"Chocs" économiques: l'OFCE revoit nettement à la baisse la prévision de croissance française

  • AFP
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La croissance du PIB en France ne devrait pas dépasser 2,7% en 2022, a indiqué mardi l'OFCE, sabrant de 1,5 point sa prévision de l'automne dernier en raison de la multiplication et de la durée des "chocs" économiques.

"Prix de l'énergie, vague Omicron, difficultés d'approvisionnement, incertitudes géopolitiques, remontée des taux": "à l'aune de ces nouveaux chocs, nous avons révisé notre prévision de croissance pour la France de 4,2% à 2,7% en 2022", écrit l'Observatoire français des conjectures économiques (OFCE) dans une étude publiée mardi. La précédente prévision de l'OFCE remontait à l'automne dernier.

Aussi, selon cette nouvelle étude, au-delà de l'acquis à la fin du premier trimestre 2022, "la croissance s'établirait à 0,2% au deuxième, puis évoluerait à un rythme de 0,3% aux troisième et quatrième trimestres".

Sur l'ensemble de l'année, les divers "chocs" "amputeraient le PIB de 2,3% en 2022", note l'OFCE. "Les mesures budgétaires mises en place" pour tenter de les amortir permettraient toutefois de limiter cet impact à 0,8 point de PIB.

La seule flambée des prix de l'énergie (gaz et pétrole), en partie liée aux conséquences de l'invasion russe de l'Ukraine, est susceptible de constituer un coût de 1,3 point de PIB en 2022, précise encore l'étude. Mais ce coût est réduit à 0,7 point de PIB à la faveur des mesures prises par le gouvernement pour limiter leur envolée, dont le bouclier tarifaire.

Néanmoins, en dépit de ces mesures, la hausse des coûts énergétiques contribue nettement à l'accélération de l'inflation, rapporte l'étude: il représente 2,5 points sur un total de 4,8% en avril, en glissement annuel. Sur l'ensemble de l'année, cet impact est évalué à 1,9 point, contre 4 points si aucune mesure budgétaire n'avait été prise.

Sur ces mesures gouvernementales, leur coût pour le budget devrait atteindre "1,5 point de PIB en 2022", indique par ailleurs l'OFCE.

Dans son étude, l'Observatoire mesure aussi le coût pour la croissance française des tensions géopolitiques, en premier lieu avec l'Ukraine. Ainsi, si la tension se maintient en l'état jusqu'en fin d'année, l'impact sera de "0,5 point de PIB".

Jusqu'ici, l'impact a été plus marqué en Allemagne (-0,6 point) qu'en France (-0,3) ou aux Etats-Unis (-0,2), relève l'OFCE.

Enfin, "les difficultés d'approvisionnement, alimentées notamment par la stratégie zéro-Covid de la Chine", diminueraient pour leur part la croissance française "de 0,3%", d'après l'organisme.

Au niveau mondial, le rapport de l'OFCE, intitulé "L'économie mondiale sous le(s) choc(s)", rappelle que la "dynamique de reprise" a "marqué le pas au premier trimestre". Et si les mesures de soutien des Etats ont entraîné un nouveau dérapage des finances publiques dans les pays développés, il s'inquiète surtout pour les pays émergents.

"La crise ukrainienne et le choc d'offre qu'elle suscite sur les marchés des matières premières (...) frappent de plein fouet des économies fragilisées par la pandémie", est-il écrit.

Dans le contexte d'une "nette accélération de l'inflation", "l'arrêt des exportations de biens agricoles, et principalement de blé, en provenance d'Ukraine et de Russie, va poser de graves problèmes d'approvisionnement dans les pays (...) les plus dépendants d'Afrique et du Moyen-Orient", juge l'étude. En conséquence, "le risque de crise alimentaire est réel", tandis que celui d'une "crise financière" n'est pas "à exclure".

Commentaires

APO

Avec l'inflation en cours, une "croissance" de 2.7% ne sera t'elle pas une forme de décroissance !?
Les partis politiques aiment bien habiller la croissance comme une mariée !!! Après tant d'années de croissance, ne devrait-on pas chercher à mettre en avant de la décroissance programmée pour respecter nos environnements divers et les ressources de cette planète qui est et sera le seul lieu de vie humaine à large échelle...

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