Course contre la montre sur les côtes californiennes pour contenir une marée noire

  • AFP
  • parue le

Une marée noire menaçait lundi les côtes californiennes au sud de Los Angeles où les secours tentaient de contenir la nappe de pétrole qui a déjà pollué les légendaires plages d'Huntington Beach, une "catastrophe environnementale" selon la municipalité.

Oiseaux et poissons morts, pour certains portant des traces de pétrole brut, se sont échoués sur les plages d'Huntington Beach. Elles ont été fermées par les autorités qui ont demandé à tous les habitants de se tenir à distance des eaux polluées, un crève-cœur dans cette ville baptisée "Surf City".

Les plages pourraient rester fermées "pendant des semaines, voire quelques mois", a prévenu la maire Kim Carr, disant redouter un "désastre écologique potentiel" pour la région. De nombreux riverains interrogés par les médias locaux se plaignaient de la forte odeur de bitume flottant dans l'air. Au total, 24 km de plages entre Huntington Beach et Laguna Beach, plus au sud, ont été fermées au public et la pêche a été interdite en raison de cette fuite d'hydrocarbures.

La marée noire, qui pourrait atteindre jusqu'à 480 000 litres de pétrole brut et s'étend sur plus de 30 km2, est vraisemblablement due à une fuite sur un oléoduc passant à proximité. Le PDG de la société texane Amplify Energy, qui exploite cet oléoduc via sa filiale Beta Offshore, a assuré avoir prévenu les garde-côtes samedi matin, dès qu'une suspicion de fuite avait été détectée par ses équipes.

La société a envoyé un véhicule télécommandé pour examiner "plus de 2 400 mètres de tuyaux (...) Nous avons vu un point dont nous pensons qu'il est très probablement à la source" de la fuite, a déclaré lundi Martyn Willsher lors d'une conférence de presse à Huntington Beach. "Des plongeurs vont y descendre cet après-midi" pour vérifier, a ajouté le PDG, soulignant qu'aucune des inspections annuelles menées sur l'oléoduc n'avait détecté de dégradation. Par mesure de précaution, Amplify Energy a mis à l'arrêt tous ses sites de productions et oléoducs dans la zone.

Le traumatisme de 1969

Les garde-côtes, qui supervisent les opérations de secours, ont quant à eux mobilisé de nombreux navires de dépollution. Quelque 12.000 litres de pétrole avaient été extraits de l'eau dimanche soir et 1 600 m de barrages flottants déployés pour contenir la nappe, ont-ils précisé.

Autorités et protecteurs de l'environnement s'inquiétaient particulièrement de l'impact de la marée noire sur les nombreuses réserves écologiques situées dans des estrans et des zones humides en bordure de la côte. La catastrophe a déjà relancé le débat sur la présence de plateformes pétrolières et d'oléoducs à proximité des côtes du sud de la Californie.

"C'est simple : là où vous forez, il y aura des fuites", a déploré le parlementaire démocrate Alan Lowenthal. "Cela va être dévastateur non seulement pour notre faune et notre écosystème marin, mais aussi pour la subsistance de nos villes côtières, qui vivent de la pêche, du tourisme et des loisirs", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Tant que ces plateformes et oléoducs demeurent, nos villes côtières restent sous la menace de désastres potentiels comme celui-ci", avertit l'élu.

L'État de Californie et de nombreuses municipalités tentent de s'opposer par tous les moyens aux projets d'extraction pétrolière offshore depuis le traumatisme de la marée noire de Santa Barbara en 1969, avec ses plages mazoutées et les images quotidiennes de dauphins, loutres et pélicans morts englués dans un carcan de pétrole.

La Californie n'a plus concédé d'autorisation offshore depuis lors, mais sa juridiction s'arrête à environ 5 km des côtes, là où l'État fédéral prend le relais. C'est précisément dans les eaux fédérales que semble s'être produite la fuite à l'origine de la marée noire, à proximité de la plateforme Elly, construite en 1980 pour traiter le brut extrait de puits voisins.

Au total, 23 plateformes pétrolières et gazières, pour la plupart facilement visibles depuis les plages, sont installées dans les eaux fédérales en Californie du Sud. Des écologistes ont à plusieurs reprises attiré l'attention sur la vétusté de certaines installations, rouillées et mal entretenues selon eux, et les risques que cela représentait pour l'environnement.

La nature et les causes de la marée noire actuelle n'ont pas été déterminées mais des fuites avaient déjà été détectées en 1999 sur l'oléoduc reliant deux plateformes du gisement Beta, à l'époque exploité conjointement par Mobil et Shell, rappelle le quotidien Los Angeles Times.

Commentaires

Roland CHARLOU

Une de plus, pas en Bretagne cette fois ci !

LAURENCE LEBRE…

https://www.cls.fr/maree-noire-en-californie-que-voit-on-depuis-l-espac…

Marée noire en Californie : Que voit on depuis l’espace ?
Hier, les plages du Sud de la Californie étaient touchées par une importante marée noire, provoquant une pollution massive au large de la côte. La marée noire causée par la rupture d’un oléoduc a répandu plus d’un demi-million de litres de pétrole dans l’océan.
Pour mesurer les dommages engendrés par ce drame écologique, les experts de CLS ont analysé la zone à l’aide du satellite issu de la constellation Copernicus, Sentinel 1-B de l’Union Européenne. L’image analysée montre l’étendue du déversement sur deux zones de 10 et 6 km de long.

Depuis les années 2000, CLS assiste les autorités internationales (douanes, garde-côtes, marines nationales et agences internationales de sécurité maritime) dans leurs missions de surveillance et de protection du domaine maritime, leurs fournissant une vision plus claire de l’état des mers et des océans.

Mandatée par l’Agence européenne de sécurité maritime (EMSA), CLS détecte les pollutions par hydrocarbures accidentelles ou intentionnelles et participe à l’identification des pollueurs depuis les années 2000.

CLS et sa station VIGISAT, première station civile d’acquisition d’images satellite radar haute résolution, peut détecter les pollutions marines de jour comme de nuit, quelle que soit la couverture nuageuse. Elle travaille depuis sa création pour le service européen CLEANSEANET.

En seulement dix ans, ce service de surveillance maritime a permis de diviser par deux le nombre de pollutions détectées dans les eaux européennes, prouvant ainsi que l’effet dissuasif fonctionne et que la technologie satellitaire est un atout majeur pour la protection de nos océans.

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