EDF confirme le projet de rachat d'une partie des activités nucléaires de GE Steam Power

  • AFP
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La compagnie d'électricité française EDF a signé un accord d'exclusivité pour le rachat d'une partie de l'activité nucléaire de GE Steam Power, dont les turbines à vapeur Arabelle, actif stratégique pour la filière.

Attendue depuis plusieurs jours, l'annonce a été effectuée par EDF et GE dans un communiqué commun publié jeudi matin.

Elle paraît le jour de la visite du président Emmanuel Macron à Belfort sur la stratégie énergétique de la France, sur le site même de fabrication des turbines Arabelle qui équipent les centrales françaises, vendu en 2015 à l'américain General Electric lorsqu'il était ministre de l'Economie. Ce choix de vendre à GE la branche énergie d'Alstom lui a été reproché régulièrement.

EDF va débourser environ 200 millions de dollars pour cette transaction. Selon les chiffres publiés dans la matinée par le groupe en complément de l'annonce, la transaction envisagée est en effet basée sur une valeur d'entreprise de 273 millions de dollars, dont 73 millions de passifs assimilés à de la dette.

Par ailleurs, il faut ajouter la "trésorerie laissée dans l'entreprise", estimée à environ 900 millions de dollars (des paiements anticipés reçus de clients pour de nouveaux projets) pour une valorisation de l'activité d'environ 1,1 milliard au total.

Tout accord définitif reste soumis au processus de consultation du personnel. La réalisation de l'opération, qui dépend par ailleurs de l'obtention des autorisations réglementaires requises, pourrait intervenir "lors du premier semestre 2023", selon le communiqué.

L'opération envisagée porte sur "les équipements d'îlots conventionnels de GE Steam Power pour les nouvelles centrales nucléaires, dont les turbines Arabelle - les plus puissantes au monde - ainsi que sur la maintenance et les mises à niveau des centrales nucléaires existantes", détaillent les deux groupes.

Ces turbines à vapeur sont un actif stratégique pour la filière nucléaire. GE revendique la moitié du marché mondial face à des concurrents comme Mitsubishi ou Siemens.

Au printemps 2021, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire avait annoncé chercher "une solution française pour les turbines Arabelle", afin de "sécuriser cet actif unique, les compétences qui vont avec et qui sont indispensables à notre avenir énergétique".

Elles pourront notamment équiper les réacteurs de nouvelle génération EPR et EPR2 ainsi que les SMR (petites réacteurs modulaires), selon EDF et GE.

Compétences clés

Les activités nucléaires et les équipes concernées par l'opération envisagée sont situées à "près de 70% en France, notamment sur des sites industriels comme Belfort et La Courneuve", et concernent une quinzaine de pays au total.

Ce projet d'acquisition "va permettre à EDF de renforcer davantage sa maîtrise des technologies et compétences clés pour le parc en exploitation et pour les projets de nouveaux réacteurs nucléaires en France et au-delà", a commenté le président-directeur général d'EDF Jean-Bernard Lévy, cité dans le communiqué.

Côté GE, le groupe continuerait à fournir ses services "pour plus de 100 GW d'îlots de turbines nucléaires sur son marché américain" et conserverait GE-Hitachi Nuclear Energy, "un fournisseur de premier plan dans le domaine du cycle de vie des réacteurs, qui déploiera le premier SMR commercial, connecté au réseau, au Canada".

"L'énergie nucléaire a également un rôle important à jouer dans la transition énergétique et GE continuera à soutenir cette industrie", a souligné de son côté le patron de GE, Larry Culp, également cité.

Emmanuel Macron avait annoncé début novembre que la France s'apprêtait à entamer la construction de réacteurs nucléaires, une vingtaine d'années après la mise en service des derniers.

De source proche de l'exécutif, il pourrait annoncer jeudi à Belfort une commande portant sur jusqu'à six réacteurs EPR2 avec une option pour huit réacteurs supplémentaires, soit 14 au total.

La France, qui tire environ 70% de son électricité de l'atome, un record mondial, construit actuellement sur son sol un seul réacteur EPR, à Flamanville (ouest), qui a rencontré de multiples déboires, sources de retards et de rallonges budgétaires.

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