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Éviter un "avenir apocalyptique" : les hauts responsables de l'énergie dans le monde ont fait le constat mercredi de l'urgence de faire plus et plus vite pour le climat, alors que les émissions du secteur repartent déjà à la hausse après le choc de la pandémie.
Le monde doit "faire beaucoup plus maintenant pour transformer les objectifs lointains en actions immédiates", a plaidé Alok Sharma, le président de la 26e COP climat de l'ONU (COP26), qui se tiendra à Glasgow en novembre. "Nous ne pouvons simplement pas nous permettre une autre décennie de délibérations" face à la perspective d'un "avenir apocalyptique", a insisté le Britannique, qui organisait cette réunion aux côtés de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Les responsables énergie et/ou climat d'une quarantaine de pays ont débattu de ce qui doit être fait dans le secteur énergétique, source de trois quarts des émissions de gaz à effet de serre.
Chine, Etats-Unis, Chine, UE, Inde, Japon, Brésil, Indonésie... les principaux émetteurs de la planète, présents, ont fait le même constat d'urgence - en l'absence cependant d'autres acteurs majeurs, tels la Russie ou les pays du Golfe, non membres de l'AIE. "Si on regarde la courbe sur laquelle nous nous trouvons, nous nous dirigeons en réalité vers plus de 4°C" de réchauffement, bien loin de la limite des 2°C que la communauté internationale s'est fixée, a souligné l'émissaire américain John Kerry.
John Kerry a promis que Washington, revenu dans l'accord climat de Paris avec l'élection de Joe Biden, dévoilerait d'ici le 22 avril de nouveaux engagements climatiques ambitieux, "pas juste de belles paroles". La période est charnière: après un coup de frein dû à la pandémie de Covid-19 - un recul inédit depuis la Seconde guerre mondiale - les émissions liées à l'énergie sont déjà reparties à la hausse, tandis que la plupart des plans de relance s'annoncent bien plus "gris" que "verts" selon un premier bilan de l'ONU. Le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, craint un "très fort rebond" en 2021.
Se « débarrasser du charbon »
Le charbon, énergie la plus polluante encore largement utilisée en Asie ou même en Europe, concentre une part des inquiétudes. "Nous devons nous débarrasser du charbon dès que possible" tout en "créant des emplois" dans les régions qui en dépendent, a plaidé vice-président de la Commission chargé du climat, Frans Timmermans.
Autre sujet brûlant : encourager les véhicules à zéro émission, en plein essor mais représentant toujours moins de 1% des ventes.
Pour être un peu plus concrète, l'AIE, qui doit publier mi-mai une feuille de route mondiale permettant d'atteindre la neutralité carbone en milieu de siècle, a listé mercredi sept conditions indispensables à la maîtrise de l'emballement climatique.
En particulier, adopter des mesures de relance vertes et seulement vertes, mais aussi des trajectoires de baisses d'émissions pour les dix ans à venir, et développer des mécanismes de coordination internationale bien plus robustes et efficaces afin d'accélérer et déployer les innovations. Insistant aussi sur la collaboration internationale, Alok Sharma a appelé "tous les pays à s'engager dans un monde zéro émission".
Plusieurs dizaines de pays, représentant 70% des émissions mondiales, ont promis d'œuvrer pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 (2060 pour la Chine). Mais d'autres manquent à l'appel, comme la Russie.
Ce concept de neutralité carbone - qui suppose un équilibre entre les émissions d'origine humaine et leur absorption par des puits de carbone - est toutefois régulièrement critiqué par des défenseurs de l'environnement. Certaines ONG voient dans les solutions mises en avant (plantation massive d'arbres, éventuelles technologies de capture du carbone...) un prétexte pour continuer à émettre. "Les engagements pour la neutralité carbone créent un faux sentiment de progrès climatique", a critiqué mercredi ActionAid.
La conférence de mercredi était pour les gros émetteurs une tentative de "greenwashing avec presque pas d'actions pour véritablement réduire leurs émissions", a pour sa part accusé Corporate Accountability.