Budget: la hausse des dépenses prévues en 2022 s'intensifie

  • AFP
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Soucieux d'éviter une grogne sociale face à l'inflation, le gouvernement prévoit d'ouvrir davantage son portefeuille en 2022, quitte à accentuer la forte hausse déjà prévue des dépenses, en misant sur le fait que la reprise économique, meilleure que prévue, atténuera le choc.

La stratégie du gouvernement "repose sur deux piliers, l'investissement et la protection. Nous investissons pour le long terme dans les compétences et dans les nouvelles filières industrielles (...) et nous devons dans le même temps, dans ce projet de loi de finances (2022), protéger les Français contre des augmentations de prix qui sont insupportables pour eux", a déclaré vendredi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire en présentant à la presse les modifications que le gouvernement entend apporter à son projet de budget 2022.

La première version, présentée fin septembre, contenait déjà une hausse sensible de 11,8 milliards d'euros des dépenses des ministères mais c'était sans compter sans certaines annonces attendues faites depuis par le gouvernement. Des manques, qui avait d'ailleurs ulcéré le Haut conseil des finances publiques (HCFP), chargé d'évaluer la crédibilité des prévisions du gouvernement.

Le gouvernement vient donc d'ajouter 10,2 milliards d'euros de dépenses supplémentaires, qui comprennent les premiers crédits du plan France 2030 annoncé par Emmanuel Macron en faveur des filières industrielles d'avenir (2,8 milliards) et le financement du plan compétences dévoilé fin septembre par Jean Castex, ainsi que le futur contrat d'engagement pour les jeunes (1,2 milliards).

Mais le gros morceau est composé de toutes les mesures prises ces dernières semaines pour compenser la flambée des prix de l'énergie (gaz, électricité et carburants). Au total, elles coûteront 6,2 milliards d'euros en 2022, dont 2,3 milliards pour achever le versement de l"'indemnité inflation" annoncée jeudi soir par le Premier ministre pour 38 millions de personnes.

Le reste comprend la prise en charge du plafonnement de la hausse des tarifs de l'électricité et l'indemnisation des entreprises gazières pénalisées par le gel des prix jusqu'à la fin de l'année.

"Si vous mettez tout bout à bout (...) ça constitue une protection solide contre l'augmentation des prix à laquelle nous assistons aujourd'hui, et qui est je le rappelle la conséquence de la forte reprise économique", a justifié Bruno Le Maire en déplacement à Briançon.

- dette sous les 114% -

L'économie française devrait ainsi faire mieux que prévu en 2021, avec une croissance déjà révisée à 6,25% par le gouvernement, contre 6% précédemment, et une progression de l'emploi bien meilleure qu'anticipée.

"Nous estimons qu'en 2021, l'économie française aura créé non pas 325.000 mais 460.000 emplois salariés marchands supplémentaires, ce qui est un résultat exceptionnel", s'est félicité M. Le Maire.

Conséquence: le gouvernement pourra compter sur des recettes fiscales bien meilleures que prévu, avec 10 milliards de plus sur 2021 et 2022. De quoi se donner un peu d'air pour absorber les dépenses nouvelles.... et pour contenir le déficit public.

Il sera finalement de 8,1% du PIB en 2021, contre 8,4 précédemment anticipé, et 9,4% en 2020, avant de décroître à 5% du PIB en 2022.

C'est 0,2 point de plus que ce qui était inscrit jusqu'ici dans le projet de budget, mais Bercy avait déjà indiqué que ce ne serait pas tenable, tout en promettant de ne pas dépasser les 5%.

"Nous tenons notre parole. Nous sommes une nouvelle fois sincère, nous tenons les 5% de déficit en 2022", a défendu Bruno Le Maire, ajoutant que la dette publique serait ramenée "sous les 114%" du PIB, en réponse aux critiques de ceux dans l'opposition qui fustigent une flambée des dépenses à quelques mois de l'élection présidentielle.

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