Clap de fin pour le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim

  • AFP
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Le réacteur n°1 de la centrale de Fessenheim, plus ancienne centrale nucléaire française en activité, doit être définitivement mis à l'arrêt dans la nuit de vendredi à samedi, un clap de fin historique qui met les nerfs des salariés à vif et divise.

L'opération doit commencer vendredi à 20h30 et s'achever à 02h00 du matin samedi. Elle mettra un point final à des années de remous, de débats et de reports sur le sort de la centrale alsacienne, bâtie dans les années 1970 à un jet de pierre de la frontière avec l'Allemagne.

Pourrait-elle être remise en cause ? Certains salariés menacent de désobéir et de ne pas appliquer les procédures d'arrêt du réacteur à eau pressurisée de 900 mégawatts (MW) tandis que d'autres jugent une telle initiative "impensable".

"Une équipe de quart, composée de dix à quinze à personnes", doit initier vers 20h30 le processus d'arrêt du réacteur, a expliqué à l'AFP une source syndicale au sein de la centrale. "Pour l'ensemble du personnel de quart, cette nuit d'arrêt du réacteur N.1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre", explique encore cette source.

"Dire si réellement certains agents refuseront de le faire, c'est une initiative personnelle pour laquelle je ne peux pas me prononcer", poursuit cette source. Mais un autre salarié estime "complètement impensable" que les procédures ne soient pas respectées. "C'est une question d'honneur. Le travail sera fait et bien fait. Tout le monde suivra les ordres".

Si la procédure suit son cours normalement, la puissance du réacteur doit baisser progressivement et il sera déconnecté du réseau électrique national lorsqu'il sera descendu à 8% de sa puissance habituelle. La procédure est identique à celle d'une opération de maintenance classique. Mais cette fois, aucune remise en service n'aura lieu.

« Célébration transfrontalière »

Le réacteur n°2 doit lui être arrêté le 30 juin. Un décret publié au Journal officiel mercredi "abroge l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim dont EDF est titulaire", inscrivant noir sur blanc le caractère définitif de cet arrêt.

L'évacuation du combustible de la centrale sera, selon le calendrier prévu, achevée en 2023. Ensuite doit se poursuivre la phase de préparation au démantèlement, processus inédit en France à l'échelle d'une centrale entière qui devrait commencer à l'horizon 2025 et se poursuivre au moins jusqu'en 2040.

Pour Matignon, la fermeture de Fessenheim "constitue une première étape dans la stratégie énergétique de la France, qui vise un rééquilibrage progressif" entre les différents types d'énergies, avec une diminution progressive de la part du nucléaire dans la production nationale d'électricité - 70,6% en 2019, la plus importante au monde - et une augmentation de celle de l'électricité d'origine renouvelable.

Mais la polémique sur le bien-fondé de cette fermeture ne va pas cesser avec l'arrêt du réacteur n°1. Samedi, pro-Fessenheim et antinucléaires feront entendre leurs voix en affichant une même priorité, l'écologie, mais avec des arguments bien différents.

Les associations de défense de l'environnement, vent debout depuis des années contre cette centrale, et encore davantage depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, tiendront une conférence de presse à Colmar dans la matinée.

Puis elles se rassembleront dans le centre de Strasbourg l'après-midi, rejointes notamment par l'association écologiste allemande Bund. Celle-ci a prévu de déboucher le "Sekt" (vin mousseux allemand), mais pas avant l'arrêt du deuxième réacteur le 30 juin. "L'arrêt de cette centrale moribonde est un motif de célébration transfrontalière, mais pas un motif de triomphe", le combustible radioactif restant présent encore plusieurs années, a-t-elle commenté.

« Plongée dans le noir »

À l'inverse, le député LR du Haut-Rhin Raphaël Schellenberger a demandé aux salariés "pardon pour ce choix irresponsable dont vous êtes les premières victimes".

Quant à la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne qui se rend vendredi dans le Haut-Rhin, elle a assuré qu'il n'y aurait "aucune perte d'emploi".

Samedi matin pourtant, les élus locaux iront brandir une banderole au pied de la centrale, réclamant que l'État n'abandonne pas ce territoire abreuvé depuis 40 ans par les taxes versées par EDF. Ils redoutent que des centaines de familles dotées de revenus confortables ne le quittent.

Les élus seront suivis dans l'après-midi par des associations pro-nucléaire qui veulent "protester contre cet acte de vandalisme climatique et environnemental".

Douze réacteurs supplémentaires, sur les 58 que compte la France, doivent être arrêtés d'ici 2035, sans toutefois conduire à des fermetures complètes de centrales comme à Fessenheim.

Dans la petite commune de moins de 2 500 habitants, l'éclairage public sera éteint toute la nuit de vendredi à samedi. Une "plongée dans le noir" qui symbolisera un territoire "qui n'a pas beaucoup de lueurs d'espoir", a expliqué son maire Claude Brender.

