Canada: le gouvernement a nationalisé l'oléoduc Trans Mountain au prix fort

  • AFP
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Le gouvernement canadien de Justin Trudeau a payé le prix fort en nationalisant l'an passé pour 4,4 milliards de dollars canadiens (2,9 milliards d'euros) l'oléoduc controversé Trans Mountain, selon le rapport d'une agence de vérification des comptes publics publié jeudi.

Face à l'engorgement des oléoducs canadiens et à l'incertitude que cela générait dans l'industrie pétrolière, Ottawa avait racheté en août 2018 au groupe américain Kinder Morgan cet oléoduc reliant les champs pétroliers de l'Alberta à la côte pacifique, à travers les montagnes Rocheuses.

Long de 1 200 km, et actuellement saturé, il doit être triplé de capacité, à 890 000 barils de pétrole par jour, selon un projet d'agrandissement. Les travaux tardent toutefois à démarrer en raison d'une décision judiciaire et de la forte opposition d'une partie de la population de l'ouest canadien.

Or, dans son rapport "Achat du pipeline Trans Mountain par le Canada: considérations financières et économiques", le bureau du Directeur parlementaire du budget (DPB, fonctionnaire indépendant fournissant au Parlement un audit permanent des comptes publics) estime que la valeur de l'oléoduc est comprise "entre 3,6 milliards de dollars et 4,6 milliards de dollars". "Le gouvernement du Canada a payé 4,4 milliards de dollars, prix qui se situe dans le haut de la fourchette de la valeur du pipeline selon notre analyse", a donc relevé le DPB, Yves Giroux.

Le projet d'agrandissement avait été évalué en 2016 à 7,4 milliards de dollars canadiens, hors rachat de l'oléoduc existant, mais le DPB estime plutôt que le nouveau pipeline "coûterait 9,3 milliards de dollars à bâtir et qu'il entrerait en service le 31 décembre 2021".

Fin août 2018, la justice canadienne avait retoqué ce projet, stratégique pour le gouvernement de M. Trudeau, au motif qu'il n'avait pas suffisamment pris en compte les craintes de groupes autochtones de la région, sur ses conséquences environnementales, en particulier la faune marine. Ottawa a annoncé en octobre qu'il allait à nouveau consulter les communautés autochtones concernées, espérant pouvoir relancer rapidement les travaux. "Tout retard de la construction ou toute augmentation des coûts se répercutera à la baisse sur la valeur du pipeline", a averti le DPB.

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