Le ministre chinois des Affaires étrangères optimiste quant à un accord d'investissement avec l'UE

  • AFP
  • parue le

Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi s'est dit confiant lundi que les négociations avec l'UE pour un accord d'investissement bilatéral aboutiront, tout en plaidant fermement pour un accord de libre-échange, dans un entretien exclusif avec l'AFP à Paris.

Plus de sept ans après le sommet UE-Chine qui avait pris la décision de lancer les négociations sur un accord bilatéral d'investissement, où en sont les pourparlers ?

Notre approche a toujours été positive. Mais l'Europe est déjà entrée dans une phase post industrielle alors que la Chine reste un pays en développement. Nous ne sommes pas exactement sur la même ligne de départ. Donc la meilleure approche, c'est de parvenir à un accord qui prenne pleinement en compte les besoins de part et d'autre, au lieu d'imposer ses propres exigences à l'autre.

La Chine continue à s'ouvrir vers l'extérieur (...) parce que l'ouverture correspond à ses besoins. La liste (des secteurs non appelés à le faire) est toujours plus courte, cela crée les conditions favorables à la conclusion d'un accord. Nous sommes tout à fait confiants dans la perspective de le conclure.

Je voudrais aussi réaffirmer ici la volonté de la Chine de lancer au plus vite les discussions sur un accord de libre-échange entre la Chine et l'UE, au moins lancer très rapidement des études de faisabilité. Et si l'Europe tarde (...), la compétitivité des produits de l'UE sera compromise sur le marché chinois.

Alors que le gouvernement chinois a évoqué un progrès substantiel dans les négociations commerciales avec les États-Unis, certains, en Europe, craignent qu'un tel accord ne se fasse au dépens du vieux continent. La Chine envisage-t-elle des initiatives pour consolider davantage ses relations avec l'Europe ?

La Chine a été obligée de réagir avec des actions nécessaires et raisonnables à la guerre commerciale lancée par les États-Unis. Ce faisant, elle défend ses intérêts légitimes mais également le système de libre-échange dans le monde. Donc ce n'est pas au détriment, mais pour défendre les intérêts de tous.

Les dernières discussions avec les États-unis ont (...) jeté des bases importantes pour la conclusion d'un accord d'étape.

Dans ses discussions avec les États-Unis, la Chine ne va jamais (...) agir de quelque façon que ce soit au détriment des intérêts de l'Europe. Et nous comptons aussi sur la France et l'UE pour réserver aux entreprises chinoises qui souhaitent entrer sur leurs marchés un traitement équitable, juste et non discriminatoire. (...) Je pense notamment à la 5G.

Quelle est votre vision des relations sino-européennes dans le contexte géopolitique actuel (face à l'Amérique de Donald Trump, le Brexit, l'offensive turque en Syrie...) ?

Il nous faut en premier lieu de la confiance. La Chine et l'Europe n'ont pas de conflits d'intérêt fondamentaux. Nous sommes partisans d'un monde multipolaire, défendons ensemble l'autorité et le rôle central des Nations unies. Dans ce contexte marqué de grande incertitude et d'instabilité, la Chine et l'Europe ont plus que jamais raison et besoin d'être une énergie positive, de contribuer à la paix et la stabilité.

La Chine soutient un rôle plus actif et plus important de l'Europe dans les affaires internationales. Nous espérons aussi que l'Europe pourra adopter une politique plus amicale à l'égard de la Chine.

La Chine n'a pas soutenu un texte des États-Unis appelant au conseil de sécurité la Turquie à cesser ses opérations militaires dans le nord-est de la Syrie. Depuis, elle a appelé ce pays à stopper son intervention en Syrie. Cela marque-t-il une évolution de la position chinoise ?

Sur la question syrienne, il y a trois points à observer: premièrement respecter le rôle des Nations unies comme le canal principal, deuxièmement faire jouer pleinement le rôle des pays de la région, notamment des pays voisins, troisièmement en fin de compte ça doit être le peuple syrien qui doit décider de l'avenir de son propre pays.

La Chine n'a jamais été favorable à l'usage de la force dans un autre pays et notamment lorsque ce genre d'opération n'a pas de mandat ou l'autorisation des Nations unies ni le consentement du pays concerné. C'est ce qui se passe actuellement en Syrie.

La prochaine visite du président Macron du 4 au 6 novembre pourrait-elle être l'occasion de faire avancer certains contrats comme celui d'une usine de traitement et de recyclage des combustibles usés en négociations depuis dix ans ?

Cette visite constitue une communication stratégique importante entre la Chine et la France, deux grands pays au niveau mondial qui sont, en même temps, membres permanents du Conseil de sécurité.

(...) Face à la montée de l'unilatéralisme et de la politique du plus fort constatée aujourd'hui dans la situation internationale, il est nécessaire que Chine et France travaillent ensemble pour faire passer un message de soutien du multilatéralisme et à l'autorité des Nations unies.

La coopération économique et commerciale est un grand stabilisateur de nos relations. Un nombre important d'accords -- entre 30 et 40 -- va être signé durant la visite du président Macron.

Dans tous ces partenariats, celui sur le nucléaire est incontestablement un grand pilier de notre coopération. (...) Le projet de la construction de l'usine de retraitement et recyclage nécessite des investissements importants, implique une technologie très compliquée. Les négociations avancent bien.

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