Boeing promet des avions de transport de passagers pouvant voler avec un carburant sans pétrole d'ici 2030

  • AFP
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Boeing s'est engagé vendredi à livrer des avions de transport de passagers pouvant voler avec du carburant sans pétrole d'ici 2030. Les industriels travaillent depuis plusieurs années sur la réduction de leur impact environnemental pour développer des carburants moins polluants ou des moteurs d'avions moins gourmands.

Le premier vol d'un appareil utilisant un mélange de kérosène et de biocarburant a eu lieu en 2008. Boeing a depuis effectué des tests avec des aéronefs fonctionnant à 100% avec du "carburant d'aviation durable" (SAF), indique le groupe dans un communiqué. Ces combustibles sont produits à base de déchets végétaux, de déchets domestiques recyclés ou d'huile de cuisson usagés par exemple.

Selon l'Association du transport aérien international (IATA), les SAF peuvent réduire les émissions de CO2 de 80% par rapport au kérosène conventionnel sur l'ensemble de leur cycle d'utilisation. Les avions sont actuellement autorisés à voler avec un combustible contenant jusqu'à 50% de SAF. Mais pour "respecter l'engagement du secteur aérien à réduire ses émissions de carbone de 50% par rapport aux niveaux de 2005 d'ici 2050, les avions doivent pouvoir utiliser des carburants d'aviation 100% durables bien avant 2050", remarque Boeing.

"Notre secteur et nos clients se sont engagés à lutter contre le changement climatique, et les carburants d'aviation durables sont la solution la plus sûre et la plus mesurable pour réduire les émissions de carbone de l'aviation dans les décennies à venir", a commenté le responsable des avions civils chez Boeing, Stan Deal. Le constructeur prévoit de travailler avec les fabricants de moteurs, ses fournisseurs et les régulateurs sur les changements techniques à apporter pour permettre aux avions de voler uniquement avec des SAF.

Et continue en parallèle à travailler sur des moteurs pouvant être propulsés à l'électricité ou à l'hydrogène.

L'association du transport aérien IATA a lancé l'été dernier un appel à une plus grande production de carburants d'aviation durable. "La production actuelle de SAF est de 50 millions de litres par année", faisait alors remarquer l'organisation. "Pour atteindre un point de bascule où l'ampleur de la production ferait baisser les coûts des SAF suffisamment pour concurrencer le carburéacteur, la production doit atteindre 7 milliards de litres ou 2% de la consommation de 2019."

Commentaires

Abadie

Cette annonce de Boing semble être une réponse au projet d'Airbus d'avion à l'hydrogène en 2030. Carburant sans pétrole mais aussi sans pollution?

Eric

Si tout le monde remplace le pétrole par des agro-carburants ... On va avoir du mal à manger à notre faim ...

Le conflit d'usage des sols sera ingérable, et n'oublions pas qu'il faut aussi protéger la biodiversité ... Donc accessoirement : arrêter de déforester, arrêter les fertilisants chimiques, arrêter les pesticides, (donc arrêter l'agriculture intensive, ...) ,planter des forêts, ... Il faut aussi utiliser les terres émergées pour poser des panneaux photovoltaïques, des éoliennes, condamner des terres pour faire des barrages, ...

C'est juste pour dire que personne ne regarde le problème dans son ensemble, et que tant qu'on fonctionne en silos on va dans le mur ... Nous n'avons qu'une planète, avec une surface finie, et notre besoin fondamental c'est de nous nourrir ... Pas de voyager en avion

Marc Diedisheim

Nous avons regardé le problème dans son ensemble dans le cadre d'une étude portant entre autres sur la disponibilité quantitative des énergies à base de biomasse et de déchets organiques dans leur ensemble. Les chiffres sont clairs en effet: il n'y en aura pas pour tout le monde. C'est un fait connu par les pouvoirs publics concernés. Il faudra hiérarchiser les usages de la biomasse. L'énergie électrique sera en général de plus en plus prédominante, sauf dans les usages où les contraintes en limitent, voire empêchent l'utilisation. C'est le cas de l'aviation qui devra continuer longtemps à fonctionner avec des carburants chimiques. Cela dit, l'aviation représente moins de 3% des émissions mondiales de CO2 en 2018. Ne la transformons pas en bouc émissaire de nos peurs non chiffrées. Bien cordialement.

