Climat : l'AIE presse le secteur pétrolier d'agir sur ses émissions de méthane

  • AFP
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Après une baisse de ses émissions de méthane l'an dernier en raison de la crise, l'AIE a pressé lundi l'industrie des hydrocarbures d'agir pour éviter un rebond de ce gaz très nocif pour le climat.

"La tâche pour l'industrie pétrolière et gazière est maintenant de s'assurer qu'il n'y ait pas de résurgence des émissions de méthane, même avec la reprise économique mondiale, et que 2019 reste comme leur pic historique", a déclaré le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol. Ce gaz possède un effet réchauffant sur le climat bien plus important que le CO2. Outre l'agriculture, ses émissions proviennent pour bonne partie des fuites liées à l'industrie pétrolière et gazière.

Pourtant, le problème du méthane "n'attire malheureusement pas assez l'attention", a regretté M. Birol lors d'une conférence de presse. Les émissions de méthane du secteur du pétrole et du gaz ont chuté de 10% l'an dernier mais c'est en raison de la baisse de la production face à la crise du Covid-19 plus que de la lutte contre les fuites, souligne l'AIE.

"Ces émissions pourraient rebondir fortement sans action plus forte des entreprises, des décideurs politiques et des régulateurs", prévient-elle dans un rapport consacré au sujet, alors que la production pétrolière doit rebondir cette année avec la reprise économique et l'arrivée des vaccins. "Il n'y a pas de bonne raison pour permettre à ces fuites nocives de continuer et il y a toutes les bonnes raisons pour les opérateurs responsables de s'assurer qu'elle soient résolues", a insisté Fatih Birol.

Données fiables

L'AIE souligne que les opérateurs ont aussi un intérêt économique à agir, en valorisant le gaz plutôt qu'en le laissant s'échapper, sans parler des risques pour leur réputation. Fatih Birol a remarqué que ce problème posait aussi un pur risque "commercial" pour les producteurs d'hydrocarbures, confrontés à des clients et des investisseurs de plus en plus soucieux de l'impact environnemental du secteur.

Les entreprises semblent d'ailleurs conscientes du problème: le méthane figure en bonne place au menu de l'Oil and gas climate initiative (OGCI), une alliance qui regroupe nombre de géants du secteur pour améliorer leur bilan climatique.

L'AIE, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, ne presse pas seulement les entreprises d'agir mais aussi les responsables politiques. "Les politiques gouvernementales ont aussi un rôle important: pour inciter les entreprises à agir rapidement, pour pousser à la transparence et à des améliorations de la performance, et en soutenant l'innovation pour obtenir des résultats", a estimé M. Birol. L'AIE publie ainsi une "feuille de route" réglementaire pour aider les pays à agir, ainsi que des données. Le "manque de données fiables" a longtemps été un problème, a reconnu Fatih Birol.

Dans un article paru en février 2020 dans la revue Nature, des scientifiques avaient estimé que les émissions de méthane d'origine humaine avaient été jusqu'à présent largement sous-estimées, de 25 à 40%. Les chiffres de l'AIE montrent que l'industrie du pétrole et du gaz a émis 72 millions tonnes de méthane l'an dernier, l'équivalent des émissions de CO2 liées à l'énergie de l'ensemble de l'Union européenne. Les premiers émetteurs mondiaux sont la Russie (près de 14 millions de tonnes) suivis par les Etats-Unis (11,8 millions).

L'AIE a pressé les gouvernements de se saisir du problème avant la tenue de la COP26 à Glasgow en novembre. Fatih Birol s'est félicité que nombre de gouvernements adoptent des objectifs de réduction du CO2 dans leurs objectifs de neutralité carbone mais souhaite qu'ils intègrent désormais également des cibles pour le méthane.

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