Rapport Energies 2050 : le choix « anti-gaspillage » du nucléaire

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Avec 63 GW, la puissance du parc nucléaire actuel représente près de la moitié de la puissance électrique installée en France (©photo)

Le rapport « Energies 2050 », commandé à l’automne dernier par Eric Besson dans l’optique de la programmation pluriannuelle des investissements(1), a été dévoilé ce matin. Rédigé par une commission pluraliste sous la présidence de Jacques Percebois et de Claude Mandil, il analyse différents scénarios énergétiques aux horizons 2030 et 2050. Ce rapport conforte les orientations gouvernementales au sujet de l’exploitation du parc électronucléaire français.

Prolonger la durée de vie du parc nucléaire coûterait moins cher

Bien que le rapport « Energies 2050 » porte sur l’ensemble des énergies, un examen particulier de 4 hypothèses d’évolution du parc électronucléaire d’ici à 2030 a été demandé par le gouvernement : la prolongation du parc nucléaire actuel, l’accélération du passage à la 3e génération voire à la 4e génération de réacteurs, une réduction progressive de la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique (déclassement des réacteurs après 40 années de vie, remplacement de deux réacteurs par un EPR) et enfin une « sortie complète » du nucléaire.

La commission Energies 2050 conclut que la prolongation du parc nucléaire au-delà de 40 ans présente le meilleur bilan au regard des coûts de production électrique, des émissions de CO2 ou encore du nombre d'emplois liés. En 2030, le coût complet de la production d’électricité en France pourrait atteindre 52 à 59 euros le MWh dans le cas d’une prolongation du parc nucléaire actuel, contre 69 à 79 euros le MWh en cas de réduction progressive de celui-ci. Pour rappel, les coûts complets de production de l’électricité (hors taxes et coûts d’acheminement) constituent 40% du prix final payé par le consommateur.

Eviter une perte de valeur économique

Le rapport Energies 2050 précise que le non-prolongement des réacteurs induit une « perte de valeur » économique. Le scénario de sortie totale du nucléaire pourrait faire baisser en 2030 le PIB de la France de 0,9 point par rapport à un scénario de poursuite de l’exploitation électronucléaire. Cette perte de valeur est, dans ce cas, estimée à près de 100 milliards d’euros sur la période 2010-2030. En outre, la sortie totale du nucléaire pourrait induire une augmentation de 0,1% des importations de la France et une réduction de 0,65% de ses exportations, ce qui dégraderait la balance commerciale nationale.

En exposant ces conclusions, Claude Mandil, ancien directeur de l’AIE, a présenté la commission Energies 2050 comme une « commission anti-gaspillage ». Toutes les recommandations qu’elle émet répondent, selon lui, au souci de préserver trois richesses identifiées : l’énergie, l’argent et les compétences humaines. La commission insiste sur le fait que la décision finale de prolonger la durée de vie du parc nucléaire reviendra à l’ASN.

De nombreuses trajectoires restent ouvertes

Le rapport ne se limite pas à des recommandations inhérentes à l’évolution du parc électrique. La facture énergétique française (solde importations moins exportations) atteint 46,2 milliards d’euros en 2010, soit presque 90% du déficit de la balance commerciale nationale (51,4 milliards d’euros en 2010). Près de 36 milliards de cette facture sont dus à la dépendance française aux énergies fossiles. Ces dernières couvrent actuellement plus de 70% de l’énergie finale française alors que la France importe 98% du gaz et 99% du pétrole consommés. Eric Besson a rappelé à ce propos que la transition énergétique réside pour le gouvernement dans la « réduction de la dépendance au pétrole, pas au nucléaire ».

Le rapport Energies 2050 appelle à faire de la sobriété et l’efficacité énergétique « une grande cause nationale » (un écho au scénario négaWatt) tout en maintenant l’effort de recherche publique, notamment dans les renouvelables et le stockage de l’énergie. Il passe en revue les scénarios énergétiques déjà présentés en France par des ONG, institutions ou entreprises (négaWatt, Global Chance, Négatep, Enerdata/DGEC, RTE, UFE, Areva, CEA).

A l’issue de cet examen, la commission Energies 2050 précise qu’il n’existe « ni énergie sans inconvénients, ni scénario idéal, ni trajectoire idéale. » Tous ces scénarios sont soumis à une incertitude importante, qu’elle soit technologique, économique, politique, financière ou démographique. Leur flexibilité est un critère important afin qu’ils s’adaptent aux défis énergétiques futurs.

Pour consulter le rapport Energies 2050, cliquez ici.

 

Analyse des 4 options nucléaire

Part de la production électronucléaire : comparaison de 4 scénarios 

Sources / Notes

(1) La prochaine PPI doit être présentée au Parlement en 2013.

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