du groupe.

La mise en exploitation de ce champ avait dans le passé été reportée en raison de la crise économique. Gazprom entend aujourd’hui bénéficier de l’immense potentiel dont dispose la péninsule de Yamal : ses réserves sont estimées par le groupe à 22 000 milliards de m3 de gaz(2), soit l’équivalent de 10,6% des réserves mondiales prouvées.

Des analystes signalent toutefois un risque de surcapacité de l’appareil de production russe, à l’heure où les ventes de Gazprom subissent sur les marchés une concurrence croissante (notamment due à l’exploitation des gaz de schiste et au transport de gaz sous forme de GNL). Dirigé par Alexei Miller, ancien vice-ministre russe en charge de l’énergie, le groupe Gazprom est placé sous la protection du Kremlin. Mi-septembre, un décret officiel a fixé l’obligation d’obtenir l’accord du pouvoir exécutif pour toute communication d’informations sur les activités d’entreprises dites « stratégiques » opérant à l’étranger comme Gazprom. La Russie considère toujours le secteur énergétique comme la pierre angulaire de son économie et entend bien garder ses deux géants sous tutelle.

Sur le même sujet