Airbus et plusieurs partenaires lancent une étude sur les émissions en vol d'un avion de ligne volant sans kérosène

  • AFP
  • parue le

Airbus et plusieurs partenaires ont lancé une étude sur les émissions en vol d'un avion de ligne utilisant 100% de carburant d'aviation durable (SAF), une étape essentielle vers la réduction de l'impact environnemental de l'aviation.

L'objectif est "d'étudier les effets d'un carburant 100% durable sur les émissions et les performantes des avions", affirment jeudi Airbus, le motoriste Rolls Royce, le centre de recherche aérospatiale allemand DLR et le producteur de SAF Neste dans un communiqué commun.

Les avions sont actuellement certifiés pour voler avec 50% de SAF, des biocarburants provenant d'oléagineux, d'huiles recyclées, d'algues, de sucres ou encore de résidus de bois.

Un premier vol de ce long-courrier A350-900 équipé de moteurs Trent XWB a eu lieu à Toulouse et sera suivi "par des tests sur les émissions en vol qui débuteront en avril et reprendront à l'automne". Un avion Falcon du DLR sera utilisé pour mesurer les émissions des moteurs, notamment de CO2, principal gaz à effet de serre.

Il s'agit selon eux de "la première étude au monde" de ce type. Le premier vol d'essai d'un avion commercial fonctionnant avec 100% de carburant durable a eu lieu en 2018 avec un Boeing 777 cargo. Le secteur aérien s'est fixé pour objectif de réduire d'ici 2050 ses émissions de CO2 de 50% par rapport à leur niveau de 2005.

Pour y parvenir, l'utilisation de carburants non fossiles doit représenter près de la moitié des gains attendus, le reste venant d'une amélioration des moteurs et des avions afin qu'ils consomment moins et d'une meilleure gestion du trafic aérien. Selon l'Association du transport aérien international (Iata), les SAF peuvent réduire les émissions de CO2 de 80% par rapport au kérosène sur l'ensemble de leur cycle d'utilisation. Le secteur compte avoir la capacité de voler avec 100% de SAF d'ici 2030.

La principale limite des SAF reste toutefois leur faible disponibilité et leur coût. Selon l'Iata, la production actuelle de SAF est de 50 millions de litres par an. La flotte mondiale d'avions commerciaux a elle consommé 360 milliards de litres de kérosène en 2019.

Les deux grands constructeurs mondiaux travaillent sur les changements techniques nécessaires pour voler uniquement avec des SAF, tout en planchant sur le rôle de l'hydrogène. Boeing compte ainsi l'utiliser pour produire un carburant de synthèse durable tandis qu'Airbus vise la mise en service d'un appareil commercial zéro émission en 2035 dont l'hydrogène sera le carburant.

Commentaires

Abadie

Carburant durable, carburant non durable, quelle différence, ? Les deux polluent-ils pas l'atmosphère.?

Denis Margot

Il faut considérer l'ACV complet. Un carburant fossile, c'est 100% de C solide (ou liquide) vers 100% de CO2. Si le carburant est d'origine renouvelable (biomasse...), on a un cycle du style C(solide) -> CO2 -> C(solide) -> CO2 ...
Tout ça est assez spéculatif, mais il est raisonnable de penser qu'un carburant d'origine renouvelable émette moins de CO2 que si l'origine est fossile. Combien ? Ça dépend qui fait les calculs ! Les chiffres donnés dans l'article sont sans doute très optimistes.

olivier DE BOISSEZON

je pense qu'il est plus sûr pour l'avenir de penser H2 plutôt que SAF. Car, quoi qu'en disent les spécialistes, la combustion du SAF produit son tonnage de CO2, alors que la motorisation à l'hydrogène ne produit pas de CO2.
Toutefois, il est essentiel de produire l'Hydrogène à partir d'énergie renouvelable. Et là, la boucle est intéressante.
Allez, au boulot les avionneurs !
C'est mieux cette bagarre là, que celle de polluer la planète ou de vendre des armes, tout de même ...

Marc Diedisheim

Bonjour Monsieur. En effet la combustion des "SAF" produit du CO2 ! Mais si le CO2 contenu dans le carburant a été au préalable capté dans l'atmosphère, soit par un procédé naturel (comme la photosynthèse) soit industriel (comme la captation directe "Direct Air Capture" avec de l'électricité "verte") alors il n'y a aucun apport net de CO2 dans l'atmosphère ! De plus L'utilisation des SAF dans un avion nécessite beaucoup moins de modifications que l'H2, qui par exemple ne peut pas être stocké dans les ailes ... Je vous suggère de visiter ce site: https://carbonengineering.com/
Bien cordialement.

olivier DE BOISSEZON

Bonjour Marc,
merci de votre commentaire.
Toutefois, je crois qu'il faut aussi considérer deux autres éléments :
- le lieu de la combustion : dans le cas de l'avion, c'est en haute altitude et le CO2 ici produit est redoutable, car loin de la zone d'absorption naturelle (la mer).
- le bilan "net" que vous citez : il est encore meilleur avec de l'hydrogène produit directement à partir d'énergie renouvelable (car la production de CO2 est nulle), qu'avec du CO2 capté (car là, à la "source", le CO2 est bien produit, et en quantité. Alors la capture reprendrait tout ? Je ne crois pas cette hypothèse et je constate actuellement que les industriels ne sont pas en mesure d'assurer cette capture, sans parler de son rendement global.
Au final, vous indiquez que les contraintes d'ingénieries avioniques seraient en difficultés pour l'H2 (stockage, motorisation).
C'est justement là qu'il faut mettre le paquet avec de jeunes ingénieur.e.s qui vont fabriquer un nouveau "monde d'après", et ne pas leur faire miroiter un captage de CO2 à partir d'usine de l'ancien monde, où seul la rentabilité règne, au détriment de la Nature, et il en va de notre Humanité.
Respectueusement,

Marc Diedisheim

Je me suis sans doute mal exprimé. Le CO2 extrait de l'atmosphère qui est utilisé pour les carburants synthétiques n'est pas prélevé sur une quelconque "source" qui engendrerait, elle, une augmentation in fine de la concentration de CO2 dans l'air. Le CO2 est prélevé dans l'air et relâché dans l'air, en un cycle qui maintient constant le taux de CO2 global. Il n'y a besoin d'aucune "production de CO2" pour ces carburants ! Il n'y a là aucune production de CO2.

Mais en effet cette production de CO2 ne "reprendrait" rien du CO2 déjà présent. Elle permet seulement de cesser d'augmenter la production de CO2.

Il n'est pas montré que la production de CO2 en altitude (10 000 mètres environ) est plus nocive que au niveau du sol. Avez-vous des références sur ce sujet ?

Concernant l'hydrogène, il ne faut pas perdre de vue qu'il faut le stocker à très haute pression pour pouvoir disposer d'une réserve significative d'énergie, ce qui nécessite des réservoirs à très haute résistance. Le seule solution envisageable techniquement pour un avion est de les loger dans la carlingue, qu'il faut rallonger. IL faut également résoudre la question du transport vers les moteurs, entre autres...
Il est infiniment plus simple de produire des carburants synthétiques, pour le même résultat recherché: décarboner le transport aérien.
Bien cordialement.

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