Electricité: coupures ou pas coupures, les supermarchés se préparent

  • AFP
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Réduction de la consommation d'électricité, hausse à venir des factures, et désormais préparatifs en cas de coupures de courant: les supermarchés tentent de s'adapter au contexte hivernal tendu pour les approvisionnements en électricité dans le pays.

Pas suffisamment d'efforts?

Ils avaient été les premiers à annoncer réduire leur consommation d'électricité cet été. Mais les commerçants font partie des secteurs qui ont été accusés vendredi par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, de ne pas en faire assez pour éviter des ruptures d'approvisionnement cet hiver.

Sollicitée par l'AFP, la fédération technique de la distribution alimentaire Perifem s'en étonne. "Nous attendons une clarification sur ce point" de la part de RTE, qui a depuis tempéré ses propos.

Pour le président de Système U Dominique Schelcher, "tout le monde cherche par tous les moyens à faire des économies d'énergie", assure-t-il à l'AFP. Extinction des enseignes, réduction de "l'intensité lumineuse" quand les clients ne sont pas là mais aussi, parfois, quand ils sont en rayons, réduction du chauffage...

Les factures, la grande inquiétude ?

Selon Perifem, la facture d'électricité et de gaz des magasins va être "multipliée par 3 dès 2023 par rapport à 2022 et par 5 par rapport à 2021, voire plus".

Yves Audo, propriétaire de magasins Intermarché dans le Pays basque et président du Conseil du Commerce de France (CDCF) ne sait "toujours pas combien" il va payer en 2023, "les négociations étant en cours", mais il "attend une augmentation aux alentours de 100%". Dans tous les cas, "une part très importante du résultat".

Chez Système U, le bénéfice moyen annuel d'un magasin se situe autour de 400.000 à 500.000 euros, explique Dominique Schelcher, lui-même patron de magasin à Fessenheim, en Alsace. La facture d'électricité est de 130.000 euros. Multipliée par deux, comme elle le sera dans son magasin alsacien, elle aura un impact dans les comptes très significatif.

"Certains magasins dont les résultats sont plus tendus et proches de zéro pourront se retrouver en difficulté", observe Yves Audo. Pour les autres, cela obère les investissements à venir.

Or les supermarchés doivent sans cesse s'adapter pour suivre l'évolution de la consommation de leurs clients, mais aussi pour optimiser leur fonctionnement. Dans son magasin, M. Schelcher se réjouit d'avoir changé récemment son système de production du froid, passant du gaz au CO2 et baissant sa consommation de 30%. Mais tous les magasins n'ont pas les moyens d'investir.

En août, le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, avait expliqué comment se répartissait la facture d'énergie dans ses magasins: 50% pour la production de froid, 20% pour l'éclairage, entre 25 et 30% pour la climatisation et la chaleur. La consommation de l'enseigne lumineuse à l'entrée est marginale, mais très symbolique.

Risques de rupture?

Faudra-t-il mettre au rebut steaks hachés, crème fraîche et Saint-Jacques en cas de coupure de courant? "Tout produit qui sera remonté au-dessus des températures réglementaires devra être jeté", explique Emilie Tafournel, directrice qualité à la FCD, fédération professionnelle de la distribution alimentaire.

Pour autant, le secteur prend ses précautions pour "minimiser au maximum" ce risque, poursuit-elle. La FCD a ainsi concocté un protocole d'action pour faire face au risque de délestage, qui pourrait entraîner jusqu'à deux heures sans courant dans les magasins lors des périodes de forte consommation d'électricité.

Les magasins sont invités par la FCD à "bien connaître leurs meubles de froid, leurs spécificités par marque, par dimension et par modèle", pour savoir dans quelle mesure ils conserveront les différents produits à bonne température en cas de coupure.

Le cas échéant, "la plupart des hypermarchés et un grand nombre de supermarchés sont équipés de générateurs d'électricité", dit Yves Audo, du CDCF. Prévenus en amont, "il y a possibilité de s'organiser pour éviter les pertes".

Les commerces dits de proximité, c'est-à-dire de plus petite taille et situés souvent en coeur de ville, sont en revanche "très marginalement équipés", dit Mme Tafournel.

Dernière possibilité, complète M. Schelcher: "si on la laisse fermée, la chambre froide des magasins conservera sans aucun problème même les produits les plus fragiles" le temps que l'électricité revienne.

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