Climat : une série d'initiatives pour mieux détecter et réduire les émissions de méthane

  • AFP
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Mieux détecter et réduire les émissions de méthane : à la COP27, une série d'initiatives a été dévoilée vendredi pour s'attaquer à ce gaz très nocif pour le climat, lié en particulier à l'industrie des énergies fossiles.

L'ONU a ainsi annoncé un nouveau programme par satellite, baptisé "Methane alert and response system" (MARS), à l'occasion de cette grande conférence internationale sur le climat qui se tient à Charm el-Cheikh en Egypte.

Il s'agira du "premier système mondial et public capable de lier de manière transparente la détection de méthane à un processus de notification", explique l'agence onusienne de l'environnement.

Concrètement, les satellites pourront identifier de grosses fuites de ce gaz et les gouvernements et entreprises seront aussitôt prévenus pour pouvoir agir rapidement. Ces derniers pourront aussi bénéficier de conseils sur la manière de résoudre le problème.

Le méthane (CH4) a un pouvoir réchauffant 80 fois plus puissant que le CO2 sur une période de 20 ans et les scientifiques estiment qu'il est responsable d'au moins un quart du réchauffement climatique actuel.

Super émetteurs

Mais sa durée de vie dans l'atmosphère est beaucoup plus courte que celle du CO2 - 12 ans contre plusieurs siècles - si bien que réduire ses émissions pourrait permettre d'obtenir des résultats rapidement.

Environ la moitié des émissions de méthane est liée à l'activité humaine, en particulier l'industrie pétrogazière et l'agriculture.

À la COP26 de Glasgow l'an dernier, des pays s'étaient engagés volontairement à réduire les émissions de ce gaz d'au moins 30% d'ici 2030, ce qui doit éviter 0,2°C de réchauffement à l'horizon 2050. L'engagement, signé à ce jour par 130 pays, inclut notamment les Etats-Unis et l'Union européenne, mais pas la Russie ou la Chine. "Cela peut être notre meilleur chance de rester à portée de notre objectif de 1,5°C", a dit le président américain Joe Biden dans un discours lors d'une brève visite à la COP27.

Les États-Unis - plus gros producteurs de brut et de gaz au monde - ont à cette occasion dévoilé un nouveau projet de réglementation pour réduire leurs émissions. Les producteurs américains seraient ainsi soumis à des normes plus strictes en matière de méthane, a indiqué l'agence américaine de l'environnement (EPA).

Selon ce nouveau projet de réglementation, tous les puits seront "surveillés de manière routinière à la recherche de fuites" et les "super émetteurs" seront aussi obligés de répondre en cas de fuite détectée par des observateurs "crédibles". Rachel Cleetus, de l'ONG américaine Union of Concerned Scientists, a salué une "étape importante" et demandé que l'administration Biden la "finalise rapidement et mette strictement en place les limites les plus fortes possibles sur la pollution au méthane".

Agir rapidement

Selon un nouvel outil de suivi des émissions de gaz à effet de serre présenté mercredi à la COP27, le bassin permien, épicentre américain de la production d'hydrocarbures de schiste à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique, est le plus gros site producteur de gaz à effet de serre au monde.

Les États-Unis et l'Union européenne ont aussi dévoilé une déclaration commune de pays importateurs et producteurs d'énergies fossiles (Canada, Etats-Unis, Japon, Norvège, Royaume-Uni, Singapour, Union européenne) pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.

Les partenaires veulent aussi réduire leurs émissions de CO2 et "minimiser" le torchage (qui consiste à brûler du gaz sur les sites de production). "Ces pays vont soutenir un renforcement des politiques, la coopération sur la mesure du méthane, et l'engagement des secteurs public et privé pour atteindre ces buts", soutient la présidence américaine. "En agissant rapidement sur le méthane, nous pouvons avoir un impact substantiel pour limiter la hausse de la température mondiale dans les prochaines décennies", a souligné Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne.

Mais le réseau d'ONG Climate Action Network a estimé que si "les intentions semblent louables sur le papier", "le texte n'est pas juridiquement contraignant et n'apporte rien de nouveau".

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