Eric

Bonjour Marc,

Pourriez-vous clarifier le "Nous" du début de votre phrase ?

"C'est un fait connu des pouvoirs publics concernés" : vous entendez les pouvoirs publics en parler ? Pas moi. Car il ne suffit pas que le problème soit connu des pouvoirs publics, encore faudrait-il qu'il le soit du public (tout court) pour qu'on se mette en tête qu'il n'y aura plus autant d'énergie disponible que nous en avons aujourd'hui, et qu'il est nécessaire de s'y préparer en urgence. On nous vante en 2050 une énergie électrique 100% renouvelable, mais celle-ci devra elle aussi bénéficier des bio-carburants pour palier les jours d'absence d'énergie ... Les conflits seront majeurs.

Ce que je reproche à tout ça : c'est que pour endormir la population, on promet qu'il est possible de remplacer les hydrocarbures par quelque chose de propre ... Et chacun trouve sa solution ... Cela entretien le fait qu'il faut continuer comme si de rien n'était, et que l'Homme est "tellement" intelligent qu'il finira par trouver la solution ... Sauf que ce quelque chose de propre existe en théorie, mais pas dans la réalité.

Je ne fais pas de procès d'intention à Boeing, mais aux journalistes qui écrivent ces articles sans compléter en disant qu'il faudra choisir, et très fortement, qu'il faudra d'abord manger, se chauffer, et pourvoir travailler ... Ce serait déjà bien si tout ça était accessible aux 8 milliards d'habitants de la planète, sans détruire en même temps l'environnement ...

Marc Diedisheim

Bonjour Monsieur. Nous signifie l'Observatoire de l'Innovation dans l'Energie (O.I.E.). Notre objet en résumé est de favoriser la création d'écosystèmes les plus larges possibles en vue de favoriser et accompagner le développement rationnel d'innovations dans le domaine de la transition énergétique. En ce moment plus particulièrement sur le sujet de l'électromobilité terrestre. Vous pouvez consulter le site www.ewaydorridor.fr pour quelques explications. Nous sommes bien entendu inconnus du public ! Mais pas des Autorités auxquelles nous avons communiqué nos travaux.

Je ne sais pas qui est le "on" qui nous vanterait une énergie 100% renouvelable pour 2050. A ma connaissance en tant que simple citoyen, ce n'est pas ce que je lis dans les déclarations des pouvoirs publics.

Toujours en tant que simple citoyen on peut dire que la théorie est en effet simple: le Soleil nous fournit en permanence environ 10 000 fois l'énergie nécessaire au "fonctionnement" actuel de l'ensemble de la communauté humaine mondiale. Les technologies permettant de capter une partie suffisante de cette énergie existent. Nous ne sommes donc pas dans une situation de pénurie fondamentale d'énergie renouvelable.

Hors les coûts, un problème majeur subsiste, celui du transport depuis les zones de captation (déserts, par exemple) vers les zones de consommation. Ce problème est au moins de deux natures: géopolitique, et physique. Géopolitique en ce que de nombreux pays sont impliqués, avec toutes les complications que cela suppose; physique car le transport de l'énergie électrique (solaire, éolienne) sur de très longue distances est difficile.

C'est pourquoi ce seront les solutions "locales" qui seront préférées, solutions dans lesquelles le nucléaire jouera inévitablement un rôle majeur en Europe. En effet la priorité absolue actuelle est de réduire très rapidement les émissions de CO2, la nécessité du caractère 100% renouvelable passant pour le moment, me semble-t-il au second plan. La pénurie d'électricité décarbonée n'interviendra que si des décisions politiques dictée par des considérations électorales précipitent la "sortie du nucléaire" au détriment soit de notre niveau de vie, soit du CO2, soit des deux à la fois.

