La Bulgarie compte se doter de son premier réacteur nucléaire américain au sein de sa centrale de Kozlodouy

  • AFP
  • parue le

La Bulgarie veut installer un réacteur américain dans sa seule centrale atomique de Kozlodouy (nord), a annoncé mardi le Premier ministre Boïko Borissov, dans le souci de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie en matière d'énergie.

Ce réacteur devrait être opérationnel d'ici 10 à 15 ans, a précisé M. Borissov à l'occasion d'une visite sur place, retransmise sur sa page Facebook. Un décret en ce sens sera adopté mercredi en Conseil des ministres, a-t-il ajouté devant des responsables de la centrale, des ministres et des dirigeants des syndicats.

La centrale nucléaire de Kozlodouy dispose actuellement de deux réacteurs russes, les numéros 5 et 6, de type VVER avec une capacité de 1 000 mégawatts chacun. Ils ont une licence jusqu'en 2027 et 2029, reconductible. Les quatre réacteurs les plus anciens ont été fermés avant l'adhésion de la Bulgarie à l'UE en 2007 pour des raisons de sécurité.

La Bulgarie a un autre projet de centrale nucléaire sur le Danube, à Béléné à l'ouest de Kozlodouy, mais il a été suspendu à plusieurs reprises pour des raisons de coûts et rentabilité, alors que deux réacteurs avaient déjà été livrés par la Russie.

Sept groupes, dont le chinois CNNC, le russe Rosatom avec le français Framatome et l'américain General Electric, et le sud-coréen KHNP, ont déposé en août 2019 des offres pour achever cette installation. Lors d'une visite récente à Sofia, le sous-secrétaire d'État américain Francis Fannon a critiqué ce projet exploité selon lui, comme d'autres projets énergétiques russes, à des fins politiques. "Ce projet crée de la dépendance (...) Il est basé sur des technologies que la Russie refuse d'utiliser dans son propre pays", avait-il alors déclaré à la presse.

Manifestant un intérêt accru pour la région des Balkans, les États-Unis ont signé vendredi un accord avec la Roumanie pour financer la construction de deux nouvelles tranches de la seule centrale nucléaire de Cernavoda (sud-est). La Bulgarie est souvent critiquée par Washington et Bruxelles pour sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Plus de 95% du gaz et 80% du pétrole consommés dans le pays sont fournis par Moscou. Et la seule raffinerie du pays appartient au géant russe Loukoil.

Dans ce contexte, le feu vert donné par Sofia au prolongement sur son territoire du gazoduc TurkStream, projet phare de Moscou et Ankara, a suscité une vive opposition des Américains.

Commentaires

Serge Rochain

15 ans ? Il ne faut pas être pressé. En 2 ans avec les ENR ils ont la même chose pour 3 fois moins cher.

Vincent

Bonsoir.
En 2 ans, vous n'avez certainement pas le temps nécessaire de construire un barrage hydroélectrique d'envergure.
Et si vous faites allusions aux fermes de panneaux PV et aux éoliennes, vous n'avez certainement pas la même chose qu'un réacteur nucléaire : l'aspect pilotable accorde beaucoup plus de valeur au nucléaire.
Quant au facteur 3, on se demande d'où il sort...

Serge Rochain

@Vincent,
On va commencer par le 3. En fait, en réalité c’est 4 mais on va faire une petite économie pour construire autre chose avec :
Les données du problème :
Nucléaire :
Cout EPR : 12,4 G€ Délai de réalisation 2007 à 2021 : 14 ans
Puissance de production théorique 1,6 GW Facteur de charge 75% (mais même à 100% sans maintenance ni rechargement d’uranium ni incidents…. Ça ne fera pas le poids. Noter que le facteur de charge du parc existant n’a été en 2019 que de 68%) Puissance réelle : 1,2 GW
Production annuelle : 10,5 TWh

Parc éolien :
Coût d’une éolienne de 2 MW : 1 M€ Facteur de charge moyen France de l’éolien : 25%
On peut donc construire plus de 10 000 éoliennes avec ce que coûte (a déjà couté sans produire) l’EPR de Flamanville. Puissance théorique 20 GW, puissance réelle 5 GW
Production annuelle : 43,8 TWh soit 4 fois plus que le nucléaire de l’EPR
Ajoutez à cela que le parc peut produire au bout de 2 ans seulement, car moins de deux ans suffisent pour construire une éolienne et la raccorder. Aujourd’hui l’étape la plus longue de la construction d’une éolienne est représentée par les délais imposés par les recours juridiques systématiques.

