Approvisionnement en électricité cet hiver : un mois de février 2021 « difficile » en perspective

  • AFP
  • parue le

La France pourrait connaître des difficultés d'approvisionnement électrique en cas de vague de froid au mois de février, la crise sanitaire ayant perturbé la maintenance des réacteurs nucléaires, a mis en garde le gestionnaire du réseau jeudi.

La situation pour l'hiver est celle d'un "mois de décembre plus serein que prévu, un mois de janvier normalement tendu en cette période statistiquement la plus froide de l'année, et enfin un mois de février difficile", a détaillé le président de RTE Xavier Piechaczyk, lors d'une conférence de presse.

Pour cet hiver, RTE a prévenu depuis longtemps que la "vigilance" serait de mise, ce qui a été confirmé jeudi.

En cause: la pandémie de Covid-19 qui a bousculé le planning de maintenance des réacteurs nucléaires au printemps, au moment où sont habituellement effectués ces travaux en prévision de l'hiver. La question est particulièrement sensible pour la France, dont la production électrique est à 70% nucléaire.

EDF est finalement parvenu à réorganiser ces arrêts et a économisé du combustible pendant l'été afin de conserver des capacités de production pour la saison froide.

Mais certains réacteurs devront bien finir par être arrêtés: ils devraient être 13 à ne pas produire sur les 56 du parc fin février, contre deux à quatre les années précédentes. Il y aura alors environ 10 gigawatts de disponibles en moins par rapport à fin janvier.

En outre, des incertitudes demeurent sur le moment du redémarrage des deux réacteurs de la centrale de Flamanville (Manche) actuellement à l'arrêt.

"En février, compte tenu de la réduction du parc de production, le risque est accru par rapport aux années précédentes", a souligné M. Piechaczyk.

"Ce qui poserait problème serait une vague de froid durable, particulièrement intense, ou alors une vague de froid combinée à d'autres facteurs défavorables comme une absence de vent", a-t-il ajouté.

« Pas de blackout »

En outre, le niveau de la consommation en février reste incertain. La demande électrique est aujourd'hui de 5% inférieure à la normale en raison de la crise sanitaire, mais ce ne sera pas forcément le cas dans trois mois.

Face à ces difficultés, RTE rappelle que plusieurs leviers sont à sa disposition pour assurer l'approvisionnement et éviter une panne généralisée, le "blackout".

Parmi ces solutions figurent l'arrêt de la consommation d'industriels gros consommateurs d'électricité ou une légère baisse de la tension sur le réseau de distribution.

Des coupures localisées et temporaires peuvent enfin être organisées "en tout dernier recours". Ces mesures dites de "délestage" consisteraient à priver d'alimentation électrique environ 200.000 foyers à la fois pendant 2 heures, tout en épargnant les installations sensibles comme les hôpitaux.

"A l'extrême, on peut envisager des coupures très courtes", a ainsi rappelé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili jeudi matin.

Mais "il n'y aura pas de +blackout+", a-t-elle assuré.

La France, qui est globalement exportatrice nette en matière d'électricité, pourra aussi compter sur ses voisins et importer en cas de coup dur. Une nouvelle interconnexion avec l'Angleterre, IFA2, doit d'ailleurs être mise en service en décembre.

"On estime qu'en situation de vague de froid on pourrait compter sur quasiment 9 gigawatts d'import", a précisé Thomas Veyrenc, directeur stratégie et prospective de RTE.

RTE a par ailleurs annoncé jeudi la généralisation à toute la France du dispositif "Ecowatt", qui existe déjà en Bretagne et Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Un site internet permet ainsi de guider les consommateurs sur leur consommation d'électricité. En cas de tension sur l'approvisionnement, un texto peut inviter les Français qui se sont inscrits à baisser ou décaler leur consommation.

Concernant le gaz, Storengy, le numéro un du stockage en France, a aussi indiqué jeudi avoir compté plus de 99% de ses capacités remplies début novembre pour passer l'hiver.

"Nous sommes dans les plus hauts historiques", a salué son directeur général France, Pierre Chambon, lors d'une conférence. Le remplissage des réservoirs à partir du printemps n'a ainsi pas du tout été perturbé par le confinement.