Pour ce qui concerne les activités qui ne sont pas susceptibles pour le moment de "passer rapidement à l'électrique", comme l'aviation par exemple, des solutions intermédiaires existent, passant par des carburants issus de CO2 atmosphériques et d'énergie électrique décarbonée. Voyez par exemple ici: https://carbonengineering.com/our-technology/.
Il faut noter d'ailleurs que les carburants liquides ainsi rendus neutres en émissions nettes de CO2 permettent de transporter de grandes quantités d'énergie sur de longues distances tout en permettant d'utiliser des infrastructures existantes: transports maritimes, raffineries et logistiques de distribution, véhicules existants. Voyez le projet VW-Siemens au sud du Chili: vent(violent et quasi-permanent)>électricité>extraction de CO2 de l'air>synthèse d'Ethanol>transport maritime vers l'Allemagne>Synthèse de carburants liquides.

Comme en toutes choses il faut mettre des chiffres sur nos peurs. La pénurie fondamentale d'énergie propre (sans CO2 et sans ressources pétrolières) n'est pas en vue pourvu que nos décisions politiques soient rationnelles.

Bien cordialement.

Eric

Bonjour M. Diedisheim,

Je vous remercie pour votre réponse détaillée.

Le "on" faisait référence au rapport qui vient d'être transmis à Barbara Pompili par RTE (rapport conjoint RTE - AIE) qui définit les modalités/conditions nécessaires pour atteindre une énergie électrique à 100% renouvelable.

Je n'arrive pas à faire fonctionner le lien que vous avez indiqué http://www.ewaydorridor.fr/.

Concernant vos travaux, je me permet de commenter le fait que :
1/ L'énergie doit être partagée avec les autres être vivants de la planète, et en particulier la déforestation est un vrai problème car pour capter/nous approprier plus d'énergie, nous privons d'autres espèces vivantes d'un habitat et de source d'énergie ...
2/ La captation de l'énergie demande des ressources minières et énergétiques pour produire les convertisseurs (les seuls convertisseurs "naturels" sur notre planète sont les plantes douées de photosynthèse). Ces ressources sont en quantités finies, et donc il ne sera pas possible d'avoir une infinité de convertisseurs... Si on ajoute que la durabilité de la plupart d'entre eux est d'environ 20 - 30 ans (hors nucléaire), cela représente du coup une période de rotation de nouveaux convertisseurs, donc de nouveaux besoins en ressources, très (trop) fréquente.

Je suis intéressé de savoir si ce type de considérations fait partie de vos analyses. Pourriez-vous m'en dire un peu plus ?

Je vous remercie,

Marc Diedisheim

Désolé pour la faute de frappe: il s'agit de www.ewaycorridor.fr

Par ailleurs, oui nous avons pris en compte autant que possible l'impact chiffré sur nos ressources, de la conversion énergétique qui, on le voit tous les jours davantage, privilégiera massivement l'électricité.
Pour ce qui concerne les "convertisseurs" solaire>électricité: ils sont principalement constitués de Silicium, qui est l'élément le plus abondant de la croûte terrestre après l'Oxygène, dont une pénurie n'est pas en vue. Cependant d'intenses recherches sont en cours pour lui substituer d'autres matériaux pour réduire le coût énergétique de production des cellules.
Pour ce qui concerne les convertisseurs vent>électricité: il existe une criticité moyenne à forte sur certaines des "terres rares" qui entrent dans la fabrication des génératrices des éoliennes (principalement celles qui sont installées en mer). Il faut noter que les Terres Rares ne portent pas bien leur nom, puisqu'elles sont disponibles sur toute la planète ! C'est leur extraction à partir des minerais qui est très polluante et qui, entre autres limite la production. Cette situation peut changer. Le recyclage des aimants permanents fait également l'objet de recherches intenses,. Des technologies existent, et la recherche se concentre sur les moyens des les rendre moins couteuses. Ce recyclage va monter en puissance progressivement et viendra soulager les prélèvements nets sur la nature. Là non plus il ne semble pas se dessiner une pénurie.
Je vous suggère de consulter les excellentes fiches du BRGM sur la criticité des matériaux ici: http://www.mineralinfo.fr/page/matieres-premieres-critiques.

Il est vrai que nous vivons dans un mode fini. Mais si nos ressources naturelles (sauf l'énergie solaire) sont finies, nos besoins également sont finis ! Et grâce à la captation d'une part croissante de cette énergie solaire, nous pourrons "financer énergétiquement" le recyclage croissant des ressources les plus essentielles. N'oublions pas non plus ce qui se joue entre autres à Cadarache: la fusion thermonucléaire.

