Électricité à bas prix : le CSE d'EDF déclenche une procédure de droit d'alerte économique suite aux annonces gouvernementales

  • AFP
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Le CSE Central d'EDF a déclenché une procédure de droit d'alerte économique "suite aux annonces gouvernementales" mettant à contribution le groupe pour contenir la facture d'électricité des ménages et des entreprises, a-t-il annoncé jeudi, faisant valoir sa farouche opposition à ces mesures susceptibles de nuire à la santé financière de l'énergéticien.

Inscrit dans le code du Travail, ce droit d'alerte est prévu lorsque les comités sociaux et économiques ont "connaissance de faits de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique de l'entreprise", rappelle le CSE d'EDF, qui entend ainsi faire valoir ses "préoccupations" et pouvoir "poser officiellement des questions à la direction du groupe concernant les impacts de ces mesures". "En fonction des réponses" de la direction le 4 février prochain, date à laquelle cette réunion doit avoir lieu, "le comité peut confirmer son droit d'alerte et commander une expertise", souligne-t-il dans un communiqué.

Le 13 janvier, en pleine flambée des cours de l'énergie et dans un contexte de haute inflation, le gouvernement avait annoncé qu'il allait contraindre EDF à vendre davantage d'électricité à bas prix à ses concurrents pour protéger le pouvoir d'achat des Français. EDF va ainsi vendre à un prix réduit jusqu'à 40% de sa production électrique en 2022, au lieu de vendre au prix fort du marché, et perdre environ 8 milliards sur son excédent brut d'exploitation 2022, selon le groupe.

Dans un message interne aux cadres d'EDF, le PDG Jean-Bernard Lévy a, lui-même, vivement critiqué ces mesures gouvernementales, décrivant "un véritable choc", tandis que les quatre organisations syndicales représentatives du groupe ont appelé à une journée de grève le 26 janvier. "Dans le contexte actuel de flambée des prix de l'électricité, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la ministre de l'Écologie Barbara Pompili proposent de mettre EDF dans un gouffre financier, au profit de la sacro-sainte concurrence", estime le comité, qui dénonce une "extorsion encadrée de sa production au profit de ses concurrents".

"Si, comme il l'a déclaré hier, EDF est bien au service de l'intérêt général, le ministre, lui, est au service de ses concurrents privés et de la commission européenne. Nous dénonçons cette imposture qui consiste à prétendre sauver le pouvoir d'achat des français, tout en détruisant leur patrimoine public", déclare le secrétaire du CSES Philippe Page Le Mérour (CGT). Interrogé mercredi par plusieurs élus au Sénat sur ce dossier, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a jugé "normal qu'une entreprise publique comme EDF participe au soutien des Français, des ménages et des entreprises quand les prix de l'électricité flambent".

Commentaires

Régis de Nimes

Une révolution écologique réussie mérite une commission d'enquête sur les responsables de la politique énergétique du pays depuis plus de...30 ans pour motif suivant : libéralisation-privatisations-désinvestissement-casse du service public EDF/GDF.
- Droite + sociaux-démocrates +"verts" -
Amnistie pour les électeurs.

Pierre-Ernest

Le bon sens peut venir même de la CGT lorsque des mesures aussi stupides que l"ARENH sont mises en œuvre pour rétablir une prétendue concurrence sur un marché d'importance vitale. L'ARENH, issu de cogitations fumeuses de cranes d'œuf européens s'oppose à des principes économiques fondamentaux et n'aurait jamais dû voir le jour. On ne peut pas contraindre une entreprise à agir contre ses intérêts.

Jean

Il serait intéressant de savoir qui sont les politiques qui ont négocié et approuvé l'ARENH. Augmenter l'électricité d'origine nucléaire parce que l'Allemagne utilise du gas, ils ont fait fort!

Sabadel

Ce n'est pas parce que l'état est le plus gros actionnaire d'EDF qu'il doit utiliser l'entreprise à des fins purement électorales. Je croyais que la politique de Macron était plutôt de laisser jouer la libre concurrence. Si li veut aider les ménages qu'il prenne l'argent public. Au point où ils ont mis les finances publiques, un peu plus ou un peu moins..........
EDF a assez à investir dans le nucléaire, dont il semble qu'avec le temps, la société ait perdu quelques compétences.
Quant aux Allemands qui font tourner à plein leurs centrales à charbon et importent le gaz de Poutine, ils sont vraiment bien placés pour faire la morale à qui que ce soit.

Schricke

"Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage..." Cet adage, s'applique parfaitement à la relation entre l'Etat-patron (le plus mauvais qui soit !) et SON entreprise (son chien ?) qu'il veut sacrifier sur l'autel du néo-libéralisme ambiant....
Mais, en fait, ce seront les consommateurs d'électricité ou (et) les contribuables (ce sont les mêmes !) qui vont payer les "pots cassés"
On marche décidément sur la tête !

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