Carburants : le bioéthanol « est là pour durer », affirme la filière

  • AFP
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"L'éthanol est là pour durer !" La filière de l'agrocarburant routier Superéthanol-E85, qui se veut "le carburant du pouvoir d'achat", affiche ses ambitions après une année record tant en volumes écoulés qu'en stations-service équipées.

À 340 millions de litres, ce carburant, qui contient jusqu'à 85% de bioéthanol (issu de la fermentation de betteraves et de céréales), ne représente que 3% du marché des essences. Celles-ci sont elles-mêmes minoritaires, le gazole régnant encore sur 77% des carburants routiers.

Mais l'éthanol enregistre une croissance inédite (+85%) et 2020 devrait voir un bond similaire, a indiqué mardi la Collective du bioéthanol, qui regroupe les producteurs (Association de la betterave et du sucre et Syndicat des producteurs d'alcool agricole, SNPAA). Son réseau de distribution inclut désormais 1  740 stations-service: 634 de plus en un an. L'E85 est désormais disponible dans 19% des stations.

À 0,69 euro le litre à la pompe en moyenne, moins taxé, c'est "le carburant du pouvoir d'achat", argumentent les professionnels du secteur, qui relèvent aussi ses 50% de CO2 et 90% de particules en moins par rapport aux essences fossiles.

Ce carburant a pourtant connu un parcours heurté, entre prix des céréales en hausse et changements de stratégies. De nouveau, il progresse nettement depuis qu'un arrêté de fin 2017 encadre l'homologation des boîtiers de conversion E85 permettant aux moteurs de fonctionner avec ces derniers.

Aujourd'hui, huit véhicules essence sur 10 sont compatibles avec au moins un des 13 boîtiers de gestion du moteur homologués par l'État. Cette démarche, qui coûte environ 1 000 euros, bénéficie de subventions dans certaines villes et régions, et la carte grise est gratuite dans 10 régions. "Ce qui a débloqué son utilisation est qu'il n'est plus besoin d'attendre la mise à disposition de systèmes flex fuel en série par les constructeurs" auto, explique Sylvain Demoures, secrétaire général du SNPAA, qui recense 100 000 véhicules équipés en France et 40 000 supplémentaires attendus en 2020.

Les constructeurs ont renoncé dans les années 2012-14 aux "flex fuel" (à carburant modulable), privilégiant d'autres priorités comme les petits véhicules essence ou l'électrification.

Retour de flamme

Mais en 2019, Ford France a retenté une version "flex fuel" pour accompagner la fin de son modèle Kuga. "Test concluant", explique son président, Louis-Carl Vignon, qui promet de nouveaux modèles pour 2021. "En 2005, Ford avait présenté deux véhicules... au salon de l'agriculture. Jacques Chirac est passé, ce qui nous a donné de la lumière, mais comme souvent quand vous arrivez trop tôt, ça s'est étiolé", raconte-t-il. "Treize ans plus tard, on cherchait à dynamiser notre Kuga. Puis la crise des Gilets jaunes est arrivée, il y a eu un focus sur les prix des carburants. En six mois on a livré tout notre stock: on en avait prévu 3 000, on en a fait 6 500".

Même retour de flamme chez Système U, qui après un essai il y a 10 ans, a décidé en 2018 de rééquiper ses stations, explique son directeur des achats non-marchands, Armand Olichon. Alors quel avenir imaginer en France pour l'E85? Jusqu'où les agriculteurs pourront-ils répondre à la demande sans concurrencer les besoins alimentaires ?

Le bioéthanol est "une production made in France" nécessitant moins de 1% de la surface agricole utile, et le pays, premier producteur européen d'alcool agricole, est exportateur, répond la profession. "Si on devait assurer aujourd'hui tous les besoins en carburant, on aurait du mal à suivre!", admet M. Demoures. "Mais la consommation globale va baisser".

Le secteur entrevoit une progression "pas à pas" mais "pour durer" : l'E85 "aura toute sa place à côté de l'électrique, pour les hybrides qui devront assurer les longues distances".

Aujourd'hui, l'éthanol entre aussi dans le SP95-E10 (qui en contient jusqu'à 10%). Première essence de France depuis 2017, ce carburant a gagné 5 points de part de marché en 2019 à 47,6% et près de 50% en décembre, indique la filière, qui vise 75% d'ici 5 ans. Le SP95-E10, compatible avec 98% du parc roulant et disponible dans 70% des stations, demeure 4 à 5 centimes moins cher que le SP95, souligne-t-on. "Cette limite de 10% a pour vocation d'être relevée. On aimerait à moyen terme du E20 partout en Europe", dit M. Demoures.

Commentaires

François Cordelle

Je voudrais bien savoir combien de CO² est émis par litre consommé, car, si le bioéthanol résout le problème de l'approvisionnement, il reste que le CO² doit être compté parmi les gaz à effet de serre au même titre que les autres produits pétroliers.

Luflex

Le bioéthanol, pour être commercialisé, du moins en Europe, doit permettre une économie de CO2 de 50% au minimum par rapport au carburant fossile sur l'ensemble de son cycle de vie ("du champs/du puits à la roue"), c'est à dire émissions de CO2 lors de la production, de la distribution et bien évidemment de la combustion. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/biocarburants
Dans les faits en France l'économie de GES est d'environ 65%, grâce à la culture de betterave, riche en sucre et économe en énergie, et l’utilisation de résidus viniques :
https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/acv_biocarbur…

samuel GIBON

Oui les biocarburants comme l'hydrogène seront les carburants du futur pour l'automobile . Pour résoudre les problèmes de CO2 dans l'atmosphère et pour "le pouvoir d'achat" des Français. oui de la même façon l'electrique est une solution d'avenir mais il faut améliorer considérablement l'autonomie des voitures electriques et developper l'infrastructure des charges électriques sur autoroute. Il faut améliorer la protection de l'environnement et protéger la nature contre le déréglement climatique dû aux fortes variations climatiques, aux differentes pollution . Notre planète est un être fragile qu'il faut savoir préserver des prédations humaines. Oui d'autre part il faut absolument réduire la part de la production d'electricité par le charbon qui produit et envoie dans l'atmosphère trop de CO2. Vive le biocarburant superethanol E85 et vive l'hydrogène. Des initiatives de production d'hydrogène comme en Vendée ou en Loire Atlantique montre que l'on peut réduire encore plus notre trace carbone, la pollution au CO2 et les gaz a effet de serre dans l'atmosphère.

sébastien

Bonjour,

L'électricité est une solution d'avenir peut être mais avenir lointain et surtout pas bonne pour le pouvoir d'achat. Le coût total d'une électrique est sensiblement le même que pour un diesel, et les recharges rapides sur autoroute sont prohibitives. J'ai vu récemment un 0,4€ du kWh alors que le tarif réglementé est aux alentours de 0,15. Et le prix de l'électricité est voué à augmenter inexorablement.

Pour l'hydrogène c'est encore pire puisque aucune voiture de série n'est disponible. Et ce n'est pas pour demain. En outre, la méthode la plus économique de faire de l'hydrogène c'est à partir de produits pétroliers. C'est moyen question émission de CO2 totale.

Donc je pense que le bioéthanol est à court moyen terme un excellent moyen de diminuer nos rejet globaux de CO2 car une partie de ce qui est rejeté a été absorbée par la plante auparavant.

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