Le coût du MWh solaire ayant rejoint celui de l’éolien depuis 2018 le résultat est le même pour le solaire
Il faut estimer le coût du stockage si tant est qu’il faille stocker car le stockage est un fantasme inventé par le nucléaire, qui ne sachant pas quoi faire de son électricité la nuit, la stocke sous forme de chaleur la nuit dans les millions de m3 d’eau sanitaire. Il suffit par ailleurs de consulter systématiquement les courbes fournies par RTE pour voir que part vent fort l’éolien (bien qu’encore très mal réparti en France) la production est jusqu’à 5 fois celle du vent moyen au niveau duquel il « faudra » équipé le parc pour qu’il fournisse le besoin dans le mixe qui lui aura été assigné. En conséquence par vent fort il y aura une puissance colossale à stocker avec cette électricité quasi gratuite ce qui rendra probablement intéressant le stockage H2 malgré la piètre conversion E->H2->E de 40%. Ajoutez-y que dans les ENR le biogaz est dans un état stocké dès sa production et son potentiel, peu développé en France (1,8 % du mixe électrique) qui l’est 5 fois plus en Allemagne, permettrait d’alimenter exclusivement par ce moyen le pays par temps calme et couvert anticyclonique durant 3 mois au moins chaque année avec la méthanisation des simples déchets agricoles. Actuellement l’Allemagne dont le biogaz représente déjà 8,4% du mixe électrique peut assurer son besoin électrique à 100% par cette source 1 mois par an. N’oubliez pas non plus les ENR constants ou presque, avec les solutions marémotrices, les hydroliennes, les houliennes, et n’oubliez pas non plus l’hydraulique de barrage qui marche déjà fort bien….. autant de solutions qui rendent ridicule l’insistance des nucléocrates sur le caractère intermittent lui aussi ridicule puisqu’il s’agit de variabilité et pas d’intermittence qui est le « tout ou rien » présenté aussi de façon toute aussi ridicule comme aléatoire, avec une météo datant de l’âge de la hache de pierre, peut-être, mais plus aujourd’hui. Il y a beau temps que l’on sait ce que le vent attendu demain va produire, et où (façade maritime Nord, Ouest, Sud ? Et dans l’intérieure même chose). La même météo va aussi nous donner la couverture nuageuse et…. Il est temps de revenir au XXI e siècle au lieu de bétonner sur le XXe qui a bien fait son boulot, merci, au revoir.
En revanche il n'y a pas de météo pour prédire les pannes de réacteurs nucléaire qui ne préviennent pas et nous venons de quitter une période ou 1/4 était tombés en panne, et 1/4 en maintenance et malgré une puissance installée de 61,5 MW, on n'arrivait pas à en sortir plus de 28 et nous avons importé massivement d'Allemagne durant plus d'un mois dans la journée lorsque nous avons le plus besoin d'énergie pour répondre aux besoins de l'activité économique.
Alors au lieu de 4 je n’en ferai que les ¾ ce qui ramène à 3 fois moins cher et avec les économies réalisées je construirai un méthaniseur qui me permettra de suppléer aux déficiences de productions des ENR variables (en l’occurrence le vent) en cas de besoin. Compris Vincent ?
Maintenant et seulement pour votre culture, le pilotage dont on parle à propos des réacteurs nucléaires n’a rien à voir avec ce que vous croyez car en il ne s’agit pas d’avoir un réacteur capable d’assurer le suivi de charge ce qui est autre chose. Le pilotage n’est pas un avantage mais une contrainte dont l’objet est de veiller pour le pilote de tranche à ce que la réaction en chaine ni ne s’emballe ni ne s’étouffe en gardant constant (K=1) le rapport neutron / atome fissionné = 1. C’est une contrainte propre au nucléaire alors que les centrales à gaz, charbon, hydrauliques, éoliennes, solaires, bref toutes les autres sources n’ont pas cette contrainte ce qui les rend très souple pour le suivi de charge qu'elles assurent (Hydro et gaz surtout)
La régulation du suivi de charge est tout à fait autre chose et dans le monde sur les quelques 430 réacteurs nucléaires en service, plus de 400 ne fonctionne qu’en régime de base, c’est-à-dire au régime nominal du réacteur sans possibilité de procéder à un quelconque suivi de charge. Et en France un peu plus de 40 de nos réacteurs (dont tous les 900MW) sont incapables de procéder au suivi de charge. D’ailleurs, dans le monde, la plupart des réacteurs qui en sont capables sont situés en France et en Allemagne. Ce sont vraiment des techniques très compliquées qui permettent cette opération surtout avec un réacteur nucléaire qu’il faut maintenir dans la fourchette entre l’emballement et l’étouffement en procédant par palier ce qui n’a rien de souple car avec le procédé il faut plusieurs heures pour réaliser ce qu’une centrale à gaz fait en moins de 5 minutes, et plusieurs jours pour faire ce qu’elle peut faire en ½ heure. Les réacteurs nucléaires sont incapables de répondre dans les délais aux variations de la demande (sauf dans des opérations de démonstration devant un parterre de journalistes qui n'y comprennent rien de toutes les façons et où ce sont des ingénieurs qui savent exactement ce qu'ils font qui prennent les manettes à la place du conducteur de tranche lambda (bac+1 mois de stage tous les deux ans)qui assure le suivi classique habituellement.
Si cela vous intéresse je peux peut-être vous expliquer comment cela fonctionne mais quelle formation avez-vous en électrotechnique ?