Bien cordialement

Eric

Bonjour M. Diedisheim

Merci pour la nouvelle adresse, elle fonctionne et m'a permis de comprendre votre entreprise, toutes ces initiatives sont bonnes, et les partenaires que vous avez démontrent votre sérieux. Je vous souhaite de réussir, nous avons besoin de ce type de projets. Il me semble qu'il s'agit de sujets durables et qui font du sens.

Concernant les silicium, j'attire votre attention (mais vous le savez sans doute) sur le fait que les panneaux PV n'utilisent pas n'importe quel silicium, et que celui-ci est extrait de carrières de quartz, dont on ne connait pas vraiment les réserves au niveau mondial. Même si le Silicium est la deuxième molécule présente sur la croute terrestre, cela n'implique pas des ressources illimitées pour permettre la fabrication de panneaux PV. Par ailleurs certains panneaux PV utilisent du Phosphore pour doper le silicium, qui est quant à lui un minerai qui commence à faire couler de l'encre, car il est utilisé en particulier dans les engrais chimiques et les questions de pénuries se poseront un jour. Et surtout il ne faut pas ignorer le Cuivre qui est nécessaire pour relier tous ces panneaux PV au réseau, et qui lui est classé dans les matériaux critiques ... Il est aussi utilisé dans la plupart des éoliennes pour éviter les aimants dopés au néodyme ...

Toujours concernant le Silicium, les pénuries sont de plus en plus présentes pour l'utilisation du sable dans la construction. Des dégâts sur les écosystèmes sont engendrés par l'utilisation de gisements illégaux, qui détruisent faune et flore y compris sous-marine...

Ce que je veux dire ici est qu'il faut penser le temps long lorsqu'on exploite les ressources de la planète. Elles doivent aussi servir les générations futures. Il faut penser à leur recyclage et à leur conservation, sans quoi nous polluons la planète sans espoir de laisser les générations futures avec une chance de vivre correctement, et d'avoir des moyens pour lutter contre le réchauffement climatique... que nous leur offrons en héritage ...

On le sait aussi l'exploitation des carrières et mines est toxique et polluante par l'usage de produits chimiques pour extraire les matériaux, et nous l'ignorons beaucoup trop facilement ... Les matières/minerais sont souvent mélangées de telle façon qu'ils ne sont pas récupérables / recyclables / réutilisables ... On pense profits immédiats, ivresse de la puissance (de calcul, de vitesse, etc ...) mais on oublie en même temps la criticité de la situation que nous créons.

Bref, je crois que l'esprit critique devrait habiter les journaliste, car sans cela ils cautionnent un endormissement du grand public et le décharge des problèmes fondamentaux de notre modèle. Il est alors facile de se dire qu'ils peuvent compter sur les progrès de la science, hypothétiques, pour régler une situation déjà catastrophique, et qui continue de s'empirer ... Et cela malgré maintenant de nombreuses années de prise de conscience et de toute évidence peu d'effets.

Bonne journée à vous,

Marc Diedisheim

Tout ce que vous dites sur les ressources (qui ne sont pas les réserves) est vrai, mais nécessite d'être quantifié pour y voir clair. Voyez par exemple le cas "hydrogène", si populaire en ce moment. La construction des piles à combustible nécessite du platine, dont la ressource mondiale est strictement limitée. Les piles à combustible "du futur" nécessitent 0.1 gramme de Pt par kW de puissance. Donc 10 grammes pour 100 kW (100 kW est la "puissance-type" vers laquelle l'industrie s'oriente). L'exploitation actuelle, et la reconversion totale du Pt des pots catalytiques vers la production de PàC (scénario hyper-optimiste) mettra 2 000 tonnes cumulées de Pt à disposition des PàC sur les 30 ans à venir. Soit de quoi produire 10 000 000 de PàC de 100 kW. Avec la puissance d'une e-208 actuelle (100 kW !) cela représente 10 000 000 de véhicules légers... Il y en a 280 000 000 rien qu'en Europe. Et il est quasi-certain qu'il ne sera pas possible d'éliminer le Pt des PàC sans faire chuter considérablement leur rendement (déja faible : 50 % environ). Il est quasi certain également qu'il n'y a aucun gisement de Pt à découvrir (après des décennies de recherches géologiques infructueuses)
De quoi réfléchir sur le "plan hydrogène" du Gouvernement français, en tenant compte du fait que celui-ci est parfaitement informé de ce qui précède !
Bien cordialement

Eric

Entièrement d'accord avec vous.

