Crise énergétique : l'Allemagne pourrait remettre le gaz sur la méthanisation

  • AFP
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Alors que l'Allemagne s'efforce de réduire sa dépendance aux énergies russes, l'odeur âcre dégagée par les déchets organiques qui se décomposent sur la ferme de Peter Kaim pourrait faire partie de la solution.

À une heure de route à l'ouest de Berlin, les émanations qui enveloppent l'exploitation agricole mènent directement à trois grands cylindres posés sur un champ boueux, au milieu d'une centaine de vaches laitières. Chaque jour, plusieurs dizaines de tonnes de matières organiques - principalement du fumier, du maïs et de l'herbe - sont versées dans ces réservoirs fermés et soumis à un processus de méthanisation qui va les transformer en biogaz.

Cette installation alimente en chauffage une vingtaine de foyers de Ribbeck, un village de moins de 400 habitants qui doit sa réputation aux vers que lui a consacré le poète du XIXe siècle Theodor Fontane. Tout "provient à 100% de notre exploitation", se félicite Peter Kaim auprès de l'AFP. Il s'enorgueillit d'une production d'énergie "indépendante" dans le contexte de la guerre en Ukraine, mais appelle l'État à "adopter des procédures administratives plus simple" pour aider le biogaz allemand.

À l'image de cet exploitant, l'ensemble des acteurs de la filière est monté au créneau ces dernières semaines pour faire valoir ses avantages comme source alternative au gaz russe. Signe qu'ils ont été entendus : le gouvernement allemand a annoncé sa volonté "d'augmenter la production de gaz vert", dans le cadre de ses efforts pour réduire sa dépendance à la Russie, qui représente 55% de ses importations de gaz.

Deux tiers d'un gazoduc

Pour l'instant, le biogaz représente seulement 1% de la consommation de gaz en Allemagne. Mais "nous pourrions augmenter immédiatement notre production de 20% et remplacer 5% du gaz russe, si certaines barrières réglementaires étaient levées demain", affirme à l'AFP Horst Seide, président de la fédération allemande des producteurs de biogaz.

Une véritable relance de la filière permettrait, à horizon 2030, "de produire deux tiers de la capacité de Nord Stream II", ce gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne que Berlin a suspendu après l'invasion de l'Ukraine, affirme l'organisation, soit quelques dizaines de milliers de mètres cubes par an.

L'histoire du biogaz en Allemagne n'est pas neuve : le pays a particulièrement soutenu son développement au début des années 2000, devenant le leader européen par le nombre d'exploitations engagées et la quantité d'énergie produite.

La moitié des méthaniseurs du continent sont situés en Allemagne. Mais en 2014, l'État a fait volte face et décidé de brider la capacité de production de la filière, notamment en limitant fortement les aides. En cause : l'industrialisation massive du secteur, qui posait de graves problèmes environnementaux, liés aux risques accrus de pollution des eaux et de fuites de gaz polluant.

L'accaparement de terres agricoles pour un usage exclusivement énergétique, au détriment de l'alimentation, a aussi été vu avec inquiétude dans le pays. Selon le ministère de l'Agriculture, 14% des surfaces agricoles allemandes sont déjà destinées à la production d'énergie.

La branche a stagné depuis : la construction de nouvelles installations est passée de 1 526 en 2013 à 94 en 2014, juste après le changement de réglementation, pour descendre à 60 en 2021.

« Décentralisé »

La filière affirme désormais avoir appris de ses erreurs, appelant désormais à assouplir les réglementations. Des promesses qui rendent certains experts sceptiques: "Dans un contexte futur d'insécurité alimentaire, avec la guerre en Ukraine, il est compliqué de défendre une augmentation de la production de biogaz dans le modèle actuel", explique à l'AFP Michael Sterner, chercheur en Energie à l'Université de Regensburg (sud).

L'augmentation de la production peut se faire sur un modèle "décentralisé", de petites installations, utilisant "des matières premières durables", rétorque Ingo Baumstark, porte-parole de la fédération des producteurs de gaz. La filière assure vouloir abandonner les monocultures de maïs uniquement dédiées à la production énergétique, pour se focaliser sur les résidus et déchets de production agricole.

Plus vertueuse d'un point de vue environnemental, cette organisation nécessite un travail logistique colossal: actuellement 80% de la matière organique utilisée pour le biogaz en Allemagne vient en effet de plantes cultivées exclusivement en ce but, selon l'Administration fédérale de l'environnement.

Commentaires

Serge Rochain

C'est une grande partie de la solution, et l'avenir de la régulation de la charge du réseau électrique.

momo

Oui, bien sûr ! Et le relâchement des barrières règlementaires évoquées dans l'article, ça concerne probablement des trucs du genre autoriser des taux de fuites accrus sur les installations, histoire de faire du bien à la planète. Les exigences sont actuellement assez sévères en Allemagne, et pour cause (cf. https://www.notre-planete.info/actualites/4787-methanisation-avenir-dan…). On imagine bien qu'il y en a plus d'un que ça arrangerait de passer outre; sans parler de ceux qui y voient le moyen de régler l'épineux problème d'intermittence des ENRi, en faisant fi des conséquences environnementale. Il faut toujours se méfier des solutions "évidentes"...

Rochain Serge

A ce propos, quand la meteo éleve les température des cours d'eau et que le refroidissement des réacteurs impose de dépasser les limites de températures réglementaires, le nucléaire qui fait la loi que fait-il ? Il modifie les limites réglementaires et on continu e.... simple non ?

