Le gouvernement français veut accélérer les raccordements aux réseaux de chaleur

  • AFP
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Un texte "raccordement express" doit être publié d'ici la fin juillet, pour aider les bâtiments, et notamment les copropriétés résidentielles, à se raccorder aux réseaux de chaleur se trouvant à proximité, a indiqué vendredi un responsable du ministère de la Transition énergétique.

La France compte aujourd'hui près de 900 réseaux de chaleur, des infrastructures en général publiques et fonctionnant pour 60% avec des énergies renouvelables ou de récupération (géothermie, biomasse, chaleur résiduelle de sites industriels ou de data centers...), le reste marchant encore au gaz.

"L'idée est d'instaurer le réflexe +je veux me chauffer, je réfléchis d'abord au réseau de chaleur+", dit Alexandre Dozières, sous-directeur de l'Efficacité énergétique et de la qualité de l'air au ministère de la Transition écologique, lors d'un échange avec des acteurs du secteur.

Avec ce texte attendu en juillet, l'objectif "est de raccorder d'ici cet hiver un maximum de bâtiments qui sans le savoir sont à 50 mètres d'un réseau: le raccordement à 1 euro par logement sera mis en place, avec des aides bonifiées via des CEE" (certificats d'économies d'énergie), a-t-il précisé.

Il s'agira d'"une prime forfaitaire, par bâtiment, avec peut-être une surprime en fonction du nombre de logements", a-t-il ajouté, évoquant un "raccordement gratuit ou presque, quelques euros ou quelques centaines d'euros" pour les bénéficiaires.

Selon M. Dozières, "en termes de distance au réseau, il n'y a pas de critère qui enlèverait l'éligibilité: n'importe quel bâtiment à n'importe quelle distance d'un réseau peut bénéficier de la prime, néanmoins on a cherché a évaluer combien de bâtiments sont à 50 mètres, pour lesquels ce serait assez facile et pas trop cher" et qui permettraient de réduire de 2 TWh les consommations nationales de gaz.

Le Syndicat national du chauffage urbain (SNCU) a recensé 3.000 bâtiments non raccordés à moins de 50 mètres d'un réseau.

"Ils ont là l'occasion de baisser leur dépendance au prix du gaz, qui fait des bonds de jour en jour, et d'accéder à une chaleur renouvelable", plaide la présidente du SNCU Aurélie Lehericy, qui "espère que les copropriétés vont prioriser dans les prochaines AG ce raccordement express".

Selon elle, "cela reviendra entre 200 et 400 euros en moyenne (par logement), et notre expérience montre qu'à moins de 400 euros par logement, le coût est digérable, avec la compensation sur le coût de la facture" d'énergie.

Dans un deuxième temps, l'État doit présenter une liste des réseaux de chaleur vertueux (fonctionnant à plus de 50% sur des énergies renouvelables, soit environ 500 réseaux à ce jour). Et à compter de juillet 2023, tout bâtiment situé dans le périmètre de ces réseaux et cherchant à remplacer son chauffage collectif, "sera obligé" de s'y raccorder, ajoute M. Dozières, sauf s'il trouve un mode de chauffage encore plus vert (de type géothermie ou solaire thermique).

Aujourd'hui, les réseaux représentent 5% du chauffage en France, qui veut à la fois les verdir, les densifier et en construire de nouveaux.

Les petites villes suffisamment denses sont également concernées. L'Etat, via l'Ademe, a lancé un appel à projets "une ville, un réseau" visant à encourager les communes de moins de 50.000 habitants à se doter de ces systèmes, pour les aider à sortir du gaz fossile.

L'enjeu climatique, économique et géopolitique est majeur. Dans l'Hexagone, le chauffage représente 40% de la consommation d'énergie finale, plus que les transports ou l'industrie, et il n'est décarboné qu'à 20%.

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