Fusion Alstom-Siemens: un refus de Bruxelles serait « une faute politique » selon Benjamin Griveaux

  • AFP
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Un refus de la Commission européenne d'approuver le projet de fusion entre les groupes français Alstom et allemand Siemens "serait une erreur économique et une faute politique" ainsi qu'un "mauvais signal envoyé aux peuples européens", a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

"Créons un grand groupe européen capable de rivaliser avec les grands groupes internationaux", a-t-il réclamé, alors que Bruxelles a jusqu'au 18 février pour approuver ou non ce projet annoncé en septembre 2017. Paris estime qu'un veto de Bruxelles à cette fusion alimenterait la méfiance envers l'Europe exprimée aussi par les "gilets jaunes".

"L'Europe a échoué à protéger nos concitoyens européens, nos entreprises, nos salariés, c'est aussi ce qui s'est exprimé sur les ronds-points, le sentiment que nous étions désarmés face à la concurrence internationale", a déclaré M. Griveaux dans une référence au mouvement des "gilets jaunes". "Nous avons là le moyen de démontrer aux peuples européens que par volontarisme politique, nous créons un grand groupe européen capable de rivaliser avec les grands groupes internationaux. Saisissons cette opportunité", a-t-il lancé.

Les doutes s'accumulent depuis plusieurs semaines sur ce projet en raison des réticences de la Commission européenne à donner son aval. La fusion est soutenue par Paris et Berlin, qui veulent créer un groupe capable de rivaliser avec le géant chinois CRRC. Mais la Commission s'inquiète de la position dominante qu'aurait cette nouvelle entité, qui risquerait de faire grimper les prix et de freiner l'innovation dans l'Union européenne.

Le 12 décembre, Siemens et Alstom avaient tenté d'amadouer la Commission européenne en proposant des concessions modestes. Mais, le 18 décembre, la commissaire européenne chargée de la Concurrence, Margrethe Vestager, avait dit ses craintes quant aux effets de la fusion, notamment pour les trains à très grande vitesse.

Depuis, plusieurs autorités nationales de la concurrence de pays européens, dont l'autorité allemande, ont fait part de leurs réserves. La semaine dernière, à Berlin, Mme Vestager avait souligné que "l'on ne pouvait pas construire des champions européens (...) avec des fusions qui nuisent à la concurrence". De son côté, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, est monté plusieurs fois au créneau pour défendre fermement ce dossier.

Mardi, l'intersyndicale franco-belge d'Alstom a redit son opposition au projet de fusion avec Siemens, qualifiée de projet "purement capitalistique et financier", qui "profiterait majoritairement à Siemens".

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