Dieter Zetsche va quitter Daimler, plongé dans le « dieselgate » et le virage électrique

  • AFP
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Le célèbre moustachu de l'automobile allemande, Dieter Zetsche, quittera en mai 2019 la tête de Daimler, fabricant des voitures Mercedes-Benz, qu'il a redressé avant d'affronter le scandale du "dieselgate", laissant son successeur faire prendre au groupe le tournant de la mobilité électrique.

Aux commandes du numéro un mondial de la voiture haut de gamme et des camions depuis 2006, M. Zetsche, 65 ans, sera remplacé par le Suédois Ola Källenius, 49 ans, actuellement directeur de la recherche au sein du groupe.

Daimler espère ainsi "poser suffisamment tôt les fondements d'une succession adaptée aux défis de la transformation du secteur automobile", un chamboulement qui va bien au-delà du constructeur de Stuttgart. "Je ne vois pas de crise qui ait poussé M. Zetsche au départ", commente cependant auprès de l'AFP Stefan Reindl, directeur de l'Institut pour l'économie de l'automobile (Ifa).

Après une période réglementaire de deux ans hors de l'entreprise, M. Zetsche, 65 ans, doit succéder en 2021 au président du conseil de surveillance, Manfred Bischoff, a précisé le groupe.

Redresseur « cool »

Ingénieur de formation, Dieter Zetsche s'est rapidement distingué des autres dirigeants de l'automobile allemande par sa décontraction affichée, allant jusqu'à présenter les nouvelles Mercedes en jeans et baskets, et sans cravate.

Mais derrière son air débonnaire, conforté par son épaisse moustache blanche et ses lunettes rondes, faisant de son visage l'un des plus connus de l'économie allemande, il peut se montrer redoutable, ce qui lui a permis de gravir les échelons du groupe depuis ses débuts en 1976.

Parachuté en 2000 à la tête de Chrysler, marié entre 1998 et 2007 à Daimler-Benz, il réussit à faire accepter aux syndicats une restructuration très dure - 26 000 suppressions d'emplois, six usines fermées - permettant au constructeur américain de renouer avec les bénéfices.

Auréolé de cette résurrection, il devient en 2005 directeur de la division voitures de Daimler, puis il est nommé en 2006 pour succéder à l'emblématique patron du groupe, Jürgen Schrempp. Deux jalons marquent son bilan: le divorce de Daimler avec Chrysler, en 2007, et surtout la bataille pour reprendre à BMW la couronne de premier constructeur haut de gamme, gagnée en 2016. "C'est quelqu'un qui réfléchit de manière stratégique et qui est capable de s'imposer", commente M. Reindl.

Retard sur l'électrique

Aujourd'hui, le succès de la marque à l'étoile est le fruit d'une réorientation stratégique de Mercedes-Benz, marquée par un rajeunissement d'un design parfois jugé trop peu imaginatif et une extension de sa gamme en mettant notamment l'accent sur les 4x4 citadins.

Mais si Daimler a signé en 2017 une année record, le groupe a dû revoir à la baisse ses attentes de résultat pour 2018 en raison du conflit commercial sino-américain, ajoutant aux turbulences que traverse le constructeur depuis quelques années.

A l'image de la branche automobile allemande, Daimler est empêtré dans le scandale des moteurs diesel truqués, qui a éclaté chez Volkswagen en 2015. Le ministère allemand des Transports avait ordonné en juin le rappel immédiat en Europe de 774 000 véhicules diesel Daimler, dont principalement des fourgons Vito, équipés de logiciels capables de fausser les niveaux d'émission.

Daimler, Volkswagen et BMW sont également dans le viseur de la Commission européenne pour des soupçons d'entente sur les technologies réduisant les émissions polluantes. Enfin, M. Källenius devra tenter de rattraper le retard accumulé par toute la branche auto allemande, dont Daimler, dans la course à la mobilité électrique, dominée par l'américain Tesla.

Évoquant une "nouvelle ère", c'est encore Dieter Zetsche qui a présenté au début du mois la première Mercedes électrique, le EQC, en vente dès le deuxième semestre 2019.

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