Iran-États-Unis: 40 ans de relations conflictuelles

  • AFP
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L'Iran, accusé vendredi par le président américain Donald Trump d'être responsable d'attaques contre deux pétroliers dans la région du Golfe, est la bête noire des États-Unis depuis la rupture de leurs relations diplomatiques en 1980.

Rupture

Le 4 novembre 1979, sept mois après la proclamation de la République islamique d'Iran, des étudiants islamistes prennent d'assaut l'ambassade des États-Unis à Téhéran, exigeant l'extradition de l'ex-chah Mohamed Reza Pahlavi, soigné aux États-Unis : 52 personnes seront retenues en otage pendant 444 jours.

Le 7 avril 1980, Washington rompt les relations diplomatiques et impose un embargo commercial, dix mois avant la libération des derniers otages.

Le 4 novembre 1986, les révélations iraniennes sur la visite à Téhéran d'un émissaire de Ronald Reagan font éclater l'affaire des ventes d'armes américaines à Téhéran (Irangate) visant à obtenir la libération d'otages américains au Liban.

Le 3 juillet 1988, un Airbus d'Iranair est abattu "par erreur" par un navire de guerre américain au dessus du Golfe, tuant 290 personnes.

« Axe du mal »

Le 30 avril 1995, un embargo économique total américain est décrété contre l'Iran "en quête d'armes nucléaires", selon le président Bill Clinton. Il est suivi de sanctions contre les sociétés investissant dans les secteurs pétrolier ou gazier iraniens.

Le 29 janvier 2002, le président George W. Bush place l'Iran parmi les pays de l'"axe du mal" soutenant le terrorisme.

En 2005, le président conservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad relance l'enrichissement d'uranium.

Timide rapprochement

Le 20 mars 2009, le président américain Barack Obama offre de "parler directement au peuple et aux dirigeants de la République islamique d'Iran". Mais en juin, il condamne la répression des manifestations en Iran et estime que la légitimité de la réélection de M. Ahmadinejad pose de "sérieuses questions".

Le 15 juin 2013, les États-Unis se disent "prêts à collaborer directement" avec le nouveau président Hassan Rohani. Le 26 septembre, le secrétaire d'État américain John Kerry rencontre à New York son homologue iranien Mohammad Javad Zarif. Le lendemain, MM. Obama et Rohani se parlent au téléphone, une première depuis 1979.

Accord historique

Le 14 juillet 2015, l'Iran et les grandes puissances concluent un accord mettant fin à douze années de tensions autour du dossier nucléaire iranien. En vigueur début 2016, l'accord prévoit une levée progressive et conditionnelle des sanctions en échange de garanties que Téhéran ne se dotera pas de l'arme atomique.

Washington suspend les sanctions liées au nucléaire mais en impose d'autres liées au non-respect des droits humains par Téhéran, à son soutien au "terrorisme" au Moyen-Orient et à son programme de missiles balistiques.

Détente pulvérisée

Le 27 janvier 2017, une semaine après son investiture, Donald Trump interdit, par décret, l'immigration des ressortissants de sept pays musulmans, dont l'Iran.

En février, Washington sanctionne 25 personnes et entités, soupçonnées d'avoir apporté un soutien matériel au programme iranien de missiles balistiques. Téhéran riposte par des sanctions contre des sociétés américaines.

Le 8 mai 2018, M. Trump annonce le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire et le rétablissement des sanctions.

Accusations de « terrorisme »

Le 8 avril 2019, Washington place les Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime iranien, sur sa liste noire des "organisations terroristes étrangères".

L'Iran accuse les États-Unis d'être un "État parrain du terrorisme", et les forces américaines déployées au Moyen-Orient, dans la Corne de l'Afrique et en Asie centrale, d'être des "groupes terroristes".

Sanctions

Le 8 mai, l'Iran décide d'arrêter de limiter ses réserves d'eau lourde et d'uranium enrichi, mesures auxquelles il s'était engagé dans le cadre de l'accord sur le nucléaire.

M. Trump impose de nouvelles sanctions contre "les secteurs du fer, de l'acier, de l'aluminium et du cuivre".

Tensions dans le Golfe

Washington envoie début mai des renforts militaires au Moyen-Orient, accusant l'Iran de préparer des attaques "imminentes" contre des intérêts américains.

Le 12 mai, quatre navires --deux saoudiens, un émirati et un norvégien-- dont trois pétroliers, sont la cible d'"actes de sabotage" dans les eaux territoriales émiraties. Washington et Riyad mettent en cause l'Iran.

Le 13 juin, deux pétroliers - l'un japonais et l'autre propriété d'une compagnie cotée à la Bourse d'Oslo - sont attaqués en mer d'Oman. L'Iran est "responsable des attaques", affirme le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. Téhéran dément.

Les attaques sont "signées" de l'Iran, déclare le lendemain le président américain, soulignant que Téhéran ne pourra pas "longtemps" fermer le détroit d'Ormuz. La Russie appelle à "ne pas tirer de conclusions hâtives".

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