dédé 29

Je ne sais pas dire si Serge Rochain est plus de mauvaise foi qu'ignorant !

BAR

Comme nous dirait Jean-Marc Jancovici, le nucléaire est un domaine qui n'accepte pas le "start and go". En effet, c'est une branche industrielle qui repose sur de longues années d'expérience et l'utilisation de personnes qui deviennent des référents techniques. Pour ce qui est du pilotage des centrales nucléaires, celle-ci fait l'objet d'un cahier des charges ( alors ce n'est pas la peine d'inventer, c'est écrit). Par contre, c'est souvent oublié. Dans les années 2000, EDP science a publié tout un ensemble d'ouvrage relatif au nucléaire ( Collection Génie Atomique ). Je connais 5 ouvrages de cette collection. En particulier, pour ce qui est du pilotage, l'ouvrage de cette série est " Exploitation des cœurs REP " , et le chapitre concerné est le chapitre 9 " Pilotage des REP ". Ainsi, il apparait que les possibilités de pilotage sont imposées par un cahier des charges. Par exemple, le réacteur doit être capable de suivre une variation de puissance de de 2 à 5% de PN ( Puissance nominale ) par minute ( fonctionnement en suivi de charge ). Pour un réacteur de 1 600 MWe , cela veut dire 80 Mwe par minutes, soit 20 éoliennes de 4 MW qu'il faut mettre en service ou arrêter par minute. ( Le vent n'autorisera pas cette flexibilité ). Cette possibilité de pilotage a des conséquences sur le fonctionnement du réacteur. Comme le disait Serge Rochain, cela ne se fait pas de manière simple et c'est pour cette raison que très peu de centrale l'utilise. Les USA ont certes plus de centrales que la France mais le pourcentage d'énergie nucléaire dans leur production reste plus faible et ce pays n'a pas besoin de faire du suivi de charges avec ses centrales nucléaires. Il ne faut pas remettre en cause le cahier des charges car il est issu de conditions de fonctionnement ou d'utilisation. Un avion met quelques minutes à atterrir alors qu'il a passé plusieurs heures en vol. Ce n'est pas une raison pour lui supprimer le train atterrissage ! Donc, même si le pilotage des centrales nucléaires est difficile, il doit être réalisé et il faut le prendre en compte. Que cette contrainte soit pénalisante ( comme le dit très bien Serge Rochain ) est un fait technique. Et c'est justement le travail des techniciens ( ingénieurs, chercheurs.. ) de trouver des méthodes pour y répondre. Imaginons qu'un concurrent de notre industrie nucléaire propose un solution à ce problème de pilotage ( solution particulière novatrice, économiquement intéressante et techniquement avantageuse ). Ce problème sera réglé par le concurrent qui ne manquera pas de l'utiliser comme argument commercial. Encore une fois, comme nous dirait Jean-Marc, avec un énergie non pilotée, le train de 10h30 ne partira pas à 10h30 s'il n'y a pas de vent ou si le ciel est nuageux. Si le problème du pilotage d'une centrale ( nucléaire ou non ) est une contrainte réelle. C'est aussi pour cette raison qu'il existe des centrales "rapides" qui sont capables de se connecter et de se synchroniser sur le réseau avec des délais très courts. La sécurité énergétique ne peut être assurée que par une mixité des sources. Ne pas oublier que les défauts d'une source doivent être compensés par d'autres sources. La France avait fait un choix dans les années 70, l'énergie nucléaire et comme elle devenait prépondérante, il est naturel que des contraintes pilotages aient été intégrées car il n'y avait pas d'autres sources utilisables. Que cette contrainte ne plaise pas au utilisateur ou au concepteur de centrale est une chose mais elle ne peut être retirée.

