L'Azerbaïdjan inaugure un gazoduc majeur visant à alimenter l'Europe

  • AFP
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L'Azerbaïdjan a inauguré mardi un gazoduc constituant une étape clé de la mise en place d'un "corridor gazier" alimentant l'Europe par le sud, qui vise à réduire la dépendance du continent au gaz russe, croissante ces dernières années malgré les objectifs de Bruxelles.

Lors d'une cérémonie retransmise à la télévision, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a salué la création d'"une nouvelle carte énergétique de l'Europe" avec ce projet de 40 milliards de dollars qui doit à terme donner accès aux ressources de la mer Caspienne pour les Européens.

A une cinquantaine de kilomètres de la capitale Bakou, M. Aliev a ouvert les vannes au terminal de Sangacal, sur la mer Caspienne, du tronçon devant rejoindre la Turquie, d'où doit partir un autre gazoduc vers l'Europe, le TANAP.

Les premières livraisons en Europe du gaz pompé dans le gigantesque gisement Shah Deniz devraient commencer en 2020, et le "corridor" devrait à terme permettre d'acheminer 10 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l'Europe et six milliards vers la Turquie.

Le "Southern Gas Corridor" est un complexe de trois gazoducs devant acheminer en Europe du gaz provenant de gisements offshore azerbaïdjanais via la Turquie, la Grèce, l'Albanie et la mer Adriatique. Il va parcourir au total 3.500 kilomètres en traversant sept pays et implique une douzaine de grandes entreprises énergétiques pour un investissement total d'environ 40 milliards de dollars.

Ce projet, permettant à l'Europe de diversifier son approvisionnement par rapport à la Russie, est composé de trois segments: le gazoduc du Caucase-sud (SCP), qui doit relier les gisements de la mer Caspienne à la Turquie, le gazoduc Trans-Anatolien (TANAP), prévu d'être achevé en 2018, et le gazoduc Trans-Adriatique (TAP) qui arrivera dans les Pouilles, en Italie, et devrait être opérationnel d'ici 2019.

En mai 2016, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a inauguré les travaux de construction de la partie grecque du TAP, longue de 550 kilomètres.

Acteur mondial

"Les réserves de gaz confirmées de l'Azerbaïdjan sont de 2 600 milliards de m3. Ce projet est mis en oeuvre dans un contexte de forte coopération régionale entre l'Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie", a insisté M. Aliev, qui a également remercié les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Union Européenne pour leur soutien.

En plus de la construction des trois segments de gazoduc, le corridor sud a nécessité le développement du gisement azerbaïdjanais Shah Deniz 2, le forage de puits et le démarrage de la production de gaz offshore dans la mer Caspienne, ainsi que l'expansion de l'usine de traitement de gaz naturel du terminal de Sangacal.

Selon Ilham Chabane, à la tête de l'Institut de recherche sur le pétrole à Bakou, ce projet pourrait permettre à l'Azerbaïdjan, riche en hydrocarbures, de devenir un acteur majeur dans le gaz.

"Depuis 2007 l'Azerbaïdjan ne vend son gaz qu'au niveau régional", a t-il déclaré à l'AFP. "L'infrastructure permettra de fournir chaque année davantage de gaz et, dans dix ans, d'exporter 31 milliards de mètres cubes de gaz par an."

Mais le projet a également été vivement critiqué par des associations de défense des droits de l'homme.

"Malheureusement, les principaux pays européens et les Etats-Unis ne voient l'Azerbaïdjan que comme un partenaire énergétique et ferment les yeux sur les violations des droits de l'homme dans le pays", a déclaré à l'AFP l'activiste azerbaïdjanais Anar Mamedli.

Malgré l'intention affichée par l'Union européenne de réduire sa dépendance au gaz russe, la consommation de ce dernier en Europe ne cesse de croître d'année en année, sa part de marché représentant en 2017 35% dans l'UE des 28. En Allemagne, elle flirte avec les 60%.

Et les projets de gazoducs TurkStream et Nord Stream 2, qui contournent l'Ukraine, pourraient encore renforcer cette dépendance.

Commentaires

Robert HARNEIS

Il est normal que l'Union Européenne cherche à diversifier ses fournisseurs de gaz. Mais soyons sérieux. Dans les années 1990-2000 l'EU a contribué à la construction de Nordstream1. Maintenant ils sont contre Nordstream2. Pourquoi? D’abord l'arrivée des pays Baltes et la Pologne qui détèstent les russes et se sentent dans l'obligation de suivre les ordres de Washington. A lire votre article on pourrait croire que la plus grande partie des importations de gaz en EU venait de la Russie plutôt que les 35-40% actuelle. En plus en 2014 il y a eu le coup d'état que les Etats-Unis ont confectionné à Kiev. Washington préfère que nous subissions les incertitudes Ukrainiennes et que le gouvernement de Kiev, qui n’est pas membre de l’EU, se fasse des primes de transmissions. Et troisième les Etats-Unis sont devenus exportateurs de gaz et ils veulent nous obliger de l'acheter... plus cher! Finalement ils veulent absolument garder l'EU et les russes séparés. Nous avons besoin du gaz de tout le monde au bon prix! Pour l’instant la Russie est la source la plus fiable.

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