Serge Rochain

Vous avez surtout envie de trouver des conséquences graves à la méthanisation pour minorer ceux du nucléaires autrement plus consistants.

momo

Et vous, vous n'avez pas surtout envie de botter en touche quand on vous oppose un argument gênant ?

Rochain Serge

Il n'y a aucun argument plus génant que ,celui qui trouve des vertus au nucléaire !
Les odeurs noséabones d'un méthaniseur en pleine campagne sont effectiveùent infiniment plus nocifs que les rayonnements de Tchernobyle

Palmieri

Qu’est-ce qui est meilleur le nucléaire qui pollue ou bien l’énorme business de l’éthanol qui est produite par des requins! Du style l’agroalimentaire et les paysans qui maintiennent des troupeaux entiers de vache enfermés 12 mois par ans, pour ne pas perdre de la Bouse!! Et les matières importées de l’autre bout de la planète. A quel est belle l’écologie!!! Tous ensemble réunis pour faire du fric, voilà ce qu’est réellement ce Bio-éthanol!!!!

Rochain Serge

ou avez vous vu que je trouvais quelques vertues à l'éthanol ? Ce produit qui prétend faire rouler économiquement une automobile avec un coût trois fois supérieur à une voiture électrique à batterie et avec un rendement tois fois inférieur à cette même voiture électrique à batterie ?
Vous semblez confondre la production d'éthanole avec celle du biogaz ......?
Quant à savoir lequel des deux entre bucléaire et éthanole je repods sans ambiguité que les deux sont d'aussi mauvaises solutions l'un que l'autre pour résoudre cependant des problèmes différents.

Rochain

Il n'y a aucun argument gênant. La methanisation n'a aucun défaut structurel. Il arrive comme dans toutes technologies des accidents ponctuels genre fuite à colmater, mais dont les conséquences sont anecdotiques en regard des accidents de même nature dans le nucléaire. C'est tout il n'y a rien à dire de plus.

momo

Le méthane étant un gaz 30 fois plus nocif que le CO2 du point de vue de l'effet de serre, les fuites (pas accidentelle, mais en routine si elle sont tolérées par des seuils de taux de fuite permissifs) ne sont pas un problème négligeable.

Chateigner

Rien à dire de plus, juste qq centaines d'articles scientifiques montrant les effets pour le moins risqués pour les sols, donc pour la souveraineté alimentaire ... pas grave la métha, au fait Serge dans quelle branche travaillez vous ?

Rochain Serge

Dans toutes mon cher châteigner.... vous auriez pu vous en rendre compte par vous même si vous étiez un tant soit peu curieux. Mais c'est vrai que quand on prend sa science dans les reportages TV à la recherche du buzz ou au comptoir du bistrot, c'est qu'on n'est pas très entrainé à la recherche de l'information pertinente
Serge Rochain

Chateigner

Louons là votre modestie,
éloge de ma carence maladive,
de n'avoir point cherché,
tous vos écrits subtiles et forts recommandables.
Vous me voyez si désolé,
de cette curiosité apathique,
ô manque de pertinence devant l'impertinent,
que point n'abuzzerai-je à l'avenir,
de votre temps précieux,
qu'il y met âne ou mieux.

Rochain Serge

Vous n'avez que souligner votre fainéantise à chercher l'infirmation pertinente et vous vous en montrez vexé... Ce n'est pas moi qui attirait l'attention sur moi, mais vous qui me demandiez des comptes sur ce que je suis... Merci de cette publicité que je ne vous demandais pas
Bon vent.
Serge Rochain

Rochain

Ce n'est pas un scoop et croyez bien que si le GIEC conseille de limiter le CO2 plutôt que le méthane ce n'est pas par ignorence de la capacité effet de serre de ce dernier mais parce que la durée de vie du méthane est plusieurs centaine de fois inférieure à celle du CO2. Par ailleurs les fuites anecdotiques et accidentelles des installation de methaniseurs sont totalement insignifiantes comparées aux fuites volontaires des champs pétroliers qui règlent la pression de poussé du pétrole par ce moyen quand ils ne le brûlent pas dans les torcher es ce qui est moindre mal.

Delaveau Virgile

Bonjour,

Je note un dialogue difficile et inflammable sur le sujet.
Mon point de vu est plus nuancé je pense,

En effet je suis absolument contre les CIVES de manières général mais j'admet volontiers que l'utilisation des rebus de culture en compostage est également un non sens écologique et gros émetteur de CO2, leur préférer la méthanisation et sortir de l'énergie de ce cycle me semble plus pertinent.
Je note que les dérives du secteur hyperindustrialisé allemand fait fois pour toute la filiale, n'oublions pas les millions de tonnes de résidus alimentaires, de boues de stations d'épurations et de graisses (IAA, restaurateur, STEP), qui ne sont pas valorisé, pour lequel le potentiel est encore très largement sous exploité, pires certaines graisses font de long trajet pour être incinéré, n'est ce pas contre productif ?
Je ne parle même pas ici des déchets ménager, des tontes de pelouses et de tous les déchets putrescible qui échappe à la méthanisation pour des raisons purement logistique (donc financières)

Alors pour éclaircir mes précédents propos, oui à la méthanisation, car plus les structures seront nombreuses et diffusent, moins la logistique sera un problème.

Mettons en valeur les avantages de la fermentation anaérobie, avec de petites structures en symbiose avec les territoires et utilisons ce qui existe pour produire du gaz, de l'électricité et de la chaleur aux riverain directement concerné.
Amis poète bonsoir !

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