EDF annonce un nouveau retard et des coûts supplémentaires pour le chantier EPR en Grande-Bretagne

  • AFP
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EDF accuse un nouveau retard dans la livraison de sa centrale nucléaire d'Hinkley Point C en Grande-Bretagne, où le gouvernement a décidé de miser sur l'atome et discute actuellement avec l'énergéticien français d'un autre gros projet similaire.

Le groupe hexagonal a annoncé mercredi que le début de la production d'électricité de sa centrale EPR actuellement en chantier, annoncée pour fin 2025, était "à présent prévu en juin 2026", dans un communiqué.

Le coût du projet est désormais estimé entre 22 et 23 milliards de livres sterling, contre une fourchette de 21,5 à 22,5 milliards précédemment annoncée, a précisé EDF. Il a fait part de cette "actualisation" dans le déroulé du projet à la suite d'une "revue détaillée du calendrier et des coûts engagée afin de mesurer les impacts de la pandémie à ce jour".

L'énergéticien tient cependant à préciser que, "bien qu'impacté par la crise sanitaire du Covid-19", le projet "a progressé de façon significative en 2020, à la fois sur le chantier, sur les plans d'exécution du design et sur la fabrication des équipements".

Cet énorme chantier de construction de deux réacteurs EPR de nouvelle génération à Hinkley Point C, dans le Somerset (sud-ouest de l'Angleterre), a été lancé en 2016. Il s'agit de la seule centrale nucléaire en cours de construction dans le pays, pour laquelle EDF exerce la maîtrise d'ouvrage, tandis que son partenaire chinois CGN détient un tiers du projet.

Le chantier est situé à proximité de la centrale nucléaire Hinkley Point B, mise en service en 1976 et qu'EDF a prévu de mettre à l'arrêt d'ici à juillet 2022. "Étant donné l'impact des confinements liés au Covid-19, il n'est pas surprenant qu'EDF manque ses objectifs", ont estimé dans une note les analystes de la banque RBC.

Le géant français avait déjà annoncé en 2017 un surcoût de 1,5 milliard de livres pour ce projet, et également évoqué un "risque de report de la livraison" de 15 et 9 mois respectivement pour les deux réacteurs.

Mercredi, il précise que "le risque de report de la livraison (COD) des Unités 1 et 2 est maintenu à respectivement 15 et 9 mois. La réalisation de ce risque induirait un coût supplémentaire potentiel de l'ordre de 0,7 milliard de livres sterling".

Sizewell, quasi-réplique d'Hinkley

En décembre dernier, le gouvernement britannique avait annoncé des discussions avec EDF sur la construction d'une autre centrale nucléaire, dans le Suffolk (côte est), équipée de deux réacteurs EPR et conçue comme une quasi-réplique de celle de Hinkley Point.

Le groupe français a en effet déposé une demande pour construire cette nouvelle centrale d'une puissance de 3,2 GW, Sizewell C, capable de fournir de l'électricité à six millions de foyers.

Les pouvoirs publics britanniques n'excluent pas de participer au financement de cette centrale, et réfléchissent à un nouveau modèle de financement pour le nucléaire pour faire porter le coût initial moins fortement sur le promoteur industriel et davantage sur la facture des consommateurs.

Le nucléaire fournit actuellement environ 20% de l'électricité du pays et l'ambition est de maintenir cette part afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050 - alors qu'il y a actuellement 15 réacteurs au Royaume-Uni sur 8 sites.

Les ambitions britanniques dans l'atome ont cependant été contrariées récemment, en raison notamment de l'abandon en septembre par le conglomérat industriel japonais Hitachi de son projet de centrale au Pays de Galles, qu'il estimait trop risqué financièrement.

En France, l'EPR de Flamanville (Manche) connaît également de nombreux retards et surrcoûts, EDF prévoyant de charger le combustible fin 2022.

Interrogé le 12 janvier sur le calendrier de ce chantier, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk, avait insisté sur l'importance du chantier de reprise d'une centaine de soudures. "Aujourd'hui nous n'avons pas d'élément conduisant à mettre en doute le planning qui a été présenté par EDF. C'est très serré, c'est sur le chemin critique. S'il n'y a pas d'élément nouveau, ça semble possible", avait-il jugé.

Commentaires

Thomas

Tiens donc... et seul le nucléaire pourrait nous sortir de la crise climatique selon certains... il faudrait donc commencer par sortir les projets en temps et en heure!

Serge Rochain

Et il y en aura d'autres des retard et des dépassement de budgets, il n'y a pas un seul qui y a échappé et qui y échappera.
C'est dans l'ADN du nouveau nucléaire et une façon de le vendre
1) On ment sur tous les chapitres et plus tard..... on verra.
2) Une fois qu'on y a mis le doigt on ne peu plus revenir en arrière, alors allons -y les rallonges, rallonges après rallonges...

Maume

ASN redoute que les soudures ne soient pas assez résistante au risque de rupture fragile le jour où le réacteur produira de la vapeur à la température de moins 20°C!
Le véritable génie de l'ASN c'est d'avoir réussi à convaincre tout un aréopage de gens importants qui auront beaucoup de peine à reconnaître qu'il se sont fait roulés dans la farine.
Ah si ce n'était pas notre argent de nos impôts comme ce serait drôle!!!

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