Quel paysage énergétique mondial d’ici 2035 ?

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Paysage énergétique mondial en 2035

D'ici à 2035, la production des puits pétroliers actuellement exploités aura baissé de 40 millions de barils par jour. (©photo)

L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a présenté hier à Londres son World Energy Outlook 2013. Ce document délivre des projections chiffrées portant notamment sur l’évolution du mix énergétique et électrique mondial à l’horizon 2035. La demande d’énergie pourrait augmenter d’un tiers entre 2011 et 2035 selon l’AIE. Aperçu des grandes tendances énergétiques envisagées dans les deux prochaines décennies.

Les énergies fossiles restent dominantes

La révolution des sources d’énergie consommées n’est pas pour 2035 selon l’AIE : la part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial atteindra encore 76% à cet horizon (contre 82% actuellement) malgré le développement des énergies renouvelables. Le charbon restera a priori la première source d’énergie dans le mix électrique mondial bien que sa part soit amenée à baisser de 41% aujourd’hui à 33% en 2035 (selon le scénario New Policies de l’AIE). La consommation de gaz pourrait enfin quasiment doubler d’ici à 2035, portée par la disponibilité de nouvelles ressources non conventionnelles.

Le développement des énergies renouvelables va s’accélérer dans les deux prochaines décennies : celles-ci répondront à près de 50% des nouveaux besoins liés à  la croissance de la production électrique dans le monde d’ici à 2035. Un soutien continu à ces énergies s’avérera toutefois nécessaire pour leur permettre de poursuivre leur progression. Pour rappel, les subventions mondiales en faveur des énergies renouvelables ont atteint 101 milliards de dollars dans le monde en 2012, soit plus de cinq fois moins que les énergies fossiles la même année (544 milliards de dollars).

Les Etats-Unis poursuivent leur croissance, l’OPEP à nouveau en tête après 2020

Fait désormais très relayé, les États-Unis devraient devenir le premier producteur de pétrole dans les cinq années à venir grâce à leur production d’huiles non conventionnelles (light tight oil). Un prix du baril en hausse (autour de 128 dollars en 2035) devrait permettre d’assurer l’exploitation de ces ressources techniquement recouvrables. L’AIE met toutefois en garde que l’exemple américain des pétroles de schiste ne saurait être reproduit avec autant de profit dans d’autres pays.

L’AIE note par ailleurs que la croissance de la production pétrolière issue de pays autres que ceux de l’OPEP devrait se tasser au milieu des années 2020. A cet horizon, les pays de l’OPEP, Arabie Saoudite en tête, devraient réaffirmer leur mainmise sur la production de pétrole. Ils posséderont alors près des quatre cinquièmes des réserves prouvées de pétrole (contre 72,6% à fin 2012 selon les statistiques de BP).

Les économies émergentes dopent la consommation d’énergie

L’AIE insiste par ailleurs sur le poids des économies émergentes qui participeront à plus de 90% de la croissance de la consommation mondiale d’énergie d’ici 2035. La prépondérance de la Chine déjà bien connue (déjà 20,9% de la consommation mondiale en 2011) devrait se confirmer, le pays devenant le premier consommateur de pétrole devant les États-Unis aux alentours de 2030.

L’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est verront leur consommation s’envoler après 2025. Dès 2020, l’Inde sera le principal moteur de la croissance mondiale d’énergie. L’Afrique restera pour sa part isolée de la croissance mondiale.

Le Brésil parmi les grands acteurs énergétiques 

L’AIE a porté un coup de projecteur particulier sur le Brésil lors de la présentation de son étude prospective. Connu pour ses réserves de pétrole offshore à grande profondeur (deepwater), le Brésil devrait devenir le 6e producteur mondial en 2035 en augmentant sa production de façon continue : de 2,2 millions de barils par jour en 2012 à 4,1 millions barils par jour en 2020, puis 6 millions de barils par jour en 2035.

L’affirmation de ce pays comme une place forte de l’énergie ne se limite pas au secteur pétrolier : l’AIE souligne un potentiel hydroélectrique de 245 GW (dont 2/3 restent à développer), la production de biocarburants devrait tripler d’ici à 2035, etc. La croissance du Brésil toucherait également sa consommation : la demande en énergie primaire du pays pourrait augmenter de 80% et sa demande d’électricité doubler d’ici à 2035.

Pour consulter le Powerpoint de présentation du World Energy Outlook, cliquez sur le visuel ci-dessus.

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