Le gouvernement présente son budget, les retraites en embuscade

  • AFP
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Le gouvernement présente lundi son projet de budget 2023, première grande épreuve du feu à venir pour sa majorité relative à l'Assemblée, et celui de la Sécurité sociale qui promet d'être explosif si l'exécutif y introduit sa très controversée réforme des retraites.

Symbole de la mobilisation tous azimuts d'Emmanuel Macron, déterminé à redonner le tempo des réformes dès le début de son second quinquennat, le projet de loi sur "l'accélération des énergies renouvelables" sera aussi sur la table du Conseil des ministres.

Signe toutefois d'une forte tension sur la réforme des retraites qui divise jusqu'au sein même de la majorité, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne réunissent la semaine prochaine les chefs de la majorité et les ministres concernés pour faire le point sur la manière d'engager la réforme des retraites, a annoncé samedi l'entourage du président.

Pour le projet de loi de finances pour 2023 (PLF), l'objectif de l'exécutif est de protéger contre l'inflation et contenir le déficit public: une voie étroite pour le gouvernement, d'autant que le gouvernement est privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale.

A moins de trouver suffisamment d'alliés - il manque une quarantaine de voix - sur les bancs de l'opposition, l'exécutif devra se résoudre à un passage en force, sans vote, en ayant recours à l'article 49.3 de la Constitution.

Quant à l'autre texte budgétaire, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), plane sur lui la possible introduction, par un amendement gouvernemental, de la réforme des retraites.

Selon des informations publiées samedi par Les Échos, le déficit de la Sécurité sociale s'établirait à 6,8 milliards l'an prochain, soit 11 milliards de mieux qu'en 2022, grâce à des fortes rentrées de cotisations. Si le déficit de l'assurance maladie serait ramené à 6,5 milliards en 2023 (contre 20,3 mds en 2022), celui de la branche vieillesse s'élèverait à 2,7 mds et "jusqu'à 13,7 mds" en 2026, contre 1,6 en 2022, selon Les Échos.

De quoi alimenter le débat sur l'opportunité d'une nouvelle réforme des retraites que souhaite le gouvernement.

L'exécutif dit et redit sa volonté de faire aboutir en 2023 cette réforme visant à équilibrer durablement les régimes de retraite, alors que le Conseil d'orientation des retraites (COR) a prédit un retour rapide et durable des déficits.

- "Effet blast" -

Les oppositions sont vent debout contre l'idée d'un amendement, et la majorité est divisée. L'allié MoDem y voit un "passage en force", tout comme la présidente Renaissance de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui préfère "prendre le temps de la concertation".

La question a sans aucun doute figuré en bonne place vendredi au menu du déjeuner hebdomadaire entre la Première ministre Élisabeth Borne, qui ne s'est pas encore exprimée sur le sujet, et le président Emmanuel Macron.

Elle avait déjà concentré les critiques lors des entretiens entre Mme Borne et les chefs de groupes parlementaires, mercredi et jeudi à Matignon.

Au MoDem comme chez LR, tous hostiles à l'idée d'un amendement, on comprend que la voie de l'amendement sera abandonnée.

Mais rien n'est moins sûr. Le président "tient toujours la ligne de faire cela vite et dans le PLFSS", soulignait vendredi un cadre de la majorité. "Et il soupèse si la majorité tient dans ce cas de figure".

Quoi qu'il en soit, "décidons vite", a exhorté samedi soir l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, un allié du président.

"Ne laissons pas dériver ce sujet, cette hésitation. (...) Nous n'avons pas besoin de rajouter des hésitations à un sujet qui est déjà compliqué, me semble-t-il", a-t-il ajouté.

Pour une députée Renaissance, "le risque est encore plus probable" si la piste de l'amendement est retenue. Cela aura un "effet blast" (déflagration) à l'Assemblée avec le passage obligé par le 49.3 pour le PLFSS et une probable motion de censure de la Nupes et du RN, dit-elle.

- "Test" -

Élisabeth Borne, à qui Emmanuel Macron a demandé de "trouver la bonne manoeuvre" avec le Parlement, devrait s'en expliquer lundi matin sur BFMTV et RMC.

Outre les retraites, plusieurs points du budget promettent des discussions animées au Parlement, en session à partir du 3 octobre.

Le bouclier tarifaire, qui limite la hausse des factures d'électricité et de gaz début 2023 à 15%, pourrait ne pas suffire aux yeux de l'opposition.

La Nupes et le RN font aussi pression en faveur d'une taxe sur les "superprofits". Divisé sur la question, le gouvernement espère trouver une issue à l'échelle européenne.

Les collectivités, confrontées à des factures énergétiques qui explosent, seront un autre "point très chaud" des débats, selon le rapporteur général du Budget Jean-René Cazeneuve.

Avec le troisième texte sur le table, Emmanuel Macron entend développer "deux fois plus vite" les énergies renouvelables, en réduisant les délais d'enquêtes publiques et de contentieux.

Ce texte "sera un bon test" pour voir si le gouvernement parvient à "trouver d'autres majorités", estime EELV.

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