Chine, récession : le prix du pétrole retombe à son plus bas de l'année, avant une nouvelle intervention de l'OPEP+ ?

  • AFP
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Après avoir frôlé leurs records historiques en mars, les cours du pétrole sont lourdement retombés pour retrouver leur niveau de début 2022, la morosité économique, y compris en Chine, éclipsant les craintes de pénurie liées à la guerre en Ukraine.

Un déclin qui pourrait inciter les pays exportateurs de l'Opep et leurs alliés de l'Opep+, au premier rang desquels la Russie, à resserrer leur offre pour tenter de faire remonter les prix lors de leur réunion dimanche. Ils évoluent respectivement à leurs plus bas depuis décembre 2021 et janvier 2022.

Les deux références mondiales du brut sont désormais bien loin de leurs sommets de mars, quand elles avaient toutes deux tutoyé leurs plus hauts historiques, à plus de 130 dollars le baril, quelques jours après le début de l'invasion russe de l'Ukraine. Le WTI a depuis perdu 43% et le Brent 41%.

L'inflation flambe en Europe comme outre-Atlantique et atteint des sommets depuis des décennies jusqu'au Japon, tandis que la récession guette au Royaume-Uni et dans d'autres pays.

S'ajoute à cela la reprise épidémique en Chine, deuxième pays consommateur et premier importateur de brut dans le monde.

La Chine fait face à son pire regain épidémique depuis avril, lorsque Shanghai - la troisième ville la plus peuplée du monde - était sous confinement et que ses habitants avaient du mal à acheter de la nourriture et à accéder aux soins médicaux.

L'augmentation des cas, même si leur nombre reste faible proportionnellement aux 1,4 milliard d'habitants du pays, "accroit la probabilité d'un sévère confinement généralisé", souligne Caroline Bain, analyste chez Capital Economics. "L'engagement du pays en faveur du zéro Covid a gravement nui à la croissance de la deuxième économie mondiale et, par extension, à la demande de brut", tout en contribuant à "l'énorme incertitude économique mondiale", affirme Craig Erlam, analyste chez Oanda.

La draconienne politique du "zéro-Covid", dont le gouvernement ne démord pas, consiste en des confinements à répétition et tests PCR quasi-quotidiens de la population. Et à mesure que les cas augmentent, les espoirs de réouverture de l'économie s'évaporent.

Intervention de l'Opep+

Les analystes n'excluent cependant pas une nouvelle intervention de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+), qui pourrait à nouveau décider de sabrer ses objectifs de production pour soutenir les cours. En effet, les prix du brut sont désormais à des niveaux inférieurs à ceux d'octobre, lorsque l'alliance avait décidé d'une coupe drastique de ses quotas de production pour novembre de 2 millions de barils par jour.

Les investisseurs scrutent également les discussions autour du plafonnement du prix du pétrole russe souhaité par une coalition des pays du G7, de l'Union européenne et de l'Australie. "Il semble de plus en plus probable qu'il soit fixé à un niveau qui n'entrave pas particulièrement la capacité de la Russie à vendre du brut", estime Craig Erlam, analyste chez Oanda.

La presse financière avait évoqué la semaine dernière une fourchette de prix comprise entre 65 et 70 dollars le baril, soit une limite effectivement supérieure au cours actuel du brut russe, qui se vend avec une forte décote. Une fois définie, cette limite permettrait d'échapper à l'embargo européen sur l'assurance et le transport du pétrole russe qui doit entrer en vigueur le 5 décembre prochain pour peu que ce dernier soit vendu au prix plafond ou en-deçà.

Une dernière inconnue subsiste dans l'équation : la réaction de la Russie à la fixation du prix, le Kremlin ayant déjà prévenu que Moscou ne livrerait plus de pétrole aux pays qui mettraient en place un tel plafonnement.

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