Bernard Looney, un homme du sérail qui prend les rênes de BP à l'heure de l'urgence climatique

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Bernard Looney le dit lui-même: il doit "tout ce qu'il a" à BP. Le fils de fermier irlandais âgé de 49 ans va prendre mercredi la tête du géant britannique du pétrole après avoir grimpé tous les échelons en près de trente ans.

M. Looney succède à Bob Dudley, qui est arrivé aux commandes en pleine crise de la marée noire Deepwater dans le Golfe du Mexique il y a près de dix ans.

Un accident qui a coûté plus de 70 milliards de dollars à la major britannique et l'a forcée à revoir sa culture en mettant l'accent sur la sécurité. Mais comme le dit Russ Mould, analyste du courtier en ligne AJ Bell, "les temps ont beaucoup changé".

La pression monte en effet sur les entreprises du secteur pour réduire leur empreinte carbone, d'autant que des fonds d'investissement comme Blackrock commencent à se détourner des sociétés polluantes.

Le président du conseil d'administration Helge Lund a qualifié M. Looney de "dirigeant authentique, progressiste, (...) avec une idée claire de ce que BP doit faire pour prospérer pendant la transition énergétique".

Ce pur produit du groupe britannique, où il est entré son diplôme d'ingénieur en poche, en 1991, a commencé sa carrière dans les forages en mer du nord, avant de se hisser en haut de la hiérarchie et de faire le tour du monde, de Mauritanie à l'Irak en passant par le Vietnam ou les Etats-Unis.

Il dirigeait depuis 2016 la branche d'exploration et production du groupe, la plus stratégique, avec 17.000 personnes sous sa responsabilité sur les quelque 73.000 du groupe.

M. Looney prend le gouvernail de BP près de dix ans après la pire catastrophe de son histoire, la marée noire provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon que le groupe opérait pour forer en eaux très profondes dans le Golfe du Mexique.

Une région qu'il connaît bien pour y avoir travaillé entre la fin des années 1990 et le début des années 2000.

- Transition énergétique -

Celui qui dirigeait à l'époque les opérations en mer du Nord a fait partie de la cellule de crise envoyée en urgence dans le Golfe pour tenter de stopper l'hémorragie de pétrole. "J'ai passé 60 jours d'affilée à Houston pour aider. Voir ce qui se passait était très très difficile. Je n'oublierai jamais. (....) C'était sans aucun doute la période la plus difficile de ma carrière", a-t-il raconté au quotidien irlandais The Independant.

M. Looney, yeux bleus, cheveux châtains et regard franc, a notamment amélioré la diversité dans ses équipes, en les féminisant notamment dans une industrie encore très masculine.

Cherchant à montrer un changement de génération, il dispose d'un compte instagram, dit ne pas posséder de voiture et préférer les taxis ou les transports en commun. Il a aussi mis en place un programme de détection de méthane, un gaz émis lors du forage d'hydrocarbures et quelque dix fois plus nocif en termes de réchauffement climatique que le CO2.

M. Looney s'est en outre engagé pour tenter de mettre fin à la stigmatisation entourant les maladies mentales.

Russ Mould remarque toutefois que malgré tous ces efforts d'image, les progrès dans les énergies renouvelables "pourraient avoir plus d'importance pour l'action de BP que toute autre chose".

Et que pour l'instant, les investissements dans ce domaine "font pâle figure comparé à la production d'hydrocarbures de BP", conclut-il.

ved/jbo/pcm

Commentaires

Albatros

Demander à un groupe pétrolier de se décarboner... Si effectivement, il pouvait réduire à presque zéro les fuites de méthane occasionnées par son activité, ce serait un grand pas en avant.
Sinon, pour satisfaire les écolos (et les andouilles qui prônent le zéro émissions), il faut fermer cette entreprise et toutes celles qui travaillent les énergies fossiles...

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