Commentaires

JPM

C'était trop tôt pour fermer ces deux réacteurs . C est une connerie monumentale , juste pour contenter quelques écolos antinucléaires qui préfèrent se priver de cette énergie décarbonée au profit d'un énergie qu'il nous faudra acheter aux Allemands lors des pointes de consommation grâce à leurs centrales thermiques au charbon et au lignite. Car les EnR , éoliennes et solaires , ne pourront pas toujours pallier le manque de ces 1800MW qui correspondent à une production annuelle de 11800 GigaWh alors qu'une éolienne de 2 MW produit 4,2GWh/an. Il faudrait donc à l'heure actuelle 2800 éoliennes pour compenser ces deux tranches.

Houyo

Et vous avez l'air de vous y connaitre en "connerie monumentale" : autant de bêtises en si peu de lignes, sacré performance !

Xone

JPM, entièrement d'accord avec vous. Le nucléaire n'est peut-être pas la panacée mais en effet c'est décarboné et ce ne sont certainement pas les éoliennes (avec le socle de plusieurs tonnes de béton qui va avec, entre autre) et les panneaux solaires qui vont alimenter toute la France en électricité. Bien sûr que nous allons aller chercher de l'electricité fossile en Allemagne. comment pourrions nous faire autrement?
Ici on caresse les écologistes dans le sens du poil. la perte économique pour la région et pour ses habitants est énorme.
sans compter tout ce que l'Etat (nous) va devoir payer à EDF pour cette fermeture (car ça coûte cher une fermeture) plus le manque à gagner (ben oui les travaux de mises aux normes étaient faits pour faire durer la centrale jusqu'en 2041) qui va s'élever à quelques milliards!
Bien sûr que je suis écologiste, tout le monde est écologiste. Mais il faut être raisonnable.
on veut, à raison, supprimer les émissions de CO2 mais on veut se priver d'une énergie décarbonée.
que faut-il faire? couvrir les champs de panneaux solaires et d'éoliennes,? Vous irez expliquer ça aux agriculteurs.

JPM

A Mr HOUYO
Cher monsieur, je conçois tout à fait que vos opinions soient à l'inverse des miennes. C'est là tout l'intérêt des débats. Je ne conteste pas le fait que je puisse dire des conneries, tout le monde un jour ou l'autre en professe!
je vous saurais gré seulement de me dire là où résident d'après vous mes plus grosses erreurs. Ingénieur dans la sécurité et la sûreté je ne cite que des chiffres issus de mes propres calculs à partir de sources officielles qui sont vérifiables par tout un chacun. Je tiens à votre disposition ces calculs et les chiffres de l'énergie en Allemagne, où je courant est 2 fois plus cher que chez nous. Après avoir investi plus de 500 milliards dans les EnR, soit environ 42 EPR, en 2017 les émissions de CO2 de l'Allemagne étaient encore identiques à celles de 2009! Le kWh électrique occasionne 9 fois plus de CO2 qu'en France ( 490g CO2/kWh contre 53gCO2/kWh pour la France.) C'est le 6ème pays au monde émettant le plus de CO2, soit 2,3% des émissions mondiales contre 0,9% pour la France.
Quant au calcul des éoliennes j'ai tenu compte d'un facteur de charge de 0,24 pour les éoliennes et de 0,75 pour le nucléaire. Tous ces chiffres sont vérifiables auprès de l'ADEME. et des différentes sources officielles. Ce sont des calculs simples à la portée de n'importe qui capable de faire une multiplication et une division encore faut-il en avoir le courage.

Houyo

Cher M. JPM,
Je vous réponds tard n'ayant pas reçu de notification de réponse. Je ne dispose pas de beaucoup de temps aussi serai-je bref. Je reprends votre commentaire :

####"(...) se priver de cette énergie décarbonée au profit d'un énergie qu'il nous faudra acheter aux Allemands lors des pointes de consommation grâce à leurs centrales thermiques au charbon et au lignite."
D'une part la France est en surcapacité d'au moins 10 réacteurs nucléaires, donc non la fermeture de Fessenheim ne conduira pas à importer d'électricité d’outre-Rhin (carbonée ou non d'ailleurs : Allemagne 46% d'électricité renouvelable en 2019 d'après l'AIE). D'autre part, vous n'êtes pas sans savoir que le nucléaire n'est pas adapté pour faire face aux pointes de consommation (non je ne parle du suivi) d'où les centrales thermiques à flammes en activité en France et ce depuis longtemps (et l'hydroéléctricité bien sur mais qui sert également à d'autres usages). https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_centrales_thermiques_%C3%A0_fla…

### "Car les EnR , éoliennes et solaires , ne pourront pas toujours pallier le manque de ces 1800MW (...)"
Un seul des deux réacteurs a été arrêté vendredi, soit 900 MW de capacité. Pour le complément, repostez votre commentaire dans quelques mois. En outre il n'y a pas que l'offre pour pallier à un manque de capacité de production, il y a également la gestion de la demande. Solution vers laquelle on s'oriente à l'international et qui de toute façon (75% de nucléaire ou moins) devra être également développée en France pour faire face aux nouveaux usages (véhicules électriques notamment).

