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Le gouvernement a annoncé mardi un coup de pouce aux travailleurs de la classe moyenne, en revalorisant de 10% le barême de l'indemnité kilométrique pour les ménages imposés déclarant leurs frais professionnels afin de les aider face aux prix à la pompe.
Avec ce dispositif, qui permettra une réduction moyenne annuelle d'impôt de 150 euros selon Bercy, l'exécutif a choisi de s'adresser à "ceux de nos concitoyens qui roulent beaucoup, c'est-à-dire ceux pour qui le véhicule est finalement un moyen de travail ou de recherche d'emploi", a expliqué devant l'Assemblée nationale Jean Castex, citant les "infirmières" ou "aides à domicile" en milieu rural.
Une manière aussi pour le gouvernement de combler un angle mort, puisqu'une partie des Français n'étaient pas concernés par l'indemnité inflation de 100 euros en cours de versement, ou le chèque énergie supplémentaire.
Ce "dispositif complémentaire", expliquent les services de Bercy, permet de toucher les "déciles de revenus 4 à 7", "le coeur de classe moyenne".
Chaque calcul dépendra de la tranche d'imposition, de la cylindrée, ou de la distance parcourue.
"Vous ne parlez qu'aux Français qui sont imposables", a dans la foulée regretté la patronne des députés socialistes Valérie Rabault. "Vous ne parlez absolument pas à ceux qui gagnent moins de 1.295 euros nets par mois", a-t-elle insisté, évoquant les "17 millions de Français qui prennent chaque jour la voiture pour aller travailler".
Au total, cette réévaluation du barême devrait concerner 4,3 millions de foyers (5,6 millions de personnes) déclarant leurs frais réels, dont 2,5 millions sont effectivement imposés, de source gouvernementale.
"L'effet sera rapide et direct dès leur déclaration d'impôt sur les revenus 2021 ou les bénéfices de l'année dernière", a assuré M. Castex.
Ce relèvement devrait être officialisé "dès cette semaine" par un arrêté, a encore précisé le Premier ministre.
Selon lui, "cette revalorisation a vocation également à servir de référence, et donc potentiellement à se répercuter, sur les indemnités kilométriques directement versées par les employeurs à leurs salariés qui utilisent leur véhicule personnel".
- Plus de 15 milliards -
Les prix des carburants volent de record en record, poussés par la hausse des cours du brut, et le gouvernement phosphorait depuis plusieurs jours pour répondre à cette situation qui ampute le pouvoir d'achat des Français à dix semaines de la présidentielle.
L'exécutif a déjà sorti plusieurs fois le carnet de chèques ces derniers mois face à l'inflation, versant notamment une prime de 100 euros à 38 millions de personnes.
"20 millions de Français l'ont d'ores et déjà reçue", a dit mardi M. Castex.
"Les agents publics qui sont éligibles recevront leur indemnité sur la paie de fin janvier. Et fin février, s'ajouteront 12 millions de nos concitoyens retraités, qui la percevront via leurs caisses de retraite", a-t-il précisé.
A cela, s'est ajouté en décembre un versement supplémentaire exceptionnel de 100 euros pour six millions de ménages bénéficiaires du chèque énergie. Le gouvernement a aussi bloqué les prix du gaz et limité à 4% la hausse des prix de l'électricité, mettant EDF à contribution pour y parvenir.
En tout, 15 milliards ont donc déjà été mis sur la table pour tenter d'amortir l'inflation. S'y ajoutent donc 400 millions d'euros pour le relèvement du barême de l'indemnité kilométrique. "Un effort inédit, responsable, juste et nécessaire", a vanté mardi M. Castex.
Le chef du gouvernement, dans le sillage du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, a en revanche écarté tout abaissement de la TVA sur les carburants à 5,5%.
Ce "n'est pas la solution" car cette mesure "n'est pas ciblée sur ceux qui en ont le plus besoin", et elle "coûte des milliards avec le risque qu'elle soit immédiatement effacée si le cours du baril grimpe encore", a plaidé M. Castex.