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Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à "agir" pour le climat, tout en évoquant des "ajustements" aux propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) dont les membres ont déploré un manque de "soutien clair" du gouvernement. Un engagement en forme de "oui, mais" qui n'a pas satisfait "les 150", l'association qui regroupe 130 des 150 membres de la Convention citoyenne.
"Près d'un an après le lancement de votre convention, la crise sanitaire que traverse notre pays n'a en rien affaibli ma volonté d'agir ni celle du gouvernement, car la crise climatique n'a pas disparu", indique le chef de l'État dans ce courrier daté de lundi qui ne mentionne pas la lettre des "150" datée du même jour. Il s'était engagé fin juin à reprendre 146 de leurs 149 propositions visant à réduire d'au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France, sortant trois "jokers".
Il affirme qu'"au total, ce sont près d'une trentaine" d'entre elles "qui sont déjà, soit totalement, soit partiellement mises en oeuvre". Il cite notamment la future interdiction des terrasses chauffées, l'accélération de "la sortie du fioul", les mesures contre l'artificialisation des sols ou "l'effort sans précédent pour la rénovation énergétique des logements et des bâtiments publics". Mais, prévient-il, "certaines de vos mesures méritent des ajustements, nécessitent une temporalité différente de celle que vous proposez. Parfois, pour le même objectif, des solutions différentes peuvent émerger. Cela ne remet en rien en cause votre ambition, ni la mienne".
Il cite notamment celles concernant le transport aérien, la voiture, la publicité ou l'empreinte écologique du numérique, des propositions qui "font débat dans notre société et suscitent parfois des oppositions fortes". Ce débat est "sain" et "ne doit pas vous effrayer, et encore moins nous conduire à renoncer", ajoute-t-il.
"La réaffirmation des ambitions est plutôt bonne mais il rappelle que ça va être compliqué, mais il va falloir faire des ajustements, mais il y a d'autres réalités", a commenté mardi Grégoire Fraty, co-président des "150". "C'est ce mais qui nous chiffonne un petit peu parce que là où on attendait une réaffirmation d'une grande ambition on a eu un oui mais, et c'est dommage", a-t-il déclaré à l'AFP.
Les citoyens de la Convention sont associés à l'élaboration d'une loi spécifique issue d'une partie de leurs mesures, qui doit être présentée en décembre au Conseil des ministres. Mais face aux craintes d'un détricotage de leurs propositions, ils en ont appelé à l'engagement "formel et public" d'Emmanuel Macron, regrettant un manque d'"ambition générale" pour le climat et l'absence de "soutien clair" du gouvernement à leurs propositions.
La liste des jokers "s'est considérablement allongée au fil des déclarations des ministres et du président" comme la 5G, et d'autres mesures ont été "vidées de leur substance", ont de leur côté dénoncé mardi d'autres "citoyens" ne s'exprimant pas au nom des "150".
Laurence Tubiana, coprésidente du comité de gouvernance de la CCC, a elle réclamé du "respect" pour ces citoyens, suggérant d'autre part à l'exécutif de proposer un plan B s'il ne veut pas de certaines mesures. "Si le sans filtre ne veut pas dire tout accepter, mais alors quoi ? au moins, quelle est l'alternative ?", a-t-elle interrogé mardi devant quelques journalistes.