BP encaisse une perte historique après sa sortie du groupe russe Rosneft

  • AFP
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Le géant des hydrocarbures britannique BP a encaissé la plus importante perte trimestrielle de son histoire suite à sa sortie prévue du russe Rosneft et malgré une envolée du chiffre d'affaires avec la flambée des cours du pétrole et du gaz.

Ses bénéfices hors éléments exceptionnels atteignent parallèlement un record depuis 2008 à 6,2 milliards de dollars grâce aux recettes dopées par les prix élevés des hydrocarbures.

Face à une crise du pouvoir d'achat au Royaume-Uni où nombre de britanniques ne sont plus en mesure de payer leurs factures énergétiques qui flambent, ces bénéfices sous-jacents ont ravivé dans le pays les appels en faveur d'une taxe exceptionnelle sur les majors pétrolières.

La perte nette part du groupe atteint 20,4 milliards de dollars au premier trimestre contre un bénéfice de 4,7 milliards un an plus tôt, tandis que le chiffre d'affaires a bondi de 40% à 51,2 milliards de dollars, d'après un communiqué mardi.

L'action prenait 3,19% à 404,05 pence à la Bourse de Londres vers 10h00 GMT dans un marché en légère baisse, les analystes ayant anticipé cette perte et se focalisant plus sur le chiffre d'affaires et les bénéfices sous-jacents qui ont dépassé les attentes.

L'action était également soutenue par l'annonce d'un programme de rachat d'actions.

"Lors d'un trimestre dominé par les événements tragiques en Ukraine et par la volatilité des marchés de l'énergie, la priorité de BP a été de fournir l'énergie fiable dont ont besoin nos clients", a commenté le directeur général Bernard Looney.

"Notre décision en février de nous séparer de notre participation dans Rosneft se traduit par une forte perte (...) mais n'a pas changé notre stratégie, notre cadre financier ou nos attentes en terme de distribution aux actionnaires", ajoute-t-il.

La sortie de Rosneft se solde par une charge avant impôt de 25,5 milliards de dollars qui reflète la valeur de la participation dans le groupe russe mais aussi la perte de revenus en Russie.

BP avait annoncé quelques jours après le début de l'invasion russe en Ukraine qu'il allait sortir de Rosneft, dans lequel il détenait une participation de 19,75%.

Le groupe était présent depuis plus de 30 ans en Russie et comptait depuis 2013 parmi les actionnaires de Rosneft. Le groupe britannique avait précisé se désengager de ses autres intérêts en Russie.

- Investissement en mer du Nord -

BP a parallèlement annoncé mardi son intention d'investir jusqu'à 18 milliards de livres au Royaume-Uni d'ici 2030, "pour aider le pays à atteindre son but de neutralité carbone".

Face à l'invasion russe en Ukraine, le gouvernement britannique a remis l'accent sur la sécurité énergétique et non plus seulement sur la transition vers la neutralité carbone.

BP signale donc qu'il va "continuer à investir dans le pétrole et le gaz en mer du Nord".

Le groupe indique aussi prévoir de payer "jusqu'à 1 milliard de livres en impôts sur bénéfices en mer du Nord, en plus d'environ 250 millions de livres payés annuellement à travers d'autres impôts au Royaume-Uni ces dernières années".

BP, Shell et le gouvernement britannique se sont pour l'instant opposés aux appels à une taxe spéciale sur les bénéfices des géants pétroliers.

Pour Russ Mould, analyste de AJ Bell, malgré la perte nette annoncée et en dépit des investissements dévoilés au Royaume-Uni, "la pression politique" pour imposer une taxe "devrait augmenter à mesure que le coût de la vie s'envole", avec une inflation britannique au plus haut depuis 30 ans.

Pour Michael Hewson, analyste de CMC Markets, une telle taxe relèverait toutefois de l'"analphabétisme économique" car elle "servirait seulement à décourager l'investissement".

Russ Mould note aussi que si "BP a pour ambition de devenir plus vert", les annonces sur les investissements dans les champs pétroliers et gaziers en mer du nord "rappellent que les carburants fossiles, avec les dégâts environnementaux et géopolitiques qu'ils entrainent, restent au coeur de l'entreprise pour l'instant".

Par ailleurs, la Commission européenne devrait proposer mardi un 6e paquet de sanctions qui comprendrait un calendrier d'arrêt progressif des importations de pétrole russe, qui représentent 30% des importations de pétrole de l'Union européenne.

Cela pourrait raffermir les cours des hydrocarbures, qui ont flirté avec leurs records historiques depuis l'offensive russe en Ukraine, grimpant à 139 dollars le baril avant de se stabiliser ces derniers jours autour de 110 dollars.

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