La Russie accroît sa pression, en limitant drastiquement les flux de gaz vers l'Europe

  • AFP
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La Russie a intensifié sa pression sur l'approvisionnement énergétique de l'Europe, en limitant drastiquement les flux de gaz vers le continent dans un geste dénoncé comme "politique" par l'Allemagne.

Le géant russe Gazprom a annoncé mercredi baisser d'encore un tiers ses livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream, affirmant avoir été forcé d'arrêter un équipement de l'allemand Siemens. C'est la même raison technique qui avait été invoquée mardi par l'énergéticien russe pour justifier une première baisse de 40% de ses flux. "Gazprom arrête le fonctionnement d'une autre turbine à gaz de Siemens à la station de compression Portovaïa", où se fait le remplissage de Nord Stream, et dont la production quotidienne passera jeudi de 100 à 67 millions de mètres cubes par jour, a indiqué le groupe.

La veille, il avait déjà annoncé une première baisse de 167 à 100 millions de m3. Cela porte à près de 60% la baisse des approvisionnements quotidiens via le gazoduc sous-marin qui relie la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique. Dans le même temps, les livraisons de Gazprom au groupe italien ENI ont diminué de 15% pour la journée de mercredi.

Si Gazprom a justifié ces baisses par des raisons techniques, Berlin a dénoncé mercredi une "décision politique" et un "prétexte" de Moscou, dans un contexte de vives tensions avec les pays occidentaux à cause du conflit en Ukraine. "Il s'agit clairement d'une stratégie visant à perturber et faire grimper les prix", a critiqué le ministre de l'Économie et du Climat Robert Habeck, après la seconde salve de Gazprom.

« Chantage »

Les exportations de gaz russe vers l'Europe sont en baisse constante depuis le début des sanctions occidentales contre Moscou, l'Union européenne cherchant à se défaire de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

Gazprom a indiqué mercredi que les exportations vers les pays ne faisant pas partie de la Confédération des États indépendants, un groupe réunissant neuf anciennes républiques soviétiques, avaient baissé de 28,9% du 1er janvier au 15 juin par rapport à la même période l'an dernier.

Mais les revenus de la Russie n'ont eux pas été affectés, du fait de l'envolée des prix du gaz. Le Kremlin n'a de cesse d'affirmer dès lors que les décisions des dirigeants européens touchent avant tout leurs propres populations.

Ces dernières semaines, Gazprom a interrompu ses livraisons de gaz à plusieurs clients européens ayant refusé de payer en roubles, en Bulgarie, en Pologne et en Finlande notamment.

En réplique aux sanctions imposées par l'Union européenne à la suite de l'offensive russe en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a réclamé que les acheteurs de gaz russe de pays "inamicaux" payent en roubles depuis des comptes en Russie sous peine d'être privés d'approvisionnement, en dépit de contrats prévoyant des paiements en euros ou en dollars. Or, un certain nombre de clients européens ont refusé.

Le gazoduc Nord Stream livre depuis 2012 du gaz russe à l'Allemagne via la mer Baltique, sur deux tronçons de 1 224 kilomètres chacun. Selon les données de la société d'exploitation du pipeline, 59,2 milliards de mètres cubes de gaz naturel ont été exportés de Russie vers l'Europe par Nord Stream en 2021. Il est une source d'approvisionnement importante pour l'Allemagne dont 35% des importations de gaz viennent de Russie.

Actuellement "la sécurité d'approvisionnement est garantie", a assuré Berlin mercredi. "Mais nous suivons les choses de très près", a ajouté le gouvernement contraint de reconstituer ses stocks de gaz au prix fort avant l'hiver. Comme l'Allemagne, c'est l'ensemble des pays européens qui cherchent à accroître leur autonomie énergétique et réduire leur dépendance au gaz russe.

Dans ce cadre, l'Union européenne (UE), Israël et l'Égypte ont signé mercredi un protocole d'accord pour approvisionner l'Europe en gaz naturel. "Le Kremlin a utilisé notre dépendance aux énergies fossiles russes pour nous faire du chantage (...) ", avait dénoncé la veille la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en visite en Israël.

Commentaires

Jean FLUCHERE

Et pourquoi Rochain ne dit rien ?

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