 

Commentaires

de boissezon

Dans cet article de l'AFP, certains propos me font réagir :
"Parmi ces solutions figurent l'arrêt de la consommation d'industriels gros consommateurs d'électricité".
Il n'y a plus beaucoup d'industrie grosse consommatrice en France malheureusement. Je crois que les décisions de fermeture et de délocalisation en sont responsables.
"... consisteraient à priver d'alimentation électrique environ 200.000 foyers à la fois pendant 2 heures, tout en épargnant les installations sensibles comme les hôpitaux."
Les Hôpitaux heureusement sont qualifiés de "prioritaire de niveau 1" (par l'autorité préfectorale) et ne sont pas coupés parmi ces 200000 foyers.

Et ma question : Est ce que quelqu'un vérifie et relis les Brèves de l'AFP avant de les publier ?
C'est curieux que cette grande agence soit d'un si faible niveau d'exigence qualitative de l'information.

Francois

Quand je pense qu'on vient de fermer Fesseneim!
C'était bien le moment.

Serge Rochain

Fessenheim était en activité illégale depuis déjà plus d'un an faute d'avoir effectué la mise à niveau qui lui aurait permis de passer sa 4em visite décennale. De plus les deux réacteurs n'auraient permis que de fournir 1,8MW de puissance alors que déjà aujourd'hui et depuis fin août nous devons à ma fragilité du nucléaire d'être ne déficit de puissance de 15 à 30 GW et cela va se prolonger encore longtemps avec des réacteurs en arrêts sur "incidents" depuis deux ans pour certains d'entre eux.
Déjà aujourd'hui même par vent très faible, la puissance de l'éolien est bien supérieure à ce que produisait Fessenheim.
Vous êtes bien léger pour prétendre diffuser une quelconque vérité sur le sujet.

dédé 29

Il faut faut rapidement lancer une série de 6 EPR et dans 10 ans une nouvelle de 15 EPR car nos reacteurs actuels arriveront à 60 ans . Sinon nous n'aurons pas les 50% de nucléaire visé et attention aux coupures ,au black out et l'installation en catastrophe de turbines à gaz ,comme ce qui va se produire an Allemagne dans 20 ans . Il appartient à l'état d'avoir des visions à 30 ans ,comme l'ont eues les dirigeants qui ont lancé le programme nucléaire en 1970 .

Rochain

Quand on parle de vision à 30 ans, ce qui d'ailleurs est bien trop réducteur en regard de l'exigence, il faut déjà voir plus loin que le bout de son nez. Mais cela ne vous empêche pas, à votre simple vue de nez à préciser les exigences du besoin dans une envolée spectaculaire de votre égocentrisme vaniteux définissant à la foi les volumes nécessaires et leur calendrier de réalisation.
La prétention personnifiée par sa propre bêtise et portée par son ignorance incommensurable.

Bernard

Heureusement qu'il y a encore des véhicules qui fonctionnent aux énergies fossiles. Quand il y aura le tout électrique, attention à la panne sèche.

Serge Rochain

Lorsque les 40 millions de véhicules de particuliers seront électriques il y a beau temps qu'elles seront rechargées au solaire

Silicate

mais comment ?
on nous aurait menti ?
On va importer de l'énergie au lieu d’être auto suffisant ?
La centrale Fessenheim aurait finalement été utile cet hiver ?
On l'aurait inutilement et dangereusement fermée ?

Blaizot

il va manquer plusieurs sources :
- du nucléaire du fait de la mise à l'arrêt de cette filière depuis plus de 25 ans (aucune construction ce qui explique en grande partie le manque de compétences actuelles d'où le désastre de l'EPR en France , mais pas ...en Chine où les 2 centrales EPR, à design français, fonctionnent),
-de l'intermittence de l'éolien avec lequel faute de stockage on ne peut faire aucune prévision de production.
du coup King Coal reprend des couleurs comme on l'a vu en Septembre/Octobre où les 4 centrales françaises ainsi que les centrales allemandes et hollandaises (c'est l'emmerdement du vent en Europe : il est absent ou là partout en même temps, sauf en Espagne) ont fonctionné plein pot (d'échappement) ! Pire que le CO2 , les microparticules !

Joseph Letellier

Bonsoir.
Il va simplement falloir apprendre à se serrer la ceinture.
En tous cas, chapeau les hommes politiques (je pense à François Hollande pour son choix "judicieux" de fermer Fessenheim ou une autre façon de se tirer dans le pied, mais en rafale...).
C'est dommage une unité de production d'électricité faiblement émissive en CO2 (6g/kWh produit dus principalement à la construction du site et à l'exploitation du minerais) à l'époque ou le réchauffement climatique doit être sans aucun doute possible la priorité de nos efforts.

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