Nous souffrons du mal d'une politique à courte vue ... La fuite en avant ... La patate chaude est pour celui qui sera là après ... Sauf que la patate chauffe de plus en plus ...

Belle journée à vous,

olivier DE BOISSEZON

Merci à Eric pour son commentaire éclairant et bien mesuré.
dans cet article de l'AFP, on lit souvent le mot "promesse" de la part de l'industriel. Et les chiffres annoncé à la fin sont très réduits (2% ... ou bien 50 millions/7 milliards ... Y a du chemin vers la promesse ...

Teyssaire

IL EST TEMPS DE METTRE FIN AU TRANSPORT AERIEN
L’aventure humaine est parsemée de grandes fractures industrielles, douloureuses et violentes. A ce jour, elles ont toujours été dictées par des impératifs économiques ou de modernisation de la société.
Aujourd’hui ce sont les urgences climatiques et environnementales qui imposent des bouleversements considérables de plus en plus brutaux.
La remise en cause immédiate de l’industrie du transport aérien est l’une de ces décisions les plus urgentes à envisager.
Alors que le torchon brûle, que tous les vu-mètres des émissions de gaz à effet de serre sont au rouge, les projections de l’Association du transport aérien international (IATA) indiquent avec fierté que le nombre de passagers aériens va doubler d’ici 2036, atteignant 8 milliards de voyageurs. Démentiel.
Tout va bien dans le meilleur des cieux : les états subventionnent allègrement le transport aérien, « vecteur de développement et d’emplois » : kérosène détaxé, billets sans TVA, industrie généreusement exonérée des contraintes du protocole de Kyoto sur le changement climatique. Dormez tranquilles braves pilotes, l’IATA, un peu inquiète quand même, veille sur tout début de remise en cause en prévenant solennellement les gouvernements : « L’aviation est en croissance, et cela procure d’énormes bienfaits à l’échelle mondiale. Nous prévoyons un impact négatif considérable sur la croissance et les bienfaits de l’aviation si des mesures protectionnistes rigoureuses et restrictives sont mises en place ». Pourquoi tant de précautions solennelles ?
Parce que le jour de la remise en cause de ce moyen de transport boulimique est arrivé. Parce que la seule mise au rebut du transport aérien réglerait l’angoisse de l’aggravation si redoutée de la température terrestre.
Alors que vous avez choisi les transports en commun et le vélo par esprit civique, que vous risquez la contravention si vous dépassez la norme de CO2 avec votre deux-chevaux, que votre argent subventionne les aides à l’isolation de l’habitat pour économiser votre chauffage, chaque aller-retour Paris-New York en avion (et il y a un vol d’avion par seconde dans le monde) envoie plus d’une tonne de gaz carbonique par passager dans l’atmosphère, soit autant qu’une année de chauffage et le cinquième des émissions annuelles d’un Français.
Alors qu’on vous impose de ralentir de 10km/h les jours de pollution urbaine (mesure de pure forme) sous peine d’amende, chaque voyage aérien pollue pour chaque passager quarante fois plus que le TGV, sept fois plus que le bus, six fois plus qu’une voiture.
Le secteur aéronautique est responsable de plus de 2 % des émissions mondiales de CO2. Soit deux fois plus de l’ensemble d’un pays comme la France. Ces fameux 2% ne vous rappellent rien ? Ce sont ces fameux 2% que nous cherchons tous à réduire à zéro si, pour faire court, nous voulons survivre.
L’avion est-il si utile ? Eh bien non, dans le cadre d’un monde nouveau construit sur l’intelligence, le long-terme, l’esprit collectif, la raison – et une reconsidération du facteur temps-, l’avion est remplaçable, même si c’est au prix d’un chamboulement violent, économique, social et politique, qui paraît insurmontable à une société jurassique.
Quels sont les principaux passagers du transport aérien ? Le frêt, les touristes et les hommes d’affaires.
1. Transporter du frêt en avion est une hérésie. Le frêt lourd peut se transporter par la route et par la mer. Question de temps. Il nous faudra apprendre à remettre en cause le « tout tout de suite ».
2. Les touristes, par définition, ont le temps. Ils apprendront donc à aller aux Maldives en train et en bateau. Il n’y a pas plus de destinations inaccessibles sans avion qu’au dix-neuvième siècle. Cela leur permettra d’admirer le paysage.
3. Les hommes d’affaires n’ont plus d’autre raison que celle d’un prestige démodé pour aller à New-York en avion pour signer un contrat. Depuis dix ans tous les moyens digitaux sont là pour permettre les conférences, réunions, signatures dématérialisées en restant chez soi.
L’avion est le cauchemar sonore de toutes les populations habitant à proximité des aéroports.
L’aviation consomme 10% de l’ensemble des hydrocarbures mondiaux.
L’avion est l’arme de domination des grandes puissances sur les petits pays par sa facilitation au déferlement de sous-culture et de tourisme de masse destructeur et abêtissant.
L’avion est l’acteur de la délocalisation des productions, de la trop grande dépendance inquiétante vis à vis de pays hyper-industrialisés, de l’inondation mondiale de produits bas-de-gamme.
L’avion est le couloir accueillant des espèces invasives qui déséquilibrent les écosystèmes, des virus en tout genre qui finiront par anéantir l’humanité.
Pour survivre, l’humanité devra désormais trancher dans des valeurs qui lui semblaient acquises : le confort, la facilité, l’aisance, et même l’espérance de vie.
Pouvoir aller en quelques heures d’un point à l’autre du globe fait partie de ces victoires très récemment acquises qui semblent faire partie du quotidien. Mais à quel prix ? Cette facilité, si elle n’est pas remise en cause, risque de coûter très cher à la pérennité de notre espèce à cause des coût économiques, écologiques et sanitaires qu’elle induit.
Quel gouvernement, quel groupe d’influence osera le premier braver les foudres de l’IATA ?