### "(...) qui correspondent à une production annuelle de 11800 GigaWh alors qu'une éolienne de 2 MW produit 4,2GWh/an. Il faudrait donc à l'heure actuelle 2800 éoliennes pour compenser ces deux tranches."
Ça fait plusieurs années que la puissance des éoliennes que l'on installe dépasse largement les 2 MW, y compris en terrestre. Et quitte à faire des calculs de coin de table, pourquoi prendre le cas le plus défavorable? Peut-être pour faire la promotion de l'infaisabilité? Quand on veut tuer son chien...
SI on devait remplacer les deux réacteurs de Fessenheim par de l'éolien, ne croyez vous pas qu'on opterait pour les technologies actuelles? Par exemple, la future éolienne offshore Haliade-X (dont les pales sont fabriquées en France) de 12 MW et d'un facteur de charge de 40%. Dans ce cas favorable, on est au-delà d'un facteur 10 par rapport à votre calcul...
MAIS de toute façon on ne remplacera JAMAIS la production de Fessenheim par une technologie d'ENR unique car ce serait particulièrement idiot, l'une des forces des ENR étant justement leur complémentarité. EN OUTRE, vous ne trouverez pas un seul scénario de transition énergétique qui s'axe uniquement sur la substitution de technologie : tout le monde reconnait que l'efficacité et la sobriété seront centrales. Alors de grâce, ne commettez plus ces règles de trois qui ne correspondent à rien, elles impressionnent peut-être le néophyte mais elles vous décrédibilisent auprès de ceux qui sont correctement informés (et en plus ça m'énerve, d'où mon commentaire).

Bien à vous.

JPM

à M.Houyo Moi aussi je réponds un peu tard mais je ne viens pas ici tous les jours et je m'occupe d'une association de défense de l'environnement, eh oui, qui me prend beaucoup de temps.
Alors je crains de vous décevoir un peu mais je vous convie à venir en discuter avec moi si vs passez un jour dans la région lyonnaise.
Dire que la France est en surcapacité de 10 réacteurs nucléaires du seul fait que le solde exportateur est de 55,7 TWh est un raisonnement simpliste qui ne tient pas compte des besoins par rapport à la production. En effet ce solde de 55,7TWh ( qui nous permet entre autres de payer moins cher le kWh) est du à une exportation de 84 TWh et aussi d'une importation de 28,3 TWh . Et c'est là où ça se complique: il est des moments où l'on est obligé, malgré le total de la puissance installée, d'importer du courant d'Allemagne, Suisse, Belgique, Espagne et Grande Bretagne et Italie. Le 19 nov 2019 à 9h il a fallu importer en urgence une puissance de 17,4 GW par exemple. Parfois cette importation, je vous l'accorde, n'est pas due à un manque de moyens chez nous mais au fait que cette importation est plus intéressante économiquement car moins chère que s'il fallait mettre en route des moyens chez nous plus coûteux. Donc là encore c'est bon pour notre portefeuille.
Quant aux éoliennes , je maintiens que leur puissance moyenne actuelle en France est bien de 2 MW. Vous n'avez qu'à diviser la puissance totale installée par le nombre d'éoliennes pour retrouver ce chIffre.Bien sûr les nouvelles éoliennes terrestres mises en route récemment ont des puissances plus élevées de 3,4 et même 6 MW. mais celles dont vous parlez sont uniquement installées en éolien offshore le plus puissante actuellement est celle de Vestas avec 8,4 MW. Celle de 12MW que vous évoquez est un prototype en expérimentation à Rotterdam, et ne sera jamais posé en terrestre. Et vous le savez bien car je vois que vous vous renseignez, il est donc malhonnête, intellectuellement parlant, de me dire que je me trompe d'un facteur 6 sur la puissance des éoliennes terrestres! Pour l'heure c'est moi qui ai raison: une tanche de Fessenheim arrêtée en février 2020 ne peut être compensée actuellement par un parc d'éoliennes qui est inexistant pour l'heure.C'est tout je n'ai rien voulu dire d'autre c'est un fait. Quand les problèmes de stockage seront résolus, alors on pourra arrêter plus facilement les centrales nucléaires.
J'espère que vous ne serez pas trop énervé en lisant ces propos, mais je vous invite à avoir une lecture moins partisane du mix énergétique de la France Il ne s'agit pas d'être pro ou anti nucléaire, ces deux positions sont ridicules et n'apportent que des chamailleries stériles. Le nucléaire c'est 10% de notre consommation d'énergie primaire dont 80% nous est encore fournie par du fossile Alors il est là le vrai problème, ce n'est pas la production d'énergie électrique.

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