En Allemagne, la PME Rhein Petroleum mise sur l'extraction de pétrole

  • AFP
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Produire du pétrole dans une Allemagne qui entend se détourner progressivement des énergies fossiles : c'est le pari d'un petit poucet du secteur, qui entend profiter de la remontée des prix du baril et de l'efficacité accrue du forage.

À la sortie de la bourgade de Riedstadt, non loin de Francfort, un pilier vert surplombe une plate-forme de forage visible depuis la route : la partie haute de la pompe qui puise du pétrole à plus de 1 500 mètres de profondeur. Coiffé d'un casque blanc, Carsten Reinhold, directeur de Rhein Petroleum, l'entreprise d'une vingtaine de salariés qui exploite le site depuis 2018, exhibe un flacon contenant le fluide tiède, ébène et dénué de soufre. Il porte le label "léger et doux", similaire au "Brent" sorti des champs de la mer du Nord.

Deux fois par semaine en moyenne, un camion citerne récupère 33 000 litres du liquide stocké dans des cuves métalliques, provenant pour partie d'un deuxième site en Bavière, pour l'emporter dans une raffinerie située à 80 kilomètres. Pour quel usage ? Il serait "dommage de tout brûler" dans le trafic automobile, explique M. Reinhold, alors que ce type de pétrole convient bien aux industries de transformation : chimie, pharmacie, textile et même fabrication de pales d'éoliennes.

Rentabilité

Fondée en 2007 par d'anciens dirigeants du géant Shell et aujourd'hui contrôlée par le néerlandais Tulip Oil, Rhein Petroleum veut relancer l'exploitation du pétrole dans le sud de l'Allemagne, alors que c'est au nord que sont extraites la plupart des quantités, notamment offshore. L'entreprise a ainsi repris des forages en Hesse, dans l'ouest, où le dernier puits a fermé en 1994 faute d'une activité rentable : en cause, des méthodes coûteuses et un prix du baril de brut redescendu aux alentours de 20 dollars.

Mais son prix navigue désormais au-dessus de 60 dollars, après avoir culminé à plus de 100 dollars. Par ailleurs, le repérage des nappes d'hydrocarbures est bien plus performant depuis qu'il s'appuie sur une visualisation 3D des terres souterraines, "comme pour l'échographie d'une femme enceinte", explique M. Rheinhold.

Les coûts d'exploitation ont diminué, car les forages se font à la verticale mais aussi sur plusieurs centaines de mètres de côté, évitant ainsi de multiplier les lieux de pompage. Et s'il fallait jadis employer sur place des équipes en 3x8, l'installation high-tech construite à Riedstadt par Siemens fonctionne sans personnel, grâce au pilotage via un smartphone.

Le tout en n'étant pas dans le viseur des militants hostiles aux énergies fossiles, qui concentrent leurs actions sur les mines de charbon très polluant : Rhein Petroleum dit entretenir un dialogue apaisé avec les mouvements écologistes, favorisé par leur absence de recours à la technique controversée de fracturation hydraulique.

Rôle marginalisé

La réussite de la PME d'Heidelberg ne masque cependant pas le recul tendanciel de la production de pétrole brut en Allemagne depuis le pic de 8 millions de tonnes à la fin des années 1960, pour retomber à un peu plus de 2 millions de tonnes en 2018. De quoi couvrir environ 2% des besoins de la première économie industrielle européenne.

"C'est important de ne pas abandonner l'extraction de pétrole, pour aider un tant soit peu à réduire notre dépendance aux importations", estime Ralf Schairer, patron de la raffinerie Miro.

Claudia Kemfert, experte en énergie à l'institut DIW, voit au contraire cette activité "appartenir au passé" dès lors que "la transition énergétique et la protection du climat vont marginaliser l'importance des hydrocarbures". Elle en veut pour preuve le virage de l'industrie automobile vers la mobilité électrique, et le fait que l'industrie cherche à produire des matériaux pouvant se passer du pétrole.

Le géant BASF s'est lancé dans cette voie, mais estime toutefois que "les dérivés du gaz naturel et du pétrole resteront à moyen terme une matière première importante pour l'industrie chimique". Rhein Petroleum entend bien profiter de cette période de transition. Après avoir découvert des nappes de pétrole dans la région voisine du Bade-Wurtemberg, il compte y démarrer des forages à partir de fin 2020 au plus tôt, une fois les autorisations obtenues.

Commentaires

Blaizot

Un peu plus intelligent qu’en France les pouvoirs publics allemands : ils ont besoin de beaucoup de pétrole pour faire les pales d’eol Et surtout le béton des pilotes et n’entendent Pas l’importer . En France on ferme Fessenheim tout en voulant developper le nombre de voitures électriques : chercher l’erreur ?

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