Afrique du Sud: le sauvetage du géant public de l'électricité Eskom au cœur du budget 2019

  • AFP
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Le ministre sud-africain des Finances Tito Mboweni présente mercredi son budget 2019 sous l'oeil attentif des marchés, qui s'inquiètent des risques que les difficultés du géant public de l'électricité Eskom font courir à l'économie du pays. M. Mboweni doit livrer les détails de son projet de sauvetage du groupe, plongé dans la tourmente, lors de son discours devant le Parlement au Cap (sud).

Eskom est confronté à une dette abyssale de 420 milliards de rands (27 milliards d'euros), conséquence d'années de mauvaise gestion et de détournement de fonds sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018). Symbole de cette dégringolade, le pays a renoué la semaine dernière, pour la première fois depuis cinq ans, avec les délestages massifs, qui ont ralenti l'activité et causé des embouteillage monstres dans les grandes villes.

M. Ramaphosa a promis de voler au secours d'Eskom et annoncé que l'entreprise serait divisée en trois entités distinctes (production, transport, distribution). Il a aussi promis de ne pas toucher à l'emploi de ses 50 000 salariés.

Mise en garde syndicale

Mais de nombreux analystes n'y croient pas. Pas plus que la principale centrale syndicale du pays (Cosatu), qui a mis en garde le gouvernement contre toute volonté de tailler massivement dans les effectifs du groupe.

La menace de la Cosatu, un des alliés historiques du Congrès national africain (ANC) de M. Ramaphosa, est prise très au sérieux à moins de trois mois des législatives du 8 mai. "On reste totalement opposé à tout plan de restructuration qui bénéficiera à la classe capitaliste et augmentera le prix payé par la classe ouvrière", a répété cette semaine le porte-parole de la Cosatu, Sizwe Pamla.

Si Eskom ne parvient pas à rembourser ses dettes, soulignent les analystes, le risque est grand de voir des investisseurs se désengager d'autres entités publiques mal en point, comme la compagnie aérienne South African Airways (SAA). "Il est devenu clair que le système d'Eskom basé sur le charbon est désormais un obstacle à une croissance soutenue en Afrique du Sud", a estimé Jesse Burton, du centre de recherche de l'énergie de l'Université du Cap.

Selon Mzukisi Qobo, professeur à l'université du Witwatersrand à Johannesburg, le ministre des Finances devrait annoncer des mesures visant à "l'élimination du gaspillage au sein du gouvernement et donner des indications sur sa volonté d'augmenter ou non les impôts".

L'an dernier déjà, l'État avait augmenté la TVA et les prix des carburants et de l'alcool pour dégager 36 milliards de rands (2,25 milliards d'euros) par an. Mais malgré ces efforts, l'Afrique du Sud affiche encore une dette nette de 142 milliards d'euros, soit 48,6% de son produit intérieur brut (PIB), selon le Trésor.

Pour Michael Sachs, économiste à l'université du Witwatersrand, le gouvernement se retrouve contraint d'emprunter d'avantage pour rembourser sa dette, une spirale dangereuse qui pourrait lui valoir une nouvelle dégradation par les agences de notation financière. Malgré ces difficultés et les scandales de corruption qui éclaboussent son parti, l'ANC est donnée largement favorite du scrutin du 8 mai et M. Ramaphosa devrait être reconduit dans ses fonctions.

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