Nord Stream 2 : garder la tête froide

  • Source : Ifri

En 2015, la production domestique de gaz naturel de l’Union européenne a diminué de 9% suite aux plafonds de production imposés au gisement de Groningue aux Pays-Bas(1). Selon l’AIE, les importations de gaz de l’UE pourraient être, en 2035, plus élevées de près de 80 milliards de m3 par rapport à 2013(2). Dans ce contexte, le marché européen est probablement amené à avoir encore besoin durablement du gaz russe(3). Reste à préciser par quelles routes celui-ci transitera, sachant que l’Ukraine constituait encore en 2015 la principale voie vers l’Europe de l’Ouest(4).

Dans cet édito du 23 septembre, Marie-Claire Aoun, directrice du Centre Énergie de l’Ifri, fait un état des lieux du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit suivre le même tracé que Nord Stream (en reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique) avec une capacité similaire de 55 milliards de m3 par an. Elle en explique les tenants et aboutissants, en pointant notamment les freins politiques et juridiques qui restent à lever.

Il est notamment rappelé que Nord Stream 2 continue à diviser les différents États membres de l’Union européenne : certains d’entre eux, Allemagne en tête, en vantent les bénéfices économiques et commerciaux tandis que d’autres craignent entre autres une dépendance accrue au gaz russe ou déplorent la perte potentielle de revenus liés au transit gazier (dans le cas où le gaz russe ne circulerait plus via leurs territoires).

Si les relations de la Russie avec les entreprises gazières européennes se sont renforcées(5) depuis mi-2015, Marie-Claire Aoun constate toutefois que « le chemin pour que Nord Stream 2 puisse voir le jour risque d’être encore bien long et semé d’embûches ». En août dernier, Gazprom et ses partenaires européens du projet (dont fait partie le Français Engie) ont notamment annoncé avoir renoncé à créer une coentreprise autour de Nord Stream 2, après un avis défavorable de l’autorité de la concurrence polonaise.

Lire l'étude :
Édito sur Nord Stream 2
Sources / Notes
  1. En raison de séismes associés à l’exploitation.
  2. La consommation gazière de l'UE atteignait 462 milliards de m3 en 2013.
  3. Alors que les importations en provenance d’Afrique du Nord font encore l’objet d’incertitudes et sans présumer de l’exploitation hypothétique des réserves de gaz de schiste.
  4. En 2015, 64 milliards de m3 de gaz ont transité via la route ukrainienne (140 milliards de m3 de capacité technique).
  5. Et alors que « Gazprom se montre bien plus conciliant à l’égard des règles européennes », rappelle Marie-Claire Aoun.

Centre Énergie de l'Ifri

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