Du Guide suprême aux tapis : les sanctions internationales en vigueur contre l'Iran

  • AFP
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Gel d'actifs de cadres du régime, embargo sur les armes ou interdiction d'importer des tapis persans : l'Iran est visé par une large liste de sanctions visant à l'isoler sur la scène internationale.

Depuis le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien en mai 2018, des mesures punitives sans précédent ont été imposées notamment par Washington à Téhéran. En attendant leur prochain durcissement annoncé mercredi par Donald Trump voici la liste des différentes sanctions qui visent la République islamique à ce jour.

Sanctions individuelles

Guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei est identifié par Donald Trump comme "l'ultime responsable de l'attitude hostile de l'Iran". Son équipe et ses proches sont frappés par des sanctions financières, sur des "milliards de dollars d'actifs".

Dans le viseur américain se trouve également le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif, principal interlocuteur des Européens, de la Chine et de la Russie. Depuis le 1er août, ses actifs américains sont gelés, les transactions avec lui interdites et Washington rend ses déplacements difficiles.

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime, sont également frappés. Huit haut gradés ont été sanctionnés et le corps des Gardiens de la Révolution est placé sur la liste noire des "organisations terroristes étrangères" tout comme la force Qods, une unité d'élite chargée des opérations extérieures.

Tarir le robinet du pétrole

Pétrole brut et condensats (pétrole léger) sont vitaux pour l'économie iranienne. Depuis mai, les dernières dérogations accordées à huit pays dont la Turquie et l'Inde pour l'achat de pétrole iranien ont été annulées. Une étape de plus pour assécher les exportations de la République islamique. Résultat : selon le cabinet Kpler ces dernières sont passées de plus de 2 millions de barils par jour début 2018 à 400 000 en juillet dernier.

La pétrochimie est également touchée depuis que Washington a ciblé en juin la Persian Gulf Petrochemical Industries Company (PGPIC), un grand groupe lié aux Gardiens de la Révolution qui représente 40% de la capacité de production pétrochimique iranienne et 50% des exportations du secteur.

Le groupe est accusé de soutenir financièrement Khatam al-Anbiya, le conglomérat des Gardiens présent dans la plupart des grands projets d'infrastructures iraniens.

Isolement financier

Dès août 2018, Washington a interdit l'achat de dollars par le gouvernement iranien, et bloqué l'accès au système financier américain de la Banque centrale iranienne ou d'autres banques nationales. Les échanges avec les banques iraniennes sont aussi interdits. L'administration Trump veut également que le circuit bancaire international Swift, maillon essentiel du système financier par lequel passent les virements dans le monde, déconnecte les banques iraniennes sanctionnées.

Et gare aux établissements qui viendraient à violer ces sanctions: en avril, UniCredit et Standard Chartered ont été punies de lourdes pénalités de plus d'un milliard de dollars chacun. Les échanges d'or et de métaux précieux sont également interdits et les États-Unis ont même proscrit l'importation de tapis ou de denrées alimentaires en provenance d'Iran.

Fuite d'entreprises étrangères

Avec des sanctions qui visent les secteurs du fer, de l'acier, de l'aluminium, du cuivre, du charbon et du graphite, difficile pour les sociétés étrangères de maintenir leur business en Iran. La plupart des constructeurs automobiles européens, qui avaient profité d'une petite ouverture après l'accord sur le nucléaire en 2015, ont abandonné leurs projets.

Même constat dans l'aéronautique, un secteur où l'Iran avait commandé 100 Airbus et 80 Boeing afin de moderniser sa flotte vieillissante, plan rendu caduc par les sanctions. La construction navale et les transports maritimes sont aussi ciblés. Plusieurs accords de coopération avaient été conclus entre l'Iran et le groupe de construction navale Fincantieri en 2016.

D'autres grandes entreprises comme General Electric ou Total ont également annoncé leur sortie du marché iranien.

Sanctions de l'ONU et de l'UE

Entre 2006 et 2010, quatre résolutions sont votées à l'ONU (1737, 1747, 1803, 1929) prévoyant des sanctions économiques et commerciales contre des entités liées au nucléaire et un embargo sur les achats d'armes iraniennes notamment. Début janvier 2016, après l'accord trouvé sur le nucléaire, la résolution 2231 qui entre en vigueur permet une levée progressive et partielle de ces sanctions sur dix ans.

Les embargos de l'ONU sur les armes conventionnelles et les missiles balistiques sont par exemple maintenus jusqu'en 2020 et 2023 respectivement. Du côté de l'Union européenne, les sanctions imposées dans les années 2010 avaient été globalement levées en 2016.

Signe de relations plus apaisées que les rapports américano-iraniens, elle essaie même depuis l'an dernier d'aider l'Iran face aux mesures américaines via Instex, un mécanisme de troc créé pour éviter d'utiliser le dollar. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est par ailleurs chargée de contrôler régulièrement les sites nucléaires iraniens, avec des prérogatives considérablement accrues.

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