Hitachi suspend un projet de construction de réacteurs nucléaires en Grande-Bretagne

  • AFP
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Le géant industriel japonais Hitachi a annoncé jeudi le gel de son projet de construction de réacteurs nucléaires en Grande-Bretagne, trop difficile à financer.

Il a précisé devoir enregistrer une dépréciation d'actifs de 300 milliards de yens (2,4 milliards d'euros) compte tenu du fait que des travaux préparatoires de ce projet, connu sous l'appellation Wylfa Newydd, avaient déjà été engagés.

Hitachi, qui avait dit vouloir prendre une décision d'ici à la fin de l'année 2019, a accéléré le calendrier car le maintien de ce projet lui coûte plusieurs milliards de yens (dizaines de millions d'euros) par mois. Le géant nippon avait racheté en 2012 aux énergéticiens allemands E.ON et RWE le britannique Horizon Nuclear Power, pour construire deux réacteurs.

Le groupe a engagé ensuite des discussions avec l'État britannique, l'État japonais et d'autres potentiels partenaires, mais sans trouver d'accord financier satisfaisant, explique-t-il jeudi dans un communiqué. "Nous avons jugé qu'il fallait plus de temps pour trouver un schéma de financement et modèle d'exploitation. Jugeant du point de vue des critères d'une entreprise privée, nous avons donc décidé de geler le projet", a-t-il justifié.

Selon les informations parues précédemment dans la presse, l'État britannique avait accepté de financer aux deux tiers le projet dont le coût est évalué à 3 000 milliards de yens (24 milliards d'euros), la part restante revenant à l'État et à des entreprises japonaises. Mais même si le gouvernement nippon était prêt à aider, les entreprises japonaises sollicitées sont réticentes et Hitachi ne se voit pas assumer seul le risque financier, la Grande-Bretagne ayant aussi refusé d'élever sa part.

Le gouvernement japonais tente tant bien que mal de promouvoir les technologies nucléaires nippones à l'étranger. Mais les efforts du Japon en faveur de ses industriels n'ont guère porté leurs fruits pour le moment, en raison de répercussions fortes de l'accident de Fukushima Daiichi sur le coût de sûreté des autres installations. Cet accident a déjà réduit comme peau de chagrin leurs chances de construire à court terme de nouveaux réacteurs dans l'archipel.

À l'instar des autres entreprises du monde nucléaire, "nous voyons bien que les circonstances actuelles sont plus difficiles qu'auparavant, notamment du fait du développement des énergies renouvelables", avait expliqué il y a quelques semaines un porte-parole de Hitachi. Du fait des pertes occasionnées, le groupe a ramené à 100 milliards de yens au lieu de 400 milliards son estimation de bénéfice net pour l'exercice 2018/2019 qui sera clos le 31 mars prochain.

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