ExxonMobil et Chevron repassent dans le vert et en font profiter leurs actionnaires

  • AFP
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Les groupes pétroliers américains ExxonMobil et Chevron sont repassés dans le vert au troisième trimestre à la faveur du rebond des prix du pétrole et du gaz, et distribuent généreusement leurs profits aux actionnaires.

ExxonMobil a dégagé son plus gros bénéfice net depuis 2017, à 6,8 milliards de dollars, et Chevron depuis 2013 avec 6,1 milliards de dollars.

Les deux entreprises ont profité de la hausse des cours de l'énergie, alors que le baril de pétrole est récemment remonté à des niveaux plus vus depuis 2014.

Le chiffre d'affaires de Chevron a ainsi bondi de 60%, à 73,8 milliards de dollars, alors que sa production totale était à peu près au même niveau qu'au troisième trimestre 2020.

Chez Chevron, la production a progressé de 7%, mais son chiffre d'affaires s'est envolé de 83%, à 44,7 milliards de dollars.

Le groupe a vendu le baril de pétrole ou de gaz naturel liquéfié à 58 dollars en moyenne aux Etats-Unis, contre 31 dollars un an plus tôt, tandis que le prix du gaz naturel écoulé a été multiplié par près de 4 dans le pays.

La demande en énergie a rebondi fortement avec la reprise économique tandis que les producteurs, mis à mal par la chute des cours au début de la pandémie, ont un temps suspendu leurs investissements et peinent aujourd'hui à répondre à cette demande.

L'envolée des prix qui en résulte a aussi profité aux groupes français TotalEnergies et italien Eni, qui ont réalisé des bénéfices nets respectifs de 4,6 milliards de dollars et 1,2 milliard d'euros au troisième trimestre.

- Dilemme -

ExxonMobil et Chevron ont restreint leurs dépenses d'investissement sur la période, préférant utiliser les larges flux de trésorerie dégagés par leur activité pour récompenser leurs actionnaires et assainir leurs comptes.

ExxonMobil a ainsi pu verser les dividendes prévus et réduire sa dette de 4 milliards de dollars. Et le groupe prévoit d'augmenter encore les retours aux actionnaires à travers un programme de rachat d'actions de 10 milliards de dollars devant commencer en 2022.

Chevron a de son côté versé 2,6 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires, racheté pour 625 millions de dollars d'actions et remboursé pour 5,6 milliards de dettes.

Depuis plusieurs trimestres, "le dilemme pour ces entreprises est de savoir quoi faire avec leur argent", a souligné Peter McNally, analyste pour Third Bridge.

"Les investisseurs estiment que le secteur dépense trop pour alimenter sa croissance et pas assez en retour de capital. Les entreprises semblent avoir reçu le message", a-t-il avancé.

Elles font d'autant plus attention à leurs dépenses d'investissement "que l'environnement réglementaire est assez incertain en ce moment, avec une possible tarification du carbone ou avec le jugement contre Shell", un tribunal néerlandais ayant enjoint en mai la compagnie à réduire ses émissions de CO2, a aussi remarqué l'analyste.

Le directeur financier de Chevron, Pierre Breber, a toutefois souligné sur CNBC vendredi qu'il prévoyait de faire repartir à la hausse les dépenses en capital, d'au moins 20% en 2022 notamment, pour les énergies conventionnelles mais aussi moins pour celles émettant moins de carbone.

- Pas de réduction -

Les groupes pétroliers font face en effet à la pression croissante de citoyens et investisseurs inquiets du changement climatique.

Lors d'une audition au Congrès américain jeudi, plusieurs parlementaires démocrates ont douté de la sincérité des efforts annoncés par ces géants pour réduire leurs émissions.

Les patrons de Chevron et d'ExxonMobil y ont notamment refusé de s'engager à réduire leur production d'hydrocarbures.

Celui d'ExxonMobil, Darren Woods, a souligné vendredi que les "solides rendements générés" par ses activités lui fournissaient à court terme de l'argent "pour financer des opportunités à faible émission de carbone", le groupe ayant mis l'accent sur les solutions de captage et de stockage du CO2.

"Nous prévoyons de multiplier par quatre le niveau des dépenses dans les solutions énergétiques à faibles émissions (de carbone) par rapport au plan précédent", a indiqué le PDG. Il a dû accueillir cette année dans son conseil d'administration trois représentants de la société d'investissement Engine N°1, qui pousse pour mettre l'accent sur les énergies renouvelables.

L'action d'ExxonMobil prenait 1,1% dans les premiers échanges à Wall Street et celle de Chevron 1,3%.

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