Marc Diedisheim

Pourquoi tant de haine à l'égard d'une activité qui ne représente qu'une part très petite des émissions de CO2 mondiales (de 2 à 3%), avec une consommation énergétique au km-passager de deux fois inférieure à celle d'un véhicule léger thermique terrestre, et du même ordre de grandeur que celle du train ?
Alors que ce moyen de transport permet de rapprocher les Hommes (au moins certains d'entre eux) à un coût abordable par une grande majorité de nos compatriotes ! Le kérosène international est détaxé ? Tant mieux pour eux. Et cela permettra d'absorber le triplement de son coût réel lorsqu'il sera 100% renouvelable.
On peut regretter la douceur de la lampe à huile, le charme du temps des équipages et la splendeur de la Marine à voile. Mais quoi, quel était l'état de pauvreté et d'isolement de l'écrasante majorité du peuple à cette époque ? Bien cordialement.

Jean Patrick T…

Marc
Cette réponse à ma tribune manque singulièrement de charpente. D'abord il ne s'agit pas de haine bien entendu, mais de clairvoyance : les 2 à 3 % d'économie d'émissions de CO2 mondiales, faut-il le répéter, seraient déjà un début de solution puisque c'est ce qu'il faut préserver pour envisager l'équilibre. Vous dites que l'aviation civile rapproche les hommes… Est-ce bien sérieux ? Et comment faisaient les hommes avant l'aviation ? Les fantastiques moyens de communication et de réseaux sociaux qui sont notre à notre disposition aujourd'hui ne suffisent-t-il pas à rapprocher les hommes ? Le kérosène détaxé ne vous choque pas alors que la moindre facture d'énergie électrique regorge de taxes en tout genre ? Enfin pourquoi utiliser à mon encontre la célèbre et néanmoins banale allégorie de la charrette et l'âne puisque je défends les technologies de progrès, et parmi elles, l'énergie nucléaire...

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