Photowatt : après les incertitudes, la reprise

parue le
Photowatt

Le 14 février 2012, Nicolas Sarkozy avait promis aux salariés de Photowatt que leurs emplois seraient préservés. (©photo)

Le tribunal de commerce de Vienne (Isère) a officialisé aujourd’hui la reprise de la société de fabrication de panneaux photovoltaïques Photowatt par EDF ENR. Retour sur le contexte de cette reprise.

Grandeur et déclin du pionnier français du photovoltaïque

La société Photowatt avait été placée en redressement judiciaire le 8 novembre dernier, suite à des pertes importantes et un carnet de commandes significativement réduit. Outre la volonté de préserver près de 430 emplois, la reprise de la société était porteuse d’un enjeu symbolique fort : sauver l’acteur français historique du secteur.

Fondée en 1979 à Caen, Photowatt a fait partie des leaders mondiaux du secteur avant de pâtir, entre autres, de la concurrence chinoise (notamment de Suntech) et de la surproduction mondiale. L’entreprise est aujourd’hui le seul producteur intégré de modules en France : elle maîtrise l’ensemble de la chaîne de fabrication des panneaux  (conception des cellules et des modules, assemblage, bureau d’études, etc.).

Installée à Bourgoin-Jallieu (Isère), Photowatt faisait, depuis 2007, partie du groupe canadien ATS qui cherchait lui-même un repreneur français depuis 2009. Après avoir bénéficié des tarifs avantageux de rachat de l’électricité d’origine photovoltaïque, Photowatt a périclité. En quelques années, la société est passée du 5e rang au 72e rang mondial du secteur. 

Au 1er trimestre 2011, Photowatt avait supprimé 119 emplois en raison de sa « non compétitivité » face à ses concurrents asiatiques aux coûts de production 20 % à 45 % inférieurs aux siens. Cette mesure s’était avérée insuffisante pour « sauver » Photowatt. A compter de sa mise en redressement judiciaire, la société disposait de 6 mois pour trouver un repreneur.

EDF ENR, repreneur annoncé

Trois candidats avaient déposé des offres de reprise de l’entreprise Photowatt :

  • EDF, via sa filiale spécialisée dans le domaine du photovoltaïque EDF ENR (EDF Energies Nouvelles Réparties). EDF proposait de reprendre 355 salariés et d’en reclasser 70 autres dans l’une de ses filiales, EDF SA ou ERDF, dans un rayon de 60 km ;
  • ECM, société grenobloise qui conçoit des fours pour la fusion du silicium, associée au fonds privé Abcia Phoenix (proposition de reprise de 382 salariés) ;
  • Solarezo, entreprise lyonnaise d’assemblage de panneaux solaires, associée au groupe mayennais MPO International (proposition de reprise de 220 salariés).

Les entreprises ECM et Solarezo s’étaient désistées lors de l’audience du 21 février, notamment en raison des incertitudes liées au carnet de commandes de Photowatt. Annoncée le 9 février dernier par le président de la République, l’offre d’EDF ENR a donc été retenue par le tribunal de commerce de Vienne.

Les sociétés Photowatt et EDF ENR étaient déjà liées au sein de PV Alliance, consortium de recherche et d’innovation dédié au photovoltaïque (participation de 40% chacun). Le CEA Investissement (20%) était également intégré à ce groupe de recherche qui vise à concevoir des nouvelles cellules photovoltaïques combinant haute performance et bas coûts. L’offre d’EDF ENR était conditionnée à la reprise de 100% des parts de PV Alliance et à l’obtention d’une licence d’exclusivité mondiale sur la technologie d’hétérojonction (cellules associant siliciums amorphe et cristallin à rendement supérieur à 20%).

Mi-février, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre en charge de l’écologie, annonçait à l’AFP la prochaine mise en place d’un tarif d’achat plus élevé (d’au moins 10% aux tarifs actuels) pour l’électricité photovoltaïque produite à partir de panneaux fabriqués en France. Cette mesure constitue un encouragement pour le repreneur EDF qui injecte 75 millions d’euros dans Photowatt pour relancer son projet industriel.

Sur le même sujet