Je lisais aussi très récemment un article sur les pales d'éoliennes et la pollution qu'elles occasionnent. Cet article m'a conduit à me poser deux questions. Pourquoi ce problème de pollution n'a -t-il pas été abordé dès le début. Les éoliennes n'étaient donc pas des produits écologiques ? Si tel est le cas, cela veut dire que les problèmes réels ne sont abordés qu'à partir du moment ou il y a une solution. Et pourtant, des pays bien équipés en renouvelable nous montrent que les problèmes réels existent et qu'ils sont loin d'être négligeables. Encore une fois, le problème du stockage est loin d'être un faux problème. La Belgique ( et pas que la Belgique ) a connu durant un été un problème de sur-capacité. Les panneaux solaires produisaient trop. Pour garder la stabilité du réseau, la Belgique a du exporter cette énergie excédentaire vers d'autres pays. Comme cette exportation n'était pas prévue, celle-ci s'est faite avec un impact financier. Il suffit d'écouter M Jancovici, il a de bons exemples à vous donner avec les pays nordiques.

Pour ce qui est des méthaniseurs, j'ai un ami cultivateur qui voir régulièrement la production du champ voisin passer dans les méthaniseurs et non dans les assiettes des êtres humains. Je veux bien que l'agriculture soit classé dans le secteur primaire mais j'ai encore du mal a comparer un champ de blé et une mine de charbon. Au début, les méthaniseurs utilisaient les déchet de l'agriculture. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Pour ce qui est des arrêts de centrales ( nucléaires ou non ), il n'y a pas de météo... sur ce point, Serge Rochain a raison. C'est pour cette raison que tout système technologique a une durée de vie et doit suivre un plan de maintenance. Ne faites pas la vidange de votre moteur et nous verrons s'il tourne toujours aussi bien. Nous sommes au XXI ème siècle et nous avons aurons toujours ces mêmes aléas, alors ce n'est pas la peine de les citer comme inconvénients, ils ont liés à notre monde technique et non à notre période historique. Nos panneaux solaires ainsi que nos éoliennes sont confrontés à ces mêmes problèmes.

Juste une petite remarque sur l'hydraulique, les barrages sont classés comme source de pollution car l'eau stagnante n'a pas que des avantages ( Augmentation de l’eutrophisation (prolifération d’algues car l’eau stagne, le barrage rompt le lien entre l’amont et l’aval)... On est loin d'être écologique.

dédé 29

La revue RGN numero 3 Mai-juin 2007 donne des élements intéressant:
"Evolution des modes de pilotage conçus par Areva
Les premiers réacteurs installés en France, ceux de Fessenheim et Bugey, sont pilotés en mode A, qui est le
mode de pilotage des premières centrales REP américaines. Ce mode de pilotage fait majoritairement appel
au bore soluble.
Dès la seconde moitié des années 70, les centrales EDF devant participer au suivi de réseau, EDF a défi ni
un cahier des charges qui a donné naissance au mode G. Ce mode de pilotage présente des performances
accrues en permettant un retour rapide à la puissance nominale sans préavis, grâce à l’utilisation de grappes
grises (d’où le nom de mode G ou Gris). Ces grappes peuvent être profondément insérées dans le cœur tout
en limitant la perturbation de la distribution de puissance. Le mode G est implanté sur 28 tranches 900 MWe
et 20 tranches 1300 MWe.
Pour le palier N4, le mode X a été développé pour assurer un contrôle automatique du déséquilibre axial de puissance. Testé avec succès au démarrage de Chooz B1, il n’est cependant plus utilisé compte tenu des exigences
nouvelles qui sont apparues concernant le risque d’interaction pastille-gaine et les diffi cultés de justifi cation."

BAR

merci dédé29 pour les précisions, Je n'avais pas l'intention d'aller aussi loin dans l'explication du pilotage même si l'ouvrage cité ( Exploitation des cœurs REP ) aborde le sujet.
( A , G et X ) . C'est presque une bonne chose que certaines difficultés aient été présentées ( merci dédé29 ). En effet, savoir ou sont les problèmes est déjà un pas vers leurs résolutions.
Le fait qu'un appel d'offre pour une centrale nucléaire ait attiré autant de fournisseurs ( Russie, France, USA, Corée, Chine.. ) montre que cette technologie est toujours une technologie d'actualité. Comme nous dirait le Général Patton, si tout le monde pense la même chose alors plus